Post Numéro: 136 de Gardavous 09 Mai 2013, 13:23
Bon, alors je crois qu'il est temps que je raconte mon service militaire. J'ai déserté depuis longtemps le forum et voilà que je découvre ce sujet qui m'inspire !
Je fais partie de la classe 59/1. J'étais sursitaire
Je n'étais pas enthousiaste pour mener la vie de caserne. Aussi ai-je eu l'idée de me faire envoyer dans une station scientifique...des Iles Kerguelen où je savais que des appelés avaient passé quasiment tout leur temps.
Pour être sincère, je me suis fait pistonner par Paul-Emile Victor, par l'intermédiaire d'une relation de travail.
Condition nécessaire: Il fallait que je sois incorporé dans l'armée de l'air.
Me voilà donc en février 1959 à la Base d'instruction de Compiègne (Royallieu), connue pour avoir servi autrefois d'antichambre des camps de concentration. ( Son commandant s'appelait Führer, ça ne s'invente pas. Il avait un dada: Il voulait remplacer le mot "corvée" par "service". Il avait fait installer des hauts-parleurs dans les piaules, mais ils ne marchaient jamais) Michel Drucker y a fait ses classes quelques années plus tard, et dans ses mémoires se plaint du régime dur qu'il y a supporté, ce en quoi je trouve qu'il exagère, car c'était un repaire de planqués)
2 mois de classes. J'ai tiré quelques balles de MAS 36 dans le stand; je crois que je faisais peur aux gradés. Le lieutenant m'a qualifié de "soldat d'opérette". J'ai tiré aussi 1/2 chargeur de MAT 49.
Et puis, chacun a reçu une affectation. La plupart au ministère de l'air à Paris.
Ayant demandé la spécialite "météo" comme me l'avait recommandé PEV, j'ai été affecté...au centre météo (civile) de Rennes. J'ai fait là ma formation d'aide-météo sur le tas. Aide-météo, c'est beaucoup dire: J'étais au standard, et il s'agissait de noter très vite les observations qui arrivaient toutes les heures de la région Bretagne. Puis je fus envoyé à l'aéroport d'Orly, où je "pointai" des cartes.
Un beau jour de janvier 1960, 3 de mes camarades furent convoqués au bureau du chef de station. Ils en ressortirent 5 minutes plus tard la mine déconfite: Ils étaient désignés pour rejoindre la base de Reggane où les essais allaient commencer. Je ne pus m'empêcher de lâcher à la contonnade: "Oh, ben moi, ça me plairait bien d'aller faire un tour au Sahara".
J'étais en permission quelques temps plus tard, quand je reçus un télégramme officiel m'invitant à me présenter à la direction de la météo nationale,( qui se trouvait à l'époque quai Branly) "en vue d'une mission"'.
Là, Un homme qui était apparemment l'un des grands patrons de la météo me tint ce langage: L'un de vos camarades ne se sent pas bien à Reggane, et il demande à permuter avec vous puisque vous êtes volontaire.
Je protestai mollement.
Pendant l'entretien, un autre homme est entré dans le bureau, à qui le premier a annoncé qu'un autre essai nucléaire aurait lieu prochainement. J'ai appris aussi à cette occasion où était passé le nuage radioactif du premier essai. Toutes choses que mes oreilles n'auraient pas dû entendre...
J'ai été plus long que prévu; si vous voulez savoir la suite, ce sera pour une prochaine fois...
Bon après-midi