Post Numéro: 66 de raca 20 Mar 2005, 09:43
Hilarion :: III ° République et non pas IV ... :wink:
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Contrairement à une légende populaire, il n'est pas " le vainqueur de Verdun " mais bien celui qui - en 1916 - conseilla l'abandon de la rive droite de la Meuse. Le Maréchal Joffre lui interdit par deux fois ce repli désastreux et notera plus tard dans ses Mémoires : " […] je tiens à affirmer que le vrai sauveur de Verdun fut Nivelle. " En 1918, le général Pétain s'emploie à contrecarrer les dessins offensifs du général Foch et prépare un vaste repli des armées françaises vers le sud. Il estime la victoire impossible et fait donner l'ordre d'évacuer Reims. Foch doit rattrapper ces interventions déplorables. .......
L'incurable pessimisme de Pétain était connu de tous les chefs, civils et militaires, au point que le général anglais Wilson en parlait comme d'un " général pacifiste ". ............
En 1934, alors ministre de la guerre, le maréchal Pétain réduit lui-même de 603 millions à 470 les crédits militaires que le Parlement avait votés. Il se bornera à n'en utiliser que 403, tandis que l'Allemagne porte à un milliard et demi son budget de la guerre. La même année, devant la Commission de l'armée du Sénat, il déclare : " Les forêts des Ardennes sont impénétrables. Ce secteur n'est pas dangereux. " En conséquence, les crédits nécessaires à la fortification de la frontière nord ne sont pas débloqués, laissant dans cette région une faille par laquelle les blindés allemands opéreront leur percée. ...........
Le 18 mai 1940, le double objectif de Pétain est déjà clairement défini : a) provoquer rapidement la cessation des hostilités par une demande d'armistice et b) s'emparer du pouvoir absolu en liquidant la République. De son côté, le président Reynaud est toujours décidé à poursuivre la guerre et à transférer le gouvernement en Afrique du Nord.
Pendant plusieurs semaines, les partisans de l'armistice travaillent à miner le gouvernement Reynaud, lui ôtant, à l'aide de promesses, autant de ministres qu'ils le peuvent.
Le 16 juin à vingt heures, découragé, Paul Reynaud démissionne et Philippe Pétain devient président du Conseil.
Le soir même, le Maréchal adresse au Führer une note lui demandant de faire connaître les conditions d'un armistice. Et sans attendre la réponse allemande, il annonce aux Français sa décision le lendemain, d'une voix qu'un laudateur qualifiera de " pathétique, véridique, poignante comme la prière des agonisants. " Mais la capitulation n'est pas encore signée.
Le Président de la République, les présidents de la Chambre et du Sénat s'accrochent encore à l'idée d'un transfert du gouvernement à Alger, que Pétain feint d'asssimiler à une désertion.
Les militaires dicteront désormais leur conduite aux élus : le 22 juin, le Maréchal donne l'ordre de signer l'armistice, puis fait entrer Pierre Laval dans son cabinet, en qualité de ministre d'État. Il n'y a plus alors qu'à renverser la République.
Le 10, après un discours persuasif devant l'Assemblée, Laval fait voter cet article unique: " L'Assemblée nationale donne tous pouvoirs au gouvernement de la République, sous la signature et l'autorité du maréchal Pétain, à l'effet de promulger, par un ou plusieurs actes, la nouvelle Constitution de l'État français. "
Le lendemain, en vertu de ces pouvoirs, le Maréchal se proclame chef de l'État et met fin à la IIIe République. Alors qu'il déclarait agir dans l'ordre et la légalité républicaine, son premier acte est d'abroger l'article 2 de la loi constitutionnelle du 25 février 1875 qui, précisément instituait en France la République.
Philippe Pétain allait pouvoir désormais imposer à la France ce qu'il nomma plus tard " la politique pour laquelle j'ai demandé l'armistice. "
Marc-André Cotton .
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