erratum : je m'étais emmêlé dans les guillemets.
Reprenons (pour l'original allemand :
http://www.ns-archiv.de/krieg/1939/22-08-1939-boehm.php )
Le comportement de beaucoup d'Allemands, certains très haut placés (auch in prominenten Stellungen), a grandement aidé la propagande anglaise de l'automne 1938. Ils disaient (...) "Nous reconnaissons nous être trompés, le Führer a bien agi, parce qu'il avait les meilleurs nerfs et a tenu bon." Cela s'est su aussitôt en Angleterre, et a donné lieu aux plus violentes attaques contre le gouvernement, qui avait perdu ses nerfs. Sans cela, s'il avait pris le risque d'une guerre, le chancelier allemand aurait reculé. Cette idée que je ne faisais que bluffer, mais ne voulais rien entreprendre, me crée beaucoup de difficultés dans la situation actuelle.
J'en concluais :
François Delpla a écrit:
Si on cherche une preuve que Hitler contrôle, au moins en 1938-39, la résistance allemande, en voilà une, et de taille. Il révèle qu’il sait ce qui a été dit et écrit aux Anglais par des Allemands haut placés en désaccord avec lui au moment de Munich,
donc
Hitler réunit une cinquantaine de généraux, ceux qui exercent les commandements les plus élevés dans les trois armes et il leur balance, pour la première fois à ce qu'on sait, qu'un certain nombre d'entre eux, et de civils hauts placés dans l'Etat, ont poussé les Anglais à la fermeté à la veille de Munich puis, juste après, les ont engueulés d'avoir cédé les Sudètes sans combat alors que Hitler bluffait et s'apprêtait à reculer :
Cela s'est su aussitôt en Angleterre, et a donné lieu aux plus violentes attaques contre le gouvernement, qui avait perdu ses nerfs.
Voilà un dictateur qui, à la veille de déclencher une guerre, ne craint pas de dire à son armée qu'il est parfaitement au courant de trahisons récentes, à un haut niveau, dans ses rangs... sans donner de noms. Une manière de dire 1) que cette fois il ne va pas reculer; 2) que cette fois ils ont intérêt à filer droit.
Et pour nous autres historiens, cela signifie avec un très faible reliquat d'incertitude, non pas nécessairement que Canaris et Göring (lui aussi très engagé dans les intrigues avec Londres) l'informaient en grand détail, mais au moins qu'il savait à quoi s'en tenir sur l'essentiel. Et que lui-même s'ingéniait à donner à Londres l'impression
-que son régime était très divisé (lui-même et Göring, notamment, n'étant pas du tout sur la même longueur d'ondes);
-qu'il avait vraiment reculé au dernier moment;
-que si Chamberlain n'avait pas cédé pacifiquement les Sudètes le régime nazi aurait été renversé ou au moins très remanié aux dépens des durs, des SS etc.;
-que si Hitler se mettait à revendiquer Dantzig il importait que Londres garantît la Pologne et allât au besoin jusqu'à déclarer la guerre.
@ JD : tout comme le discours hitlérien du 22/8/39, le télégramme de Magistrati du 17 existe et montre un Canaris poussant l'Italie à la fermeté anti-guerre, en dépit des désirs manifestes de Hitler. Donc soit c'est Rantanplan, soit il sait qu'il est dans la ligne, et que sa démarche arrange bien Hitler, en faisant croire qu'il a peur d'une abstention italienne, donc que la guerre n'est pas fatale.
Quelle autre possibilité vois-tu ?