Après la mort de Sikorski dans un accident d'avion, un dénommé Mikolajczyk devint le leader polonais et mit Churchill et Roosevelt dans l'embarras en demandant la restauration des frontières de la Pologne de 1920 dès qu'elle serait libérée. Il était évident que cette demande irriterait Staline et a probablement pesé dans la balance quant à la décision de stopper l'avancée russe aux portes de Varsovie.
Quant à l'insurrection:
Le plan général s'appelle Borza, Orage. Le commandant en chef est, sous le nom de général Bor, ce colonel Koromovski qui, au moment de passer en Hongrie, a écouté la voix intérieure qui le retenait sur le sol de la patrie. Le gouvernement polonais de Londres le laisse juge du moment de passer à l'action. Aucune garantie n'a été obtenue du Kremlin, mais l'armée rouge arrive aux portes de la capitale, après avoir conquis la moitié de la Pologne de 1938. Insurrection maintenant ou jamais. Déjà les Allemands s'en vont. Leurs journaux ne paraissent plus. Leurs locaux sont fermés. Leurs ressortissants prennent d'assaut les derniers trains. Leurs soldats traversent en débandade les ponts de la Vistule, certains poussent devant eux une vache, dernier ersatz de la cuisine roulante. Devant ce spectacle de défaite, une allégresse provocatrice enfièvre la population de Varsovie. Si Bor ne donne pas l'ordre d'inserruction, elle éclatera d'elle-même. Au reste, la radio soviétique ne cesse d'appeler les Polonais aux armes, leur enjoint d'attaquer partout et par tous les moyens l'ennemi exécré.
Bor est impuissant à s'emparer des ponts de la Vistule mais contrôle certaines parties du grand quartier ouvrier de Wola. Il a de plus réussi à s'emparer d'une quantité d'armes ennemies dont, exploit digne de mention, deux chars Tigres. Il informe Londres qu'il peut tenir jusqu'à l'entrée de l'armée soviétique à Varsovie.
Cependant, Model veille aux aguets et se fait menaçant avec la réunion des 4e et 19e Panzer, les paras de la Hermann Goering et la division Wiking. Il anéantit le 3e corps blindé soviétique, mais avec une infanterie limitée et un manque de carburant, son offensive s'arrête et on le réclame au nord pour protéger la Prusse-Orientale où la menace s'aggrave. Il ne laissera derrière qu'une division d'infanterie très usée et quelques éléments de la 19e Panzer.
Staline reste cependant sur sa décision et refuse même le secours demandé par l'armée secrète : " De quelle armée me parlez-vous ? Qu'est-ce qu'une armée qui n'a ni artillerie, ni tanks, ni aviation ? " Ce même homme qui exhortait les Polonais à se battre à pied, à cheval, à poings nus, lésine sur les mots avec sa définition d'armée. L'ennemi du parti sera éliminé comme à Katyn, mais cette fois, l'Allemand se chargera du "travail".
L'aviation soviétique qui était maîtresse du ciel avant l'insurrection est soudainement invisible. De petits groupes de Stukas peuvent alors incendier la ville en toute impunité. 2 avions britanniques se sont tapés 1 100 miles à l'aller et 1 100 miles au retour pour parachuter du ravitaillement. Churchill s'indigne, s'impatiente. Il demande le droit d'utiliser l'aérodrome de Poltava pour ses avions ravitailleurs au même titre que les bombardiers alliés qui pilonnent l'Allemagne, refus stalinien.
Alors, Larminat, j'espère avoir un peu mieux étoffé mon plaidoyer pour qu'il convienne à ton post :wink: Et j'en viens à la conclusion que Staline a délibérément laissé l'insurrection polonaise se river le nez, demeurant fidèle à sa politique concernant la Pologne.
Source: Encyclopédie Larousse*Paris-Match de la Seconde Guerre mondiale.