Post Numéro: 165 de alias marduk 21 Juil 2015, 23:14
Outre l'absence de sources, l'article accumule les erreurs :
" Comme, par exemple, le fait que le second échelon des Soviétiques se positionne juste au-delà de la ligne Dvina - Dniepr et à l'Est de Smolensk, c'est-à-dire très précisément à la limite des capacités logistiques de la Wehrmacht, qui va être obligée d'y marquer une pause plus ou moins longue, donc de s'exposer à des contre-attaques avec des moyens (au moins temporairement) réduits ?..."
En fait le deuxième échelon doit se positionner principalement en Ukraine, c'est seulement l'ampleur de la défaite en Biélorussie qui amène à réaffecter d'urgence le gros du deuxième échelon dans la région de Smolensk où il sera détruit
De même, le fait que le gros de l'artillerie russe n'est pas sur la frontière, mais justement sur le 2d échelon, ce qui signifie qu'il a en grande partie échappé à la destruction lors du premier assaut et des bombardements et qu'il peut commencer à peser de tout son poids dans la bataille au moment où les Allemands ne l'attendaient plus ?...
Le gros de l'artillerie se trouve avec le premier échelon ( 87 régiments d'artillerie indépendants ) et non avec le second échelon ( 17 régiments ) selon Glantz ( Stumbling Colossus )
Que dire alors des dizaines de divisions d'Asie et de Sibérie qui font mouvement très tôt dans la campagne estivale pour se positionner sur le 3ème échelon, devant Moscou (pas encore menacé directement, mais cible désignée de 'Barbarossa' phase II), c'est probablement parce que le Parti leur avait accordé des vacances d'été en Europe, pour profiter de la paix, sans savoir qu'elles pourraient éventuellement avoir à combattre ??
Le gros du 3ième échelon est constitué de troupes mobilisées dans les districts de Moscou et des environs et non des districts d'Asie et de Sibérie : ces troupes sont envoyées soit en mai 1941
avec le second échelon soit plus tard quand il faudra alimenter le carnage
La décision de Staline de faire confiance à Joukov résulte des démonstrations effectuées par Joukov lui-même au cours de ''war games'' exécutés à Moscou en décembre 1940 et début janvier 1941, où Joukov fait la démonstration éclatante de la faiblesse de la ''stratégie offensive'' développée jusque là par l'état-major soviétique en réponse aux possibles menaces allemandes sur la frontière occidentale de l'URSS.
Cette ''stratégie offensive'' était elle-même l'héritage des théories militaires soviétiques développées dans les années 30, par Toukachevski et consorts, ou leurs successeurs : il s'agissait, en gros, de masser des troupes aux frontières pour mener la bataille sur une ligne de défense située très à l'ouest, et puis – après avoir absorbé le premier choc d'une agression – de passer rapidement à une contre-offensive sur le sol ennemi, avec des forces mécanisées agissant dans la profondeur du dispositif ennemi.
Joukov est nommé car il gagne le wargame en partant d'Ukraine avec le camp rouge : c'est sa capacité supposée à conduire une offensive majeure qui le conduit au poste de chef d'EM
Sur la proposition de Joukov, nommé à la tête de l'état-major par le Politburo en janvier 1941, Staline décide alors de mettre en place discrètement une ''défense en profondeur'', tout en leurrant l'ennemi (qui, manifestement, spécule sur une forte défense sur les frontières ou en Biélorussie et ce d'autant plus que les Russes ont déployé des forces importantes dans la partie de la Pologne qu'ils occupent depuis l'automne 1939 et en Ukraine).
Les seuls plans connu et "signés" par Joukov sont :
- le plan de frappe préemptive/offensive de mai 1941
- le plan de défense frontalier de fin mai qui prévoit une défense sur la frontière
A ce jour aucun plan de défense en profondeur n'a encore été retrouvé dans les archives soviétiques ni évoqué par les maréchaux soviétiques dans leurs mémoires
Toute la subtilité du plan de Joukov et Staline sera donc de faire croire aux Allemands que ''rien n'a changé'' (les Allemands doivent continuer de penser que le gros de l'Armée Rouge se battra bien sur les frontières et à l'ouest de la ligne Dvina – Dniepr), alors que, en réalité, le gros de la défense russe (i.e. le ''second échelon stratégique'') se mettra en place à l'est de Smolensk et puis devant Moscou (i.e. le ''troisième échelon stratégique''), avec deux masses offensives concentrées au nord et au sud, sur les flancs du Groupe d'Armées Centre de la Wehrmacht (flancs qui seront forcément très étirés lorsque ce Groupe d'Armées sera arrivé à Smolensk).
le premier échelon comporte selon Glantz 163 divisions dont 60 blindées et mécanisées contre 57 ( dont 15 blindées et mécanisées ) au second échelon
Idem pour les T-34 qui sont essentiellement dans quelques corps mécanisées du premier échelon
Donc là encore, c'est une grosse erreur factuelle
etc
etc
L'article est quasiment un résumé de la thèse de Fugate exposée dans "Thunder on the Dnepr" il y a 20 ans et totalement discréditée depuis selon Glantz par manque total de sources et une présentation quasiment imaginaire