Bonjour Olivier,
Tomcat a écrit:Tout a fait d'accord avec toi Alain sur ton analyse d'ensemble de l'arme aéroportée.
Comme moi, et pourtant nos points de vue sur l'action des aéroportés en Normandie ne collent pas.
Tomcat a écrit:Je n'ai malheureusement pas toutes les références que j'ai pu lire sur le sujet car souvent j'ai emprunté livres et magazines, j'ai néanmoins retrouvé un Connaissance de l'Histoire consacré aux opérations aéroportées de 1943 à 1945, je suis en train de le relire et je m'en servirai de référence pour enrichir cette intéressante discussion.
Pour l'instant je n'ai relu que la partie sur la Sicile et un petit peu celle sur la Normandie.
Je manque de temps mais je me replonge aussi dans mes fondamentaux car le débat qui commence à prendre demande cet effort de documenter nos points de vue.
Tomcat a écrit:Pour la Sicile, la lecture de Connaissance de l'Histoire confirme mon avis d'ensemble, à savoir une catastrophe, du à la DCA et à des erreurs (comme tu l'avais signalé Daniel) qui feront beaucoup de victimes avant même l'entrée en action des paras (par ex des planeurs durent se poser en mer faisant 500 noyés...), le coût est en plus très important en termes d'avions perdus.
Comme tu l'as souligné Daniel, les actions héroïques des paras en petit groupe car très dispersés ont en partie compensé ce très mauvais départ mais tous les objectifs n'ont pas été atteints.
En particulier les paras échouèrent à tenir un certain pont menant vers Catane ce qui eu pour conséquence un changement d'axe de progression de la part de Montgomery et favorisa la fuite des allemands.
Petite anecdote: des paras allemands furent largués sur les arrières des alliés et combattirent les paras alliés.
Le très mauvais épisode de la Sicile faillit faire disparaitre les troupes aéroportées aux USA.
Nous sommes d'accord dans l'ensemble, quoi que
Husky nécessiterait une analyse plus fouillée que je n'ai jamais poussée faute de temps (et un intérêt relatif pour le théâtre méditerranéen).
Et effectivement, à l'image de la Crête pour les Allemands, la Sicile faillit sonner le glas des
US Airborne.
Heureusement, la sagesse l'emporta (notamment grâce à des hommes comme RIDGWAY) et la Sicile servit de leçon pour la Normandie avec le succès que l'on connait.
Tomcat a écrit:J'ai néanmoins une question pour toi Daniel, ne penses tu pas que les actions importantes menés par les paras que tu as mentionnées auraient pu être menées par des troupes débarquées ?
Non, je ne pense pas et pour des raisons déjà évoquées ou implicites dans les pistes évoquées par Alain ou par moi :
- lorsque la première vague d'assaut atteint les plages, les aéroportés sont déjà à l'œuvre depuis quelques heures ;
- projetés par surprise en avant des plages et quelques heures avant le débarquement, les aéroportés détournent des moyens qui sinon se seraient concentrés contre les troupes débarquées ;
- les paras occupent des points clé (principalement des ponts) bien avant que la flotte n'apparaisse au large ;
- etc.
Tomcat a écrit:Pour info, les paras étaient accompagnés d'officier de liaison de la marine en Sicile et en Normandie permettant l'appui de l'artillerie lourde de marine, cela sauva les paras à plusieurs reprise en Sicile et en Normandie, notamment la prise de Carentan par les paras aurait été impossible sans l'appui du croiseur lourd USS Quincy (CA-71) (source Connaissance de l'Histoire).
Le rôle et l'efficacité de l'artillerie lourde de marine est souvent sous estimé car c'est un thème assez peu traité de manière précise et donc peu connu.
Je veux bien le croire et en effet le thème est peut traité et mériterait un fil à lui tout seul.
Tomcat a écrit:Pour évaluer le rapport coût/bénéfices, il faut tenir compte des pertes alliés/pertes ennemis et la réussite ou non des objectifs.
Je vais essayer de retrouver les comptes des pertes, si quelqu'un les a et nous les communiquer ça serait super...
A la guerre seule la prise des objectifs compte, quelles que soient les pertes. Et à ce sujet là, il faudra creuser dans un second temps l'utilisation des paras en tant qu'infanterie régulière en Italie, France, Pays-Bas et Ardennes. Les coûts en vies humaine sont sidérant. Ce qui me fait ne pas partager le point de vue de Alain sur l'usage des régiments parachutistes en défensive. Mais une chose à la fois.
Tomcat a écrit:Concernant mes idées d'autres utilisations possibles des paras, je pense qu'en Sicile l'action combinée des paras (création de bouchons + observateur d'artillerie), de la marine et de l'aviation aurait pu fortement ralentir la retraite des allemands, causer pas mal de pertes et empêcher une bonne partie de s'échapper...cela reste une hypothèse difficile à chiffrer.
Sans doute mais voilà qui demande une analyse qui dépasse le simple cadre des aéroportés il me semble.
Tomcat a écrit:Quand à la prise des bunkers sur la plage à revers, par une action surprise par des paras me semblent tout a fait réalisable.
Le mur de l'atlantique n'a pas vocation a se défendre d'une attaque par les terres, les meurtrières sont orientés vers la mer.
Ce n'est pas l'option qui a été choisie mais cela aurait pu être une possibilité réalisable.
[/quote]
Connais-tu bien les positions du mur en Normandie et certainement les StP qui sont de grosses noix à casser pour de l'infanterie légère ?
Ces positions sont couvertes côté terre par des champs de mines et de barbelés balayés par les mitrailleuses et les mortiers. Les Canadiens et les Anglais ont souffert pour enlever, par devant et par derrière, certaines de ces positions et ce malgré l'aide du génie, des destroyers et des chars.
Cette option n'a pas été choisie (e-t-elle seulement été évaluée?) car, comme le rappelle Alain, le rôle des aéroportés était de tenir les flancs de l'invasion et comme je l'ai évoqué les moyens des vagues d'assaut étaient suffisants au regard des défenses puisque toutes les plages ont été nettoyées dès le 6 juin.
Une chose m'étonne dans tes hypothèses : tu avances d'une part que les troupes débarquées auraient pu remplir les missions dévolues aux aéroportés et d'autre part tu détournerais les aéroportés pour venir en aide aux troupes débarquées en prenant les plages à revers. Peux-tu t'expliquer ?
Enfin, tu as évoqué hier Eben Emael mais que penses-tu de l'action d'ensemble des
Fallschirmjäger dans l'invasion des Pays-Bas en 1940 ?
Ce qui me fait penser que l'on n'a même pas encore évoqué la Norvège !!!
Au plaisir de te lire.
Daniel
EDIT : merci à Prosper pour nous montrer ce qui se passe en Orient. Un théâtre où j'ignore tout en matière de paras même si au moins un régiment US y fut actif.