Source: Le Point, n° 1812, 7 juin 2007, Le trésor de Göring refait surface, un article de Pascale Hugues, p 83.
Dürer, Monet, Renoir, Pissarro, Sisley, Kokoschka ...Bruno Lohse les avait tous volés et cachés dans le coffre-fort d'une banque suisse, à Zurich. Le coffre, contenant quatorze tableaux prestigieux, volés à des familles juives par les nazis, vient d'être découvert par des enquêteurs suisses. Chacune de ces toiles pourrait valoir plusieurs millions d'euros. Bruno Lohse est mort à mars, à Munich.
(...) Propriétaire d'un petit magasin d'art, Lohse adhère au NSDAP en 1937. Son érudition est vite remarquée par les nazis. Quand il lui fait visiter le musée du Jeu de Paume, Hermann Göring est impressionné par les connaissances de son guide. Il l'embauche. Sa première mission : observer le marché de l'art, en France, et faire des acquisitions pour les collections privées du gros Maréchal et d'Hitler. Pendant la guerre, Lohse sera responsable de l'ERR (Einsatzstab Reichleter Rosenberg), chargé de la spoliation des oeuvres d'art. Il devient l'un des pilleurs en chef du IIIe Reich. A la fin de la guerre, Bruno Lohse s'enfuit à pied au château de Neuschwanstein, en Bavière, où les toiles volées sont entreposées depuis le débarquement allié en Normandie. Fait prisonnier par les américains, Lohse est condamné à 10 ans de prison par le tribunal de Nuremberg.
Les héritiers des familles juives spoliées n'ont pourtant jamais cessé de rechercher en vain les tableaux confisqués à leurs familles par les nazis. C'est par hasard que la petite-fille héritère du grand éditeur juif allemand Samuel Fischer ets mise sur la piste d'un tableau de Pissaro, "Quai Malaquais, printemps"
Quand la Wehrmacht défile victorieuse dans les rues de Vienne, en 1938, l'éditeur fuit vers les USA. Il n'a pas les moyens d'emporter ses biens. La toile de Pissarro disparaît. Jusqu'à que deux hommes, un marchand d'art munichois et un historien de l'art américain, proposent au début de l'année à l'héritière, de lui restituer les toiles moyennant une commission replète. Méfiante, l'héritière Fischer porte plainte pour chantage. Une enquête est ouverte qui mène très vite au coffre-fort n°5 et à Bruno Lohse. Les toiles ont mises sous séquestre.
Une découverte qui laisse l'allemagne perplexe. En 1998, lors d'une conférence à Washington, les participants s'engageaient à rouvrir le dossier de la spoliation des biens juifs.