Post Numéro: 21 de François Delpla 19 Avr 2016, 11:07
Bonjour à tous
Je distrais quelques minutes de mon activité principale voire unique, l'édition des "propos" dont le tome 2 confirme, plus encore que le tome 1, l'espoir mis par Hitler dans un renversement (voire un "assagissement") de Churchill, jusqu'à la veille de Stalingrad.
Voici tout d'abord une liste de préjugés admis sans vérification par un grand nombre d'auteurs : il n'est pas vrai que Hitler ait été
- désagréablement surpris de la déclaration de guerre anglo-française : il en avait un besoin absolu pour régler le compte de la France avant de se lancer vers l'est et il était inconcevable que l'Angleterre laisse tomber la France, son "épée", sans avoir essayé de la garder en main;
-dérangé dans ses plans par cette même déclaration car il aurait voulu n'attaquer qu'en 1943 (affirmation résultant d'une lecture au premier degré d'un propos hitlérien, le 5/11/37 -lors de la réunion "Hossbach"-, sans tenir compte, justement, de son comportement de 1939, clairement destiné à obtenir un état de guerre);
- surpris par l'ampleur et/ou la rapidité de sa victoire sur la France (mais que diantre pouvait-il bien attendre d'autre en plaçant toute sa mise sur la case sedanaise, et à quel rythme ? tous les observateurs n'ont pas encore intégré dans l'équation son art de la surprise !! );
- obligé de tenir compte du point de vue de Pierre ou Paul (de Peter oder Paul en l'occurrence, puisque je veux parler des autres dirigeants allemands) : il était déjà le maître en matière civile ou militaire, et le seul décideur; tous les autres, nazis ou non, étaient confinés dans des tâches techniques et faisaient où on leur disait de faire.;
- désireux de débarquer en Angleterre comme le prouveraient ses discours et directives de juillet 1940 (lectures au premier degré, toujours), et empêché de le faire par la vantardise de Göring, la pusillanimité de Raeder, la "stupide" réorientation du bombardement contre des objectifs civils le 7 septembre, etc.
Il faut aussi considérer la rapidité de sa volte-face, consistant à décider de frapper l'URSS avant d'être sûr d'en avoir fini avec Londres. Soit le 13 juillet 40, moment où il met à ses généraux le doigt dans l'engrenage. Ici le rôle décisif est joué par l'engagement anglo-vichyste de Mers el-Kébir et les approbations qu'il vaut à Churchill, tant à Londres qu'à Washington : la Juiverie s'organise et perd toute mesure ! Panique à bord !
A partir de cette décision d'attaquer vers l'est au printemps suivant, une seule et même tactique est déployée contre l'Angleterre : la menacer, en métropole, dans l'Atlantique et dans ses bases de la route des Indes, mais sans porter de coups mortels, de façon à maintenir les conditions d'une réconciliation.
Pour achever de répondre à la question de Fred, il faut aussi parler des difficultés matérielles d'un débarquement, liées au manque d'anticipation, mais ceci est plutôt une conséquence du tropisme pro-britannique du nazisme, pour d'aryennes raisons, qu'une cause de l'absence d'un débarquement.
Enfin, la folie joue à mon avis le rôle suivant : le caporal s'est persuadé, fin 18-début 19, que le Juif était à l'origine des maux humains en général et allemands en particulier, et que la Providence le chargeait de le combattre; cela a très vite déterminé l'option pro-anglaise, que Mein Kampf a coulée dans le bronze. Depuis, elle fait l'objet d'adaptations circonstancielles, mais n'est pas remettable, ni remise, en cause.
On fonce, et si problème il y a la Providence y pourvoira.
N'oublions jamais que ça a failli marcher !