fanavman a écrit:A propos de la possible importation d'I-16, j'ai l'impression que vous oubliez l'aspect politique de la chose....
Disons qu'on ne l'avait pas encore abordé. C'est pourtant ça qui a fait échouer la transaction.
C'était difficile, vu l'opposition qu'auraient fournis les constructeurs français.
Oui ben, s'il y en a qui n'ont pas voix au chapitre... Ils partagent
l'entière responsabilité de ce qui s'est passé avec les politiques. Pensez donc 146 chasseurs produits en 1937 et 131 en 1938, c'est un peu du foutage de gueule, compte tenu que l'URSS a sorti 1 881 I-16 en 1937 dans
une seule usine, la N°21 de Gorky, c'est dire si la saturation était loin d'être atteinte.
Car pour avoir perçu tout le fric du plan I, ça oui, ils l'ont fait. Par contre ils n'ont dépensé qu'une mince partie de la somme, incapables de fournir les quantités demandées.
A celà, j'ajouterais qu'ils savaient fort bien ne pas pouvoir assurer à la signature du contrat les commandes. Il y a donc faute morale et nuisance (sabotage) à l'effort de guerre de la nation pour lequel ils méritaient de passer devant un tribunal.
Les commandes se seraient faites sur l'excédent qui n'a pas été dépensé dans les délais, donc sans préjudice pour l'industrie française.
Denain y avait déja pensé en 1934. Cot voulu aller dans ce sens en 1937, suite aux interpellations du sénateur Amaury de la Grange sur le sujet au Parlement et surtout du fait de la "crise des moteurs" ; il passa d'ailleurs des commandes. Mais pour tous les deux, les réticences étaient trop fortes : parlementaires, et surtout industriels. Cot, de son côté, échoua du fait des réticences du ministre des finances.
Oui l'instabilité politique et aussi l'une des raisons. Deux choses, les réticences sur intérêt personnel
et l'échec des plans de réarmement français. Reste à savoir ou mettre la priorité. Pour moi c'est clair...
Les commandes de 1938-1939 n'ont été permises que par des actions déterminées et surtout faites en secret de la part des partisans de cette politique. Cela aurait été impossible à mon avis autrement : les achats de 1938-1939 ont vu tout de même une sacré opposition:
-aux USA, des isolationnistes
-en France, du lobby des industriels (surtout Paul-Louis Weiller), soutenu par les principaux organes aéronautiques (Comité du matériel, Services Techniques, Commission de l’Air de la Chambre), l'Etat-major et surtout le ministre des finances Paul Reynaud
Et cette opposition ne s'est faite jour que parce que les tractations, auparavant secrètes, ont été mises à jour à la suite d'un accident aux USA ayant entraîné la mort d'un français. Si ces tractations n'avaient pas été, dès le départ, secrètes, je pense que de tels achats aux USA n'auraient jamais pu avoir lieu....
Et pourtant, le contexte d'après Munich aurait pu paraître plus favorable....
Juste un rappel, dans une démocratie ce sont les élus du peuple qui décident, pas les lobbies industriels.
L'opinion pensant jusqu'en 1936-1937 que l'aviation française était forte (parce qu'on le lui a rabaché), je vois mal comment elle aurait pu accepter de tels achats, à quel pays que ce soit. Or, beaucoup de politiques et de militaires étaient opposés à une alliance avec l'URSS, dès 1933. Déja que la découverte de la vente du moteur-canon Hispano-Suiza en 1937 par Pierre Cot à l'URSS a provoqué un sacré tôlé chez Henri de Kérillis et l'Etat-major (la vente d'une technologