Post Numéro: 1 de fbonnus 05 Avr 2014, 17:15
Jean Cavaillès (au centre), pendant la campagne de France, en 1940. | Archives nationalesLe 17 février 1944, Jean Cavaillès, philosophe, mathématicien et résistant, 40 ans, était fusillé par les Allemands. Lors de ses interrogatoires, il avait expliqué que ses actes étaient conformes aux valeurs de grands esprits allemands comme Kant ou Beethoven. Jusqu’au bout, cet intellectuel de combat aura porté « l’inflexible exigence » que salue Hourya Benis Sinaceur dans un bel essai (Cavaillès, Les Belles Lettres, 272 p., 19,50 €) et qui a aussi été au centre d’une journée d’hommage organisée tout récemment à l’Ecole normale supérieure de Paris.
Rigueur scientifique, rectitude morale, logique militaire : chez ce fils d’officier élevé dans une famille protestante et dreyfusarde, l’exigence était inséparable d’un rapport à la vérité comme discipline et comme espérance. Pour ceux qui se réclament aujourd’hui de sa pensée, il y a là un héritage très concret : le refus de rester les bras croisés et une certaine manière de faire face (aux problèmes mathématiques, aux épreuves historiques). Dans la vie de ce professeur qui était aussi un chef, les ressorts de la théorie mathématique étaient les mêmes que ceux de l’insurrection armée. Un exemple parmi cent : arrêté puis interné en 1942 par la police française, Cavaillès rédigea en prison un traité de logique et donna à ses codétenus un cours intitulé « Descartes et le Discours de la méthode ».
Soixante-dix ans après sa mort, et alors que cet anniversaire est célébré avec une discrétion qui n’aurait pas déplu à cet homme réservé, il est urgent de relire ses textes et les ouvrages qui perpétuent sa présence. A commencer par le magnifique Vie et mort de Jean Cavaillès, signé de Georges Canguilhem (1904-1995), que les éditions Allia viennent de rendre à nouveau disponible (64 p., 6,20 €). « Il a choisi la Résistance en pleine liberté de décision et cependant, pensait-il, conformément à une exigence qui l’habitait », notait Canguilhem dans ce texte aussi bref qu’indispensable. Au moment où le débat public tend à être monopolisé par des bonimenteurs sans foi ni loi, l’exigence intellectuelle et morale d’un Cavaillès est précieuse pour quiconque souhaite enrayer le triomphe du n’importe quoi, la dégradation des consciences, en un mot la zemmourisation des esprits.
Source : Jean Birnbaum - Le Monde des Livres « Alors mon petit Robert, écoutez bien le conseil d'un père !
Nous devons bâtir notre vie de façon à éviter les obstacles en toutes circonstances.
Et dites-vous bien dans la vie, ne pas reconnaître son talent, c'est favoriser la réussite des médiocres. »
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Michel Audiard