Norodom _ Récit de mon parcours...

[fbonnus]

Merci de tout cœur pour ce témoignage vivant cher Roger. C'est un plaisir de te lire !

En attendant la suite

Amicalement

Bonsoir à tous,

Je serais ingrat si je faisais fi de vos remerciements...
Cependant il y a deux raisons qui font que vous n'avez pas à me remercier :

1 / Tout ce qui est écrit dans ce récit, y compris les anecdotes, existe dans mes interventions sur ce forum, depuis cinq années que j'y participe. Présentement je n'apporte rien de nouveau.

2 / Mon parcours n'a rien d'extraordinaire... Albert (Aldebert) l'a qualifié de magnifique... or il est tout simplement banal.
C'est un parcours, avec des variantes, que tous les gars que j'ai rencontrés sous divers horizons, ont connu avec au bout du compte des destinées qui ne furent pas toutes les mêmes. Tous, malheureusement s'en faut, n'ont pas connu la chance qui a été la mienne.

Un exemple, que j'ai aussi raconté et qui répond à la question de Claudine (666)...
Le 20 octobre 1944, alors que j'étais entre Lure et Le Thillot, j'ai écopé d'une bronchite.
Le médecin militaire qui m'a examiné à éventé ma cachoterie sur mon âge (je n'avais pas 17 ans) et a ordonné mon rapatriement immédiat.
J'ignore, si j'avais continué, quel eut été mon sort ?... Mais ce que je sais, c'est que beaucoup de gars sans expérience suffisante, qui sont partis "la fleur au fusil" ont perdu leur vie sur les terres d'Alsace et au delà !

Autre chance encore, c'est d'être présentement l'un des peu nombreux à avoir le pouvoir de raconter une tranche de ma vie sur un forum, à ceux qui consentent à me lire.

Et le mérite penseront certains ?
A défaut d'héroïsme, le mérite c'est d'entreprendre et de réussir ce que l'on tente. Moi, j'ai suivi le mouvement et souvent aveuglément, sans vraiment appréhender le danger... Alors braver le risque !

Si en mai 1944, je n'avais pas découvert que j'étais surveillé, il est fort probable qu'étant très jeune, je ne me serais pas investi à fond dans une activité de résistance... Et bien que j'ai un peu bricolé dans ce domaine, ce que j'ai aussi raconté sur ce forum et ailleurs, c'est malgré moi que je m'y suis trouvé impliqué. Implication dont j'ai eu l'explication en 1949 après mon retour d'Indochine.

Alors ?... quoi raconter de plus, sinon peut-être dans la mesure du possible, répondre à quelques questions ?

Bonne nuit !
Roger

Comment avez-vous remarqué que vous étiez surveillé, et si ce n'est pas indiscret, quelle explication avez-vous eu en 1949 ?

Roger,

Votre récit est très sincère et riche d'enseignements sur la réalité vraie des choses, sur la part de chance et de malchance liée au destin de chacun et sur les leçons qu'on doit tirer de ses expériences lorsqu'on le peut effectivement...

Bonsoir à tous,
2 / Mon parcours n'a rien d'extraordinaire... Albert (Aldebert) l'a qualifié de magnifique... or il est tout simplement banal.
Roger

Bonjour Roger,
Sans vouloir jouer sur les mots, sans vouloir également me transformer en petit cireur qui rendra tes chaussures comme " la glace de Paris" disaient les petits Algériens, ton magnifique très beau parcours n'est certainement pas banal. Comme les circonstances font souvent les héros, cette page de l'histoire que tu as vécue restera unique et pleine de péripéties à nous conter. Oui bien sûr, beaucoup d'autres que toi, peuvent se prévaloir d'une aussi intéressante tranche de vie mais si tous vous vous taisez, qui pourra nous transmettre les témoignages, les détails de la petite histoire que souvent les historiens viennent picorer pour enrichir leurs œuvres.

.....

mais si tous vous vous taisez, qui pourra nous transmettre les témoignages, les détails de la petite histoire que souvent les historiens viennent picorer pour enrichir leurs œuvres.

c'est exactement ça !!

Une anecdote à l'intention des CH'tis de ce forum :
Au cours du Printemps 1948, à Saïgon, j'avais fait la connaissance de Aimable Pluchard, le CH'ti au grand talent qui avec son accordéon a fait danser toute la planète.
Aimable, originaire de Trith-Saint-Léger dans le Nord, portait bien son prénom... c'était un "gouailleur" d'une grande simplicité et d'une grande gentillesse !... Je l'ai retrouvé à Phnom-Penh à l'automne 1848 où il se produisait dans les cabarets de renom. Nous avons fait quelques "virées" je vous dis !
Pour la bringue, il n'était pas le dernier... il était devenu pour moi, un copain.
Nous nous sommes revus sur le paquebot André Lebon car le hasard a voulu que nous rentrions en France en novembre 1948, sur le même paquebot.
Après cela nous nous sommes revus une seule fois en Bretagne vers le début des années 1970, J'avais appris ainsi qu'il avait une fille de 21 ans... Martine...
J'ai toujours chez moi le journal "La Voix du Nord" relatant son départ de ce monde et je suis encore très triste lorsque je vois sa sépulture, toujours fleurie, sur le web... il avait tant d'amis !

