Post Numéro: 200 de François Delpla 29 Aoû 2013, 06:33
Hitler, chef de l'Etat et de l'armée, se doit d'avoir le moral, aux yeux de ceux qu'il rencontre, au début d'une offensive, surtout si pendant deux semaines elle avance comme dans du beurre : pas le moment de cracher dans la soupe !
Le fait qu'il se montre rayonnant (devant qui au juste, tu vas finir par nous le rappeler pour nous permettre de soupeser le contexte, les présents etc.) est logique mais n'apprend rien à l'historien, étant donné ses talents d'acteur : broierait-il du noir, il saurait donner le change, cela lui serait même un stimulant pour paraître radieux. Cependant, il souffre depuis le début de l'offensive, d'après ce que lui-même avoue à Goebbels fin août, d'un genre de désagrément digestif qu'on attribue d'ordinaire à l'angoisse plus qu'à l'enthousiasme.
(ce passage de Goebbels est de ceux qui jurent avec tout ce qu'on avait écrit; ceux qui le remarquent et l'exploitent s'exposent à de l'incompréhension -et la solidité de leur vocation d'historien ou de leur passion pour l'histoire se mesure, notamment, à leur capacité d'y tenir tête)
Je rappelle brièvement ce qui a été apporté déjà dans ce débat et qui pourrait expliquer un abime entre ses tripes et son visage, en tempérant l'euphorie induite par les premiers succès militaires :
-l'URSS fait front;
-Churchill a magnifiquement appelé dès le 22 juin les capitalistes du monde entier à ne pas tomber dans le panneau de l'anticommunisme et effectivement peu soutiennent publiquement cette "croisade" en dehors des territoires soumis au joug allemand;
-en Angleterre même, un Barbarossa si bien parti devrait changer le statut de Hess, et faire du prisonnier un interlocuteur qu'on tire de son cachot pour lui demander quelles suites Hitler envisage; Hoare, qui a intoxiqué Hitler à la mi-mars (voir nos échanges sur le télégramme Lequio), devrait enfin passer à l'action contre Churchill, il dort ou quoi ?