17 décembre 1944 au matin - HONSFELDDans la nuit du 16 au 17 décembre 1944, la
Kampfgruppe PEIPER arrive et se regroupe à Lanzerath après une première journée d'offensive qui tourna au fiasco.
Toute la journée du 16, le carrefour stratégique de Losheimergraben resta aux mains des "
Battle Babies" de la
99th Infantry Division.
Ce n'est qu'en fin de journée que PEIPER et sa colonne sont déroutés via la trouée de Losheim d'où la cavalerie US a été chassée. Mais PEIPER n'avait pas fini de fulminer.
Un pont détruit lors de la retraite de septembre et un champ de mines non répertorié gâchent définitivement une journée qui avait si mal commencé.
C'est dire l'état d'esprit des
Waffen-SS ! Division personnelle du Fhürer et fer de lance vers la Meuse !
Il est un peu plus de 3h30 du matin ce dimanche 17 décembre, lorsque la
Kampfgruppe PEIPER se met en route, bien décidée à rattraper le temps perdu la veille.
Les paras du
Fallschirmjäger-Regiment.9 de l'
Oberst HOFFMAN sont réquisitionnés comme infanterie d'accompagnement (et plus particulièrement des Tiger II qui ferment la marche).
La nuit est noire et la progression est particulièrement pénible... mais à l'insu des Américains.
Le village suivant est Honsfeld. Un centre de repos du
394th Infantry Regiment (99 ID). Au cours de la première journée de l'offensive allemande, diverses petites unités ont rejoint la centaine d'hommes présents sur place. Mais aucun n'imagine la proximité du danger. Officiellement, la ligne tient toujours, quelques kilomètres plus à l'est et tous sont endormis à cette heure avancée de la nuit.
Il est 5h15 lorsque la pointe de la Kampfgruppe pénètre dans Honsfeld et traverse le village sans coup férir ! Lorsque les premiers GI's se lèvent précipitamment, il est trop tard !
Waffen-SS et paras sont déjà dans le village. Quelques uns se barricadent et ouvrent le feu sur la colonne allemande, d'autres profitent de la confusion pour échapper aux assaillants mais la plupart seront capturés, bien souvent hébétés et en sous-vêtements.
Les prisonniers sont nombreux. Michael REYNOLDS cite les rapports américains : "
9 canons, 2 chefs de pelotons et 108 hommes à la B/612TDBat., 8 canons et 21 hommes à la A/801TDBat. et les 125 hommes du 394th furent portés disparus".
Mais c'est Charles B. Mc DONALD dans son magnifique ouvrage "
A Time for Trumpets" qui décrit les exactions qui vont être commises contre plusieurs
GI's:
"
Personne ne put dire quand le massacre commença ni quelle fut son importance. Mais il eut lieu.
A trois maisons du centre du village, sur la route de Bullange [Büllingen dans la partie germanophone à l'est de la Belgique], un officier SS, sous l'influance de son arme, chassa à l'extérieur de la maison huit Américains, encore à moitié endormis, pieds nus et dans leurs sous-vêtements, les aligna contre le mur et les faucha à la mitraillette. Cinq soldats américains sortirent d'une autre maison avec un drapeau blanc. Un groupe de soldats allemands ouvrit le feu avec des fusils et des mitraillettes, en tuant quatre et blessant le cinquième et, comme le soldat blessé appelait à l'aide, un char roula sur lui et l'écrasa. D'une autre maison, quatre hommes sortirent, portant un drapeau blanc, et tentèrent de se rendre mais le mitrailleur d'un char allemand ouvrit le feu, les tuant tous les quatre.
[Retranchés dans une maison, 17 hommes du 612TDBat. commandés par le [i]Lt. Laurens B. GRANDY tirèrent un certain temps]. Quand GRANDY et un de ses hommes sortirent, brandissant une nappe en guise de drapeau blanc, un soldat allemand leur dit d'ordonner à tous d'abandonner leurs armes et de sortir avec les mains en l'air. Les dix-huit se trouvaient en un rang, les mains levées, lorsqu'un sous-officier allemand sauta d'un half-track, leva sa mitraillette et tua les deux hommes à la fin de la rangée. Un des Américains réagit en s'enfuyant. Le
First Sergeant Major Billy F. WILSON courrut derrière la maison puis se glissa d'un bâtiment à l'autre pour atteindre une prairie où il se cacha derrière une haie. Environ quatre heures plus tard, il s'enfuit.
[Le PFC William T. HAWKINS se trouvait au milieu d'un groupe d'une centaine d'hommes] Ils étaient en groupe serré, les mains sur la tête, quand des mitrailleurs allemands ouvrirent le feu, tuant, à ce qu'il sembla à HAWKINS, vingt à trente hommes. Ensuite, sans raison apparente, le tir s'arrêta soudain et les survivants durent descendre la route vers Lanzerath.
Tandis qu'environ 250 prisonniers se traînaient sur un côté de la route étroite, d'autres chars et half-track du Kampfgruppe PEIPER continuaient à avancer. Certains des chauffeurs dirigeaient leurs véhicules vers les prisonniers comme pour les écraser. Des soldats se trouvant sur les chars frappaient les prisonniers avec les crosses de leurs fusils, en assommant quelques uns. D'autres encore les prenaient comme cibles et les tiraient au fusil [...] Un mitrailleur sur un char tira quelques rafales en l'air. Il abaissa ensuite son arme et tua deux prisonniers. Un officier SS tira un coup de pistolet dans le front d'un des hommes.
Quand la colonne de prisonniers atteignit Lanzerath, on y avait ajoué deux civils belges. Comme la queue de la colonne passait devant le café Palm,juste en face de la maison d'Adolf SCHÜR, un soldat sauta d'un char, empoigna les deux civils et les fit entrer dans une grange. Plusieurs coups de feu retentirent. Une heure plus tard, un des hommes se traîna, à travers la route jusque à la grange SCHÜR où Adolf le trouva. [Le survivant, l'autre homme était mort, dut la vie à Madame SCHÜR qui le soigna et protesta lorsqu'un officier SS voulut l'achever].[/i]".
Deux nuits plusn tard, cinq SS apostrophèrent quelques uns des deniers civils n'ayant pas fui Honsfeld et passant leurs nuits dans la cave de la maison la plus solide. Les cinq hommes cherchaient la route de Bullange. André SCHROEDER, âgé de 17 ans, se proposa pour les guider. Mais ils repérèrent Erna COLLAS (16 ans), que tous s'accordaient comme étant la plus jolie fille du village, et l'emmenèrent et elle ne revint jamais. Au printemps suivant, à la fonte des neiges, on retrouva son corps sous une mince couche de terre, le long de la route de Bullange. Elle avait reçu plusieurs coups de fusil dans le dos.
nb. Les quelques photos ci-dessus ont été prises par la propagande allemande. Elles mettent en évidence l'air misérable de
GI's capturés dans le secteur Honsfeld/Lanzerath. Elles sont très connues et illustrent de nombreux ouvrages consacrés à la Bataille des Ardennes et dont elle sont tirées.