A Sainlez (village de la commune de Fauvillers) dans le périmètre de Bastogne, une bombe tue vingt-neuf personnes réfugiées dans une étable
Voici un extrait du livre de Joss Heintz " Dans le périmètre de BASTOGNE" (Pages 91, 92, 93 et 142)
.......Dès que tombèrent les premiers obus et que s’allumèrent les premiers incendies, les fermes Bihain et Goosse se transformèrent en refuges. Quelques septante personnes emplissaient la première, une quarantaine d’autres occupaient la seconde.
Un peu en-dessous de l'église, la forge Grégoire fut le point de ralliement d'une troisième communauté. Sous la voûte de l'étable, voisine de la forge, M. Gustave Grégoire s'était retiré, accompagné de son épouse, de sa belle-sœur, Marie Talbot, et de ses enfants, Maria et Eloi.
Le jour de Noël, la contre-attaque des troupes de Patton eut sa répercussion à Sainlez. Les obus tombèrent plus dru sur la localité, forçant l'ennemi à se mettre à couvert. C'est ainsi que les Allemands occupèrent la cave de la maison Didier, en chassant du même coup la famille: M. Joseph Didier et ses sept enfants: Marie-Angèle (16 ans), Alice (15 ans), Renée (13 ans), Lucille (11 ans), Bernadette (9 ans), Lucien (8 ans) et Noël (6 ans).
Traversant la route, ceux-ci rallièrent à leur tour la maison Grégoire, qui abritait de la sorte trente personnes.
M. Didier et ses enfants avaient à peine atteint l'étable que l'aviation américaine s'en vint pilonner le village et plus spécialement les blindés qui s'y cachaient.
Un de ceux-ci s'était faufilé entre la forge et l'étable de M. Grégoire. Le tank à croix noire fut pris comme cible par un chasseur-bombardier à étoile blanche. Le traditionnel sifflement précéda une formidable explosion. Le souffle de la bombe et des munitions qui emplissaient le char, balaya l'étable et la forge. Une seule personne échappa au carnage: Mme Valentin- Gossiaux, native de Rochefort mais domiciliée à Marvie.
Fin février, des équipes déblayèrent les ruines et tentèrent d'identifier les corps qui y étaient ensevelis ..
La déflagration avait été telle que la coupole du char avait été projetée sur le bâtiment Barthélemy. Le corps de M. Eloi Grégoire fut retrouvé dans les champs, à cent mètres de l'étable.
Un père veuf, M. Didier, et sept de ses enfants avaient trouvé la mort dans ce bombardement. Son aîné, réfugié à Carlsbourg, se retrouva seul à son retour.
Pour le petit Noël, benjamin de la famille, ce 25 décembre aurait dû être un jour doublement heureux ! .................
Bien amicalement
Prosper
P.S. Désolé pour la piètre qualité du scan de l'image.