Post Numéro: 28 de Pierrot 20 Mar 2014, 13:54
Anecdote familiale.
Mon père était Franc-Tireur. Son frère ainé est parti volontairement et librement au STO. Mon père l'a attendu et vu sur un quai de gare. Il avait pour lui des faux papiers . Son frère a refusé et il est parti en Allemagne.
Après la mort de mon père (1996), croyant sans doute que je ne savais rien ( le sujet était bien sûr tabou ), une de leurs sœurs m'a dit que le volontaire STO avait été "raflé" et " déporté". Quant à mon père, qui a participé à la bataille des Ardennes avec le team Sherry puis à la libération de Colmar (avant de subir une punition collective à l'occasion de la venue de De Gaulle à Strasbourg ( le 11 février 1945 ? )), il avait simplement " fait l'occupation en Allemagne".
C'était choquant et j'ai rétabli la vérité: je suis maintenant le paria de ma famille.
Curieusement, après la mort de mon père en 1996, une multitude de résistants sont apparus dans ce petit pays. Mon père m'avait dit d'un ton désabusé "Ici, quant ils ont vu un allemand au bout de la rue, ils ont fait de la résistance"...
Si je déborde du sujet avec ces histoires contemporaines, veuillez m'en excuser. Mais 70 ans de contre vérités...
Par ailleurs, être simplement réfractaire au STO était courageux et dangereux.
Mais 50 ans après, mon père gardait une colère contre un beau frère, planqué avec 3 autres (" Au moins, ils pouvaient jouer à la belote") et ravitaillé par ma mère. Elle devait franchir un poste allemand avec son petit panier et elle aurait été fusillée s'ils avaient été trop curieux, m'a dit mon père.
Des 3, le réfractaire, le STO volontaire et le maquisard actif, c'est le maquisard qui a eu la vie la plus difficile ensuite. Concernant le sort des résistants idéalistes, ni gaullistes ni communistes, j'ai entendu le " colonel" Ravanel une nuit sur France Culture ( "A voix nue" - mai 2009) dire: " Ils ont été traités à la cravache".
Leur famille avec, je peux en témoigner. Carotte ou bâton, c'est toujours manipulation...