Vous possédiez une machine à voyager dans le temps? Je blague, Roger. Très intéressant votre parcours!

Comment avez-vous remarqué que vous étiez surveillé, et si ce n'est pas indiscret, quelle explication avez-vous eu en 1949 ?

Bonjour,

En début de soirée, fin mai 1944, je regardais les stylos (à plume) exposés dans la vitrine de la librairie Castella située place du Capitole, au coin de la rue du Taur, à Toulouse.
Par le reflet des vitres j'ai apperçu un homme qui apparemment s'intéressait à moi. Je quittais les lieux... le gus m'a suivi.
Ayant été facteur télégraphiste et ayant une bonne connaissance des couloirs de traverse, je n'ai eu aucun mal à semer l'indésirable.
Sans perdre de temps, j'ai contacté quelques copains dont plusieurs d'entre-eux avaient aussi observé le manège.
Les plus fûtés que moi ont contacté qui il fallait et la décision de se mettre à l'abri n'a pas tardé.

J'avais pensé que la raison de cette filature, n'était peut-être pas la même pour chacun de nous et qu'en ce qui me concerne elle pouvait venir du fait que travaillant aux usines Latécoère, alors que j'avais quitté l'administration des PTT quelques mois auparavant, j'avais remis à un gars de la Poste, en liaison avec le groupe "Matabiau" de la SNCF à Toulouse, un plan conçu par moi, du bâtiment où était construit un avion Junker allemand à pilotage automatique.
Le gars à qui j'avais remis ce plan a par la suite été arrêté et déporté.

Deux membres éminents de ce forum, François Delpla et Marc_91 connaissent l'histoire de cet "avion sans pilote"

C'est en 1949 seulement, après mon retour d'Indochine que j'ai appris les raisons de cette surveillance par la police allemande...

A la poste centrale de Toulouse où j'étais employé en 1942-1943 en qualité de télégraphiste distributeur, les lettres adressées à la police française et à partir de 1943 à la Kommandantur étaient soigneusement scrutées. Lorsque c'était possible et qu'il s'agissait de risques d'arrestation, tout un dispositif d'alerte des personnes menacées était mis en place.
Ce réseau s'étendait à l'intérieur des wagons postaux de la SNCF, où des agents postaux ouvraient les lettres adressés aux polices française et allemande.
Par la suite, des télégrammes étaient rédigés à l'intention des personnes menacées d'arrestation.
Et c'étaient les télégraphistes, dont je faisais partie, qui assuraient la distribution.

J'ai connu des personnes, deux dames en particulier, dont la mission était la rédaction des télégrammes.

J'ai appris aussi en 1949, que beaucoup de personnes ont eu la vie sauve grâce à cela... Les personnes concernées étaient des juifs français, des résistants à l'occupant... mais pas des communistes... mais peut-être y en eût-il parmi ?
J'ai appris aussi qu'il existait parmi les juifs, des "noyaux" initiés aux codes de correspondance du contenu des télégrammes.

J'ai donc été un acteur ignorant sur l'existence et la mission de ce réseau !

Les facteurs de la Poste ont ainsi participé à un travail de lutte contre la délation. Certains ont même pu identifier des auteurs de lettres anonymes.

Je n'ai pas connaissance que l'histoire de ce réseau qui a probablement existé ailleurs qu'à Toulouse, ait fait la UNE dans les Musées de la Résistance !

Pour terminer je cite un évènement télévisé qui m'a profondément irrité :

Au mois de mars 2010, je crois, passe sur France2 un film intitulé "Maréchal-nous-voilà", au cours duquel l'historien Denis Peschanski nous explique avec force détails que Vichy, soucieux de connaître l'opinion des Français sur le Maréchal, avait organisé des opérations d'ouverture de lettres, lesquelles étaient soigneusement décachetées puis recollées...
Si c'eût été réellement le cas, je crois que je l'aurais su. J'étais bien au courant du travail de préparation pour la distribution du courrier... oui je l'aurais su.
Et cependant, j'ai appris l'existence de statistiques... alors ?... fondées ou façades ?

Cordialement,
Roger

[quote="norodom
Je n'ai pas connaissance que l'histoire de ce réseau qui a probablement existé ailleurs qu'à Toulouse, ait fait la UNE dans les Musées de la Résistance !
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Le Musée de la résistance à Toulouse comme je me le suis fait expliqué par les bénévoles qui s'en occupent,
fonctionne non pas comme des archives traditionnelles (cotes...etc.) mais grâces aux dons volontaires.