Post Numéro: 48 de Gardavous 01 Fév 2014, 14:30
Azuréenne a écrit:Il restait donc des militaires français libres.
Portaient-ils encore l'uniforme ? Ou bien votre frère était militaire de métier, mais par rapport aux Allemands, comment était-ce possible.
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Alfred t'a donné en partie la réponse... Mon frère était officier de carrière. Il a quitté la Belgique où il était prisonnier à l'hôpital, pour venir à Versailles. Je ne me rappelle plus s'il se promenait en uniforme. Après une longue convalescence, il a repris du service dans un bureau à Marseille.. Ensuite, il a été affecté en Afrique du Nord, d'où il est revenu en 44 avec l'armée de Lattre.
Mars 1942, ma soeur Annette à Châtel, à mon frère Henri à Marseille:
<<...Te rappelles-tu le jeune breton, inspecteur de police et convalescent à Châtel, toujours aimable et bavard ? Il nous a fait 36 avances et nous avons été chez eux un dimanche. Mais nous n'y retournerons pas ! Il parait qu'il a été cassé de la police pour des histoires de moeurs. le curé l'a vitupéré en chaire et Lyard m'a dit de me méfier et surtout de ne pas donner suite au projet que nous avions fait de faire de la couture avec sa femme et de l'anglais avec lui. Il a essayé d'obtenir le secrétariat de mairie en faisant du chantage au maire. Il parait que le maire aurait fait rentrer son fils d'Allemagne avec des papiers plus ou moins truqués...Ma foi ! S'il l'a fait, c'est pain béni que tromper les boches ! Et c'est quand même le père de 9 enfants. Enfin, ce F. l'a menacé, de je ne sais quoi d'ailleurs, le maire n'a pas cédé et il a bien fait. Mais l'olibrius en question arborait ostentatoirement l'insigne de la Légion. Alors le sous-chef de la Légion, qui est un très brave type, très "fana", père de mes 2 plus gentilles gamines et dont la femme a juste mon âge, est très dégoûté... Autre histoire cocasse à te raconter: Hier matin, les gens malveillants auraient vu 4 soldats polonais sortir de chez nous à 5 h 1/2 du matin. Rassure toi au sujet de notre vertu. Voilà: En allant porter au car la cantine que Marguerite emporte (il était 5 heures) je m'entends appeler (je n'ai d'abord pas répondu pensant que c'était quelque nigaud d'ici) par des types qui étaient devant le café Girardoz. Les types insistent: "Est-ce ici Châtel ? Nous sommes des Polonais évadés, nous sommes dans la montagne depuis 3 jours". Du coup, je reviens sur mes pas, et ils me demandent de leur faire ouvrir une maison, mais chez David, il y avait juste le receveur du car de levé. Alors je leur ai dit de venir avec moi et je leur ai donné du café. Mais tu n'ignores pas que le car est au quart. Je suis donc partie, laissant Marguerite en tête à tête avec les Polonais qui avaient mis leurs chaussettes sur le fourneau. Elle a trinqué avec eux et puis les a engagés à aller voir les autorités, ce qu'ils ont fait. Le plus jeune a commencé à lui tourner d'aimables compliments en lui disant: "Une aussi gracieuse personne doit avoir un joli prénom". Mais elle a répondu tout sec qu'elle était mademoiselle L.. >>