D'accord avec Chef Chaudart, sachant toutefois que la délimitation des zones d'influence par l'"accord des pourcentages" était partielle (quid de la Pologne?) et regardait surtout les Soviétiques... et les seuls Britanniques (les Américains, en revanche, ne se sentaient guère liés par cet accord). D'où une source d'instabilité géopolitique pour Staline.
Cela étant (et très rapidement, je manque de temps pour développer), la
pause de l'Armée rouge sur l'Oder en février 1945 tient aux éléments suivants.
Tout d'abord, et avant tout, un facteur logistique:
1/ les Soviétiques ont franchi de 400 à 500 km en trois à quatre semaines, allongeant démesurément leurs lignes de communications;
2/ or, le début du printemps, en embourbant les chemins et en dégelant les cours d'eau, entrave l'acheminement des troupes et des munitions;
3/ de plus, les places fortes (
Festungen) allemandes ont contribué au ralentissement de l'Armée rouge, dans la mesure où leur résistance a privé cette dernière de noeuds de communications importants.
En d'autres termes: l'assaillant est essoufflé.
S'y combine un facteur militaire:
1/ une limite de la doctrine des opérations en profondeur: en privilégiant l'objectif opératif aux dépens de la destruction des forces ennemies, les Soviétiques ont laissé s'échapper diverses formations allemandes (dont le XXIV.
Panzerkorps), certes bien étrillées, ce qui permettra aux Allemands de reconstituer - en hâte - leurs lignes de défense, d'autant qu'atteindre l'Oder n'est pas tout, il faut aussi s'emparer d'autres places fortes sises le long du fleuve, telles que Küstrin;
2/ l'avance de Joukov en Pologne n'est pas couverte sur son flanc droit dans la mesure où Rokossovski et Tcherniakovski ont été retardés en Prusse orientale, ce qui crée le risque d'un assaut allemand dans ce secteur (hantise récurrente des Soviétiques), quoique il me semble (de mémoire) que Jean Lopez & Lasha Otkhmezuri nuancent l'affirmation dans leur
Joukov;
3/ il s'agit également, pour Koniev, de faire main basse sur le reste de la Silésie, sachant que là encore il s'expose à des assauts sur ses flancs;
4/ il est nécessaire de renforcer les forces de Hongrie, lesquelles doivent subir les plus puissantes contre-offensives allemandes des derniers mois de la guerre - en attendant de repartir vers Vienne (dont la prise pourrait servir de gages dans de futures négociations, la conférence de Yalta étant loin de régler la totalité des problématiques de l'après-guerre).
N'oublions pas qu'à cette date les Alliés occidentaux n'ont pas franchi le Rhin et sont toujours bloqués en Italie du Nord. Bref, il n'y a pas lieu, pour l'heure, de se presser pour conquérir Berlin. Mieux vaut jouer la prudence face à une armée allemande certes agonisante mais qui fait encore montre de pugnacité.
Bon, désolé de ne pouvoir aller plus loin, je n'ai pas ma doc' sur place.