Post Numéro: 27 de norodom 22 Fév 2014, 22:41
Bonsoir,
Beaucoup de monde à remercier...
Tout d'abord Merci à Prosper.
Je dois t'avouer mon étonnement devant le silence prolongé de la modération.
Non pas parce que j'ai besoin d'être défendu... j'en ai vu d'autres !... Ensuite, dans le cas présent, je n'ai pas à me justifier...
Un rappel de ta part à la bienséance n'est pas superflu.
Merci également aux participants de ce fil de ne pas s'être prêtés à la polémique. C'est de votre part un témoignage de sagesse et je vous en dois ma reconnaissance.
Rappel du "scénario" qui nous intéresse.... Ce n'est pas de tout repos !
A la suite de l'attentat du 20 octobre 1941 à Nantes, l'autorité militaire allemande annonce que cinquante otages détenus à Châteaubriant et dans les prisons de Nantes seront fusillés.
Les Allemands établissent donc le 20 octobre, une liste de cinquante otages qui comporte les noms d'une dizaine de communistes. Les autres sont en majorité des anciens combattants et des personnalités non communistes.
Cette liste est transmise par la voie de Bernard Lecornu, sous-préfet de Châteaubriant, au ministère de l'Intérieur à Vichy qui la rejette
Le ministère de l'intérieur, comme tous les autres ministères de Vichy, avait pour la zone occupée, une Délégation à Paris. L'affaire de Châteaubriant, se situant en zone occupée, c'est donc à Paris, à la Préfecture de police qu'une deuxième liste est établie qui ne comprend que des communistes et quelques syndicalistes.
Cette liste est communiquée au ministère de l'Intérieur à Vichy, qui ne donne aucune instruction
[ Détails recueillis dans le livre du général Schmitt "Toute la vérité sur le procès Pucheu" pages 171 et 172
Et dans l'ouvrage de Henri Amouroux "La grande histoire des Français sous l'occupation" - Tome 4 "Le peuple réveillé" - page 371 ]
C'est donc cette deuxième liste qui est jointe à la lettre que Bernard Lecornu adresse le 21 octobre 1941 au commandant allemand du district de Châteaubriant.
Les soixante otages proposés faisaient partie de l'effectif interné au camp de Choisel à Châteaubriant.
Or en réalité, les Allemands ont fusillé vingt-sept otages dans une clairière proche du camp de Choisel et vingt-deux autres otages à Nantes, internés dans les prisons. Soit un total de quarante neuf otages.
Il est bon de préciser que les vingt-deux de Nantes ont été désignés par les Allemands et faisaient partie d'internés recensés par eux avant l'attentat du 20 octobre.
Pour noircir le tableau, le 21 octobre à Bordeaux, le conseiller militaire Reimer était abattu et les Allemands envisagèrent cinquante exécutions supplémentaires. Le Maréchal Pétain s'étant lui-même proposé comme otage, en fut dissuadé par deux ministres dont Pucheu, dont il fut décidé qu'il se rendra à Paris pour obtenir du général Stülpnagel qu'il renonce à de nouvelles exécutions. [ Schmitt - pages 173 et 174 ]
Je dois avouer avoir eu de la peine à comprendre ce qu s'est passé par la suite... il m'incombe de l'approfondir...
Voici ce qu' écrit le général Schmitt (page 174) :
<< En attendant le résultat de la mission de Pucheu, des dispositions sont prises pour préparer la liste des 50 otages à fusiller. Il y eut donc trois listes établies, la troisième devant servir dans le cas où Pucheu échouerait dans sa mission .... [........]
Un rapport du sous-préfet de Châteaubriant nous renseigne sur l'établissement de cette troisième liste. Il est daté du 25 octobre. La date est à retenir. Il ne s'agit pas des deux premières listes. Voici ce rapport : ..... >>
J'en reproduis les premières lignes...
" Je me mets en liaison avec M. Weber de la Délégation de Paris, ainsi qu'avec M. le ministre de l'Intérieur, afin d"établir selon leurs directives une liste d'internés dangereux.... [.....] "
Alors me direz-vous ?... et la lettre de Lecornu du 20 octobre, dont Michèle Cointet écrit qu'elle a été transmise à l'instruction ?... Il convient de préciser que les magistrats instructeurs furent deux. En un premier temps ce fut le capitaine Vialard, mais suite à une ordonnance du 7 janvier 1944, ce fut le général Tubert qui fut désigné.
Je ne suis pas plus royaliste que le roi, aussi il ne m'est pas permis de mettre en doute les écrits de Michèle Cointet.
Le plus important n'est pas cela. C'est que si cette lettre a été transmise par Bernard Lecornu, il a très bien pu le faire lui-même avant février 1944, où il a a été relevé de ses fonctions.
Si effectivement, cette lettre est parvenue à l'instruction, ce que je n'ai aucune raison de refuser d'admettre, on peut comprendre qu'elle n'étayait pas l'accusation.
Il est stupide d'imaginer que Lecornu ait transmis sa propre lettre à l'instruction de son procès personnel...
Quel intérêt à vouloir tenter de démontrer la culpabilité d'un homme exécuté huit mois plus tôt !
Il est faux de prétendre que tous les historiens ont retenu de cette seule lettre la preuve de la culpabilité de Pucheu.
Comme il est faux de prétendre que cette lettre apporte la preuve formelle de cette culpabilité dans l'établissement de la liste des otages fusillés à Châteaubriant et à Nantes.
Mais pour débattre de cela il convient d'avoir le maximum d'éléments sous la main.
Pour ma part, j'estime qu'il m'en manque encore, tant l'évènement n'est pas simple à comprendre.
J'ai aussi consulté le livre du bâtonnier Paul Buttin "Le procès Pucheu" Je l''ai trouvé très instructif, quoique assez orienté vers la "défense" de l'inculpé. Et pour cause !
Alors, s'il plaît à d'autres de s'intéresser tout comme moi à un sujet si épineux, j'en serais ravi !
Je tiens aussi à préciser que la vocation d'un forum ne se limite pas à citer des écrits, mais surtout à les commenter. Peut-on être toujours sûr de la valeur de ses propres commentaires ?... C'est cela qui donne du piment au débat !
Cordialement,
Roger