le pitaine a écrit:Les Malgré-Nous volontaires pour servir dans les Waffen SS est une légende. Certes il y en a eu, mais c'est une infime minorité, au même titre que d'autres français d'une autre région. Ensuite, il faut savoir que l'appel des alsaciens pour servir l'Allemagne ne fut imposé qu'a partie de 1942.
A Bordeaux lors du procès concernant les exaction d'Oradour sur Glane, sur les quelques inculpés dont la majorité étaient des Malgré-Nous, un seul était volontaire pour servir dans la SS (il le paya de sa vie).
Ces incorporés de force devaient prêter serment d'allégeance au Führer et au Reich selon l'ordonnance du 25 août 1942 promulguée par Robert Wagner (publié dans le bulletin d'annonce officielles du chef de l'administration civile et publié dans tous les journaux alsaciens), sous peine de sévères poursuites pour eux et leur famille. Ce jour là est devenu "le jour le plus noir de la guerre pour les alsaciens"
"En vertu des pouvoirs qui m'ont été conférés par le Führer, j'ordonne :
1. Les hommes appartenant au peuple allemand en Alsace et faisant partie des classes qui seront ultérieurement indiqués par un règlement spécial sont soumis au service militaire obligatoire dans la Wehrmacht
2. Les hommes soumis aux obligations militaires et appelés sous les drapeaux tombent sous le coup des prescription applicables aux soldats allemands et ont tous les droits qui appartiennent aux soldats allemands
3. Les hommes soumis aux obligations militaires en congé de service actif, mais non appelés à ce service, sont soumis aux prescriptions applicables à cette catégorie
4. Cette ordonnance entre en vigueur le 25 août 1942
signé : le chef de l'administration civile en Alsace Robert Wagner, Gauleiter et Reich statthater
"Avant la cérémonie, on nous a fait comprendre que serait poursuivi quiconque ne lèverait pas le bras pour prêter serment. Nous avons levé le bras, mais avons pensé ce que pense un Alsacien lorsque quelque chose ne lui convient pas" (Jean Hartman "Une tranche de ma vie, ou une histoire parmi... 130.000")
Toute l'année 1943, la répression contre les "évasions" d'Alsace fut renforcée, ainsi que la surveillance des "frontières". Le nombre d'arrestation et d'exécution (oui, oui..., exécutions) c'est multiplié durant cette année. Sans compter le nombre de déportation, voir de transplantation, des famille des "évadés".
"Celui qui se dérobe à ses devoirs, qui déserte son travail ou cherche à échapper à ses obligations militaires doit s'attendre à notre combat sans pitié. Celui qui se livre à la résistance, qui sabote ou emploie la force va mourir". Robert Wagner, mars 1943.
Le R.A.D. (qui se déroulait en Allemagne) concernait d'octobre 1942 à mai 1943, 70 000 jeunes alsaciens, qui furent "versés" dans la Wehrmacht. Concernant les incorporés de force dans la Waffen-SS, il faut attendre le début de l'année 1944 (février 44) et selon la promesse de Wagner à Hitler, de verser la moitié des incorporés de force alsaciens dans la Waffen-SS. Il faut savoir qu'avant 1944, le R.A.D. durait environs 1 an, puis fut raccourci à quelques mois en 1944. A savoir aussi, que les critères pour entrer dans la SS étaient bien précis (être allemand, arien, race pure ...etc.), ce qui va changer en 1944 face au besoin croissant d'effectif pour compenser le taux élevé de pertes. Un exemple, en avril 1944 après l'arrivée de la 2.Panzerdivision "Das Reich" en décembre 1943 aux environs de Bordeaux puis son installation aux environs de Toulouse en février 1944 pour sa recomposition, suite à la déculottée qu'elle avait subi en Russie, 800 alsaciens sont affectés de force dans cette division (5% de l'effectif total) en mars 1944. En tout, ce sont 9000 garçons âgés de 17 à 18 ans qui vont remplacer les manques de la division en 1944. Tous ne sont pas alsaciens, on trouvait des italiens, des roumains, des ukrainiens, des polonais, des hongrois ... etc., étant bien loin des préceptes d'affectation dans la SS.
Les Malgré-Nous étaient continuellement surveillés durant les missions, les cadres allemands n'avaient pas un confiance aveugle envers "leurs soldats" issus d'Alsace.
A la question si souvent rencontrée : Mais pourquoi ils n'ont pas déserté ? je laisse la réponse à Raymond Ditchen qui répond à cette même question dans une interview près bibiographique :
"Si vous voulez que nous continuions, il ne faudra jamais parler de désertion, mais uniquement d'évasion. On déserte l'armée de son pays, ou l'armée que l'on a choisie. On ne déserte pas de l'armée d'un pays ennemi qui vous a enrôlé de force : on s'en évade. Un incorporé de force ne déserte pas, il s'évade. N'oubliez jamais cela. Sinon j'arrête."
Puis sa réponse fut : "la loi Sippenharft"
Cette loi est la reprise par le régime nazi d'une ancienne loi allemande tombée dans l'oubli. Elle consistait à étendre la sanction d'un acte interdit à l'entourage de l'auteur de cet acte.
Afin de limiter les envies de s'évader aux incorporés de force, les nazis exerçaient des représailles sur leurs familles, en les déportant, les déplaçant, les expropriant. Tous les degrés de parenté étaient concernés, parents, frères, sœurs, oncles, tantes, cousins. En alsace, il y eu 12 393 cas de déportation ou de transplantation, 5691 pour la Haut-Rhin et 6702 pour la Bas-Rhin.
en un mot, les familles étaient prises en otage.
le pitaine.
Bonjour,
Merci le pitaine pour ce recadrage précis, fort nécessaire.
Malgré les nombreuses explications sur ce forum, il reste malheureusement des personnes qui pensent mal.
catherine a écrit:Donc, les alsaciens présents dans la division das reich, tristement célèbre ( oradour) étaient, je pense, volontaires, puisqu'ayant fait allégeance au Fuhrer.Maintenant, je peux me tromper et je vous invite à me corriger. Mais c'est vrai que l'histoire de l'alsace est terrible.
Ce qui est terrible est de pouvoir penser pareille chose alors que ce forum regorge de sujets sur les Malgré-nous, dont le sujet hautement sensible d'Oradour. Je vous invite à parcourir et lire les posts concernés pour éviter ce genre d'erreur dans vos pensées. La question des Malgré-nous a été mainte et mainte fois discutée. C'est un sujet sensible qu'il faut aborder avec prudence mais aussi avec respect envers ceux qui n'ont pas eu le choix, et leurs descendants. Il y a des blessures qui peinent à se refermer.
Eric
Nordwind : dernière offensive allemande, tentative désespérée de l'Allemagne pour renverser le destin.