EXTRAITS
L'"obscène coquin" Mauriac
"L'homme à l'habit vert, le bourgeois riche, avec sa torve gueule de faux Greco, ses décoctions de Paul Bourget macérées dans le foutre rance et l'eau bénite, ces oscillations entre l'eucharistie et le bordel à pédérastes qui forment l'unique drame de sa prose aussi bien que de sa conscience, est l'un des plus obscènes coquins qui aient poussé dans les fumiers chrétiens de notre époque. Il est étonnant que l'on n'ait même pas encore su lui intimer le silence." ("Les décombres").
"J'ai côtoyé beaucoup de juifs"
"Je suis rangé parmi les antisémites actifs. Je m'en suis expliqué, et j'aurai à m'en expliquer encore. Je n'étais antisémite ni d'éducation ni d'instinct. J'ai côtoyé beaucoup de juifs, dans mes jours de bohème, je ne percevais que leur exotisme et je le goûtais volontiers. J'ai aimé et loué des artistes, des écrivains juifs, j'ai subi leur influence. Contre Israël, mes premiers griefs furent purement esthétiques. Trop souvent, les apport juifs s'identifiaient à la décadence. Je n'ai pas pu m'empêcher de compter les juifs. Je les ai trouvés beaucoup plus nombreux et puissants que je ne l'imaginais. (...). Je déteste la xénophobie. Mais je tolère mal que des étrangers débarquent chez nous pour confondre leurs querelles avec nos affaires (...). Les juifs ont été les agents enthousiastes d'une guerre qui pouvait tout leur rendre, mais où mon pays avait tout à perdre. Je les ai violemment combattus, parce que je luttais pour la paix." ("Inédit de Clairvaux").
De Gaulle, "foudroyé en dix minutes"
Lucien Rebatet a continué à tenir son journal. En exclusivité, voici sa réaction, le 10 novembre 1970, à la mort de De Gaulle. "Il a trépassé d'une rupture d'anévrisme hier soir à 7 h 30, à la Boisserie, sa gentilhommière de Colombey-les-Deux-Eglises. Foudroyé en dix minutes. La nouvelle n'a été diffusée que ce matin à 9 h 30. Tard levé comme d'habitude, je l'ai apprise à 1 h moins le quart, pendant que je me faisais la barbe, par le docteur Jacques Bouvarel qui me téléphonait de Valence. Ravi que cet événement me fût annoncé par ce bon fasciste. Et il ne l'a pas été moins d'être son messager auprès de moi. Grands éclats de rire dans nos deux appareils. Commentaire spontané : "Dommage que ça se produise si tard !" Dire que j'ai sourdement espéré d'apprendre cette mort pendant des années, chaque fois que j'ouvrais la télévision ou la radio ! Dire que je l'ai imaginée, interrompant soudain une conférence de presse de l'individu... Et que cela aurait pu arriver, s'il traînait depuis longtemps cet anévrisme caché... L'Algérie aurait pu rester française, l'Europe politique se former. Cela ne tenait peut-être qu'à un fil de tissu artériel."