Post Numéro: 11 de norodom 23 Aoû 2014, 18:59
Bonsoir,
Au lu du titre de ce fil, la première question qui vient à l'esprit est :
Dans ce pacte, y a t-il eu trahison ?
C'est la question que Prosper pose sur la personne d'André Grandclément, auteur (seul ou accompagné) d'accords suivis de concessions avec l'ennemi.
Bruno Roy Henry acquiesce en y ajoutant le délit "d'intelligence avec l'ennemi".
Le sujet est particulièrement complexe et il ne faut pas s'étonner si, pour l'instant, les donneurs d'avis paraissent peu empressés à s'exprimer.
Alors, pour encourager les plus téméraires, je crois qu'il faut en un premier temps planter le décor pour ensuite progresser tout au long des étapes de cette affaire qui devrait donner lieu (Merci Prosper) à un très intéressant débat.
_ André Grandclément qui fut en 1940 lieutenant dans un régiment de tirailleurs sénégalais et qui s'était vaillamment comporté sur le front des Ardennes, était particulièrement bien vu par les chefs de l'Organisation Civile et Militaire (OCM).
En 1942, il devint chef de cette organisation en région B...
Il disposait d'énormes moyens matériels financiers et logistiques...
On pouvait compter en 1942 que grâce à lui, la région B pouvait compter sur un millier d'hommes le jour où les alliés débarqueraient en France.
Comme on pouvait s'y attendre cette belle organisation a attiré l'attention de la Gestapo française ainsi que du lieutenant SS Dohse, officier de la Gestapo allemande.
_ Dohse arrive à Bordeaux en Janvier 1942.
Parlant le Français à la perfection, ayant une parfaite connaissance du comportement et des habitudes des Français il s'avère un redoutable adversaire de la Résistance française.
De plus il est un redoutable manipulateur prêt à tout pour arriver à ses fins.
Durant l'été 1943 plusieurs réseaux (dont le réseau Prosper) sont démantelés. La Gestapo identifie Grandclément qui dirige une organisation de résistance sous le couvert d'une compagnie d'assurances dont il est le directeur.
S'ensuivent de nombreuses perquisitions et de nombreuses arrestations dont celle de l'épouse de Grandclément.
Grandclément se réfugie à Paris tout en restant en relation avec la région B.
Le 19 septembre 1943 à Paris, à la suite d'un rendez-vous prévu avenue Wagram, rendez-vous éventé par la Gestapo, Grandclément est arrêté dans un café proche, car méfiant, il avait décidé d'arriver en retard et s'était installé à la terrasse.
Enfermé à Fresnes puis transféré 48 heures plus tard au siège de la Gestapo de Bordeaux-Le-Bouscat, il est l'objet d'un premier interrogatoire qui ne donne rien, puis c'est Dohse en personne qui s'en occupe.
Dohse joue le grand jeu avec Grandclément, en agitant la corde sensible sur la détention de son épouse et de ses compagnons du Cabinet d'assurances et d'autres membres de l'organisation, soit un total de 250.
Dohse prend bien soin de ménager son patient sans aucune brutalité, lui laissant même de bonnes commodités dans ses conditions de détention. Bonne alimentation, un bon confort, entière liberté d'expression etc...
Dohse en rajoute une dose le 22 septembre 1943, en réunissant dans son bureau Grandclément et son épouse pour de touchantes retrouvailles !
Puis le lendemain, Grandclément est laissé en liberté surveillée
C'est à partir de là que se sentant responsable de l'arrestation de son épouse et de ses compagnons il envisage des accords incroyables avec Dohse.
Livraison d'une partie des armes parachutées, en échange de la libération d'une partie de ses compagnons et la suspension des arrestations prévues.
Grandclément avait au cours de son interrogatoire eu la désagréable surprise de constater que Dohse savait tout sur son organisation, le nom de ses membres y compris le nom des agents britanniques, les lieux de rendez-vous ainsi que l'emplacement de tous les dépôts d'armes.
Voilà donc une première approche de cette affaire...
On verra par la suite, le dénouement par étapes et surtout si Grandclément a agi seul ou avec l'accord de la Direction des opérations spéciales (Special Operations Executive = SOE).
Quels furent les responsables de la Résistance qui ont été contactés par les Allemands ?
Et au final essayer de découvrir si André Grandclément fut un traître ou un bouc émissaire ?
Donc, à suivre...
Désolé d'être aussi long !... J'ai fait pour le mieux.
D'ores et déjà, des commentaires ?
Cordialement,
Roger