L'odyssée des Corps-Francs en Baltique
LA SITUATION EN LETTONIE EN 1919
I Rappel historique
-Le Drang nach Osten-
Terre païenne à convertir, la Baltique vit apparaitre les premiers croisés germaniques sous la bannière des Chevaliers Porte-Glaive vers 1200, croisade cautionnée par une bulle pontificale d'Innocent III. Battus par une armée lithuanienne, les colons font appel au puissant Ordre des Chevaliers Teutoniques. Guerriers et batisseurs, l'ordre ne cesse de s'étendre afin de créer un espace vital aux colons allemands.
En 1410, la bataille de Tannenberg met un terme à son expansion.
En 1525, l'Ordre passe avec armes et bagages à la Réforme et se sécularise. La branche livonienne se place sous la suzeraineté des rois de Pologne puis sous celle des Tsars.
Dans les pays baltes coexistent alors les barons germaniques, propriétaires fonciers de 80% des terres et les populations ethniques locales qui y travaillent.
II La Première Guerre Mondiale
Après le désastre de Tannenberg,les armées tsaristes refluent et le front se stabilise en Lettonie.
En septembre 1917, la VIIIe armee du général von Hutier s'empare de Riga en employant une nouvelle méthode d'assaut mise au point par von Hutier.
Le traité de Brest-Litvosk en février 1918 est un espoir pour les milieux nationalistes de s'affranchir définitivement de la tutelle russe, mais la noblesse balte voit là l'occasion de créer un royaume associé au II Reich.
III L'arrivée des Bolchéviques
L'armistice du 11 novembre 1918 contraint les Allemands à quitter la région. Au sein de la VIII armee des conseils de soldats se forment, à l'instar de ce qui s'est passé l'année précedente chez les Russes, les officiers sont désarmés. Le vide laissé par l'armée allemande est comblé par l'arrivée des bolchéviques provenant de Petrograd.
La population est dans un premier temps favorable à leurs thèses, dans l'espoir de se débarasser de l'oppressante présence de la noblesse balte. Beaucoup des Lettons servent dans l'armée bolchévique.
En février 1919, 3/4 du territoire letton est entre leurs mains. Un gouvernement provisoire nationaliste dirigé par Karl Ulmanis tente de mettre sur pied une petite armée commandée par le colonel Ballodis, appelée ballods.
De leur côté, les Baltes organisent une milice : der Baltische Landeswehr commandée par le major Fletscher avec en son sein une Stosstruppe dirigée par un officier emblématique de la noblesse balte: le baron von Manteuffeln.
L'armée nationale lettone et la Landeswehr, luttant séparément, avec le concours d'un Freikorps issu des soldats de la VIII armee : la Division de Fer (Eiserne Division) du Major Bishoff, ne peuvent endiguer l'avancée bolchévique.
Une armée Blanche est également présente sur le sol letton commandée par le prince Lieven.
Ulmanis se tourne vers l'Entente pour trouver de l'aide et qui lui propose de se tourner vers l'Allemagne et trouver un accord pour l'envoi d'un corps expéditionnaire .Ulmanis négocie une vague promesse d'accorder la nationalité lettone et des terres en échange de l'aide militaire.
Le 1er ministre letton est réticent à cette idée mais avant tout le plus urgent est de parer à la menace bolchévique.
Pour préparer les opérations militaires, un organisme est créé : l'AOK Nord (Armee Oberkommando Nord) sous les ordres du général von Quast. Le général Rüduger von der Goltz est choisi pour diriger ce corps expéditionnaire nommé VI-Reserve Korps
LES COMBATS EN LETTONIE
I De Libau à Riga (1er fevrier-22 mai 1919)
Von der Goltz débarque à Libau. Il a sous ses ordres le VI reserve Korps, fort de 22000 hommes répartis en 3 unités principales :
- La Landeswher balte du major Fletscher, composée de baltes germaniques dont la stormtruppe du baron von Manteuffel;
-La Eiserne Brigade (puis division) du major Fletscher, formée par les anciens soldats de la VIIIe Armee ;
-La 1ere Division de Réserve de la Garde commandée par le major-général Tiede.
1- De Libau à Mitau
Le front forme un arc-de-cercle, paratnt de la mer Baltique (Pavilosta), suit le cours de la Windgrau (Venta en letton) jusqu'à Kovno (Kaunas). E n préliminaire, la Landeswehr balte s'empare des villes de Kuldiga et Ventpils courant février, ainsi la partie occidentale c'est-à-dire la Courlande est sous le contrôle allemand.
L'offensive général démarre le 3 mars le long de l'axe ferroviaire Libau-Mouraievo-Mitau.
Le 5 mars, Libau est pris, le 18 c'est au tour de Mitau à être libérée. Lorsque les Allemands entrent dans la ville, ils y découvrent l'ampleur des massacres commis par les Bolchviques à l'encontre de la population germanique, viols, mutilations, sépultures profanées, prisonniers ligotés à des chevaux dont on peut suivre la trace sanglante...
2-La pause
A ce stade des opérations rondement menées, von der Goltz décide de faire une pause. Il désire d'abord assurer ses arrières et à Libau, le seul port accessible, les soviets des soldats de l'ex VIII Armee doivent être mis au pas.
Le 3 avril, les meneurs sont emprisonnés, jugés et condamnés. Quelques exécutions refroidissent les "sédicieux".
Mais cette pause est expliquée par une autre raison : la présence allemande est justifiée par l'occupation bolchévique et à l'inviatation d'Ulmanis. Mettre un terme trop rapidement à la campagne signifie le retour en Allemagne des volontaires, alors que von der Goltz projette de marcher sur Petrograd après avoir instauré en Lettonie un gouvernement favorable, pro-allemand, de distribuer des terres aux nouveaux croisés au détriment de la population autochtone. Ces intentions sont secrètes, même le gouvernement allemand n'est pas au courant.
Le 16 avril, les hommes de von Manteuffel arrêtent l'état-major letton, puis les membres du gouvernement. Ulmanis proteste auprès de von der Goltz, vainement et s'enfuie à bord du navire Saratov sous la protection britannique.
Ce putsch amène au pouvoir un homme-lige, le pasteur Needra, pro-balte.
Pour les Alliés, les desseins de von der Goltz commencent à être clairs, mais demander le retrait des troupes allemandes, arrivées à la demande urgente d'Ulmanis, obligerait leur remplacement par les troupes alliées ce dont elles ne veulent pas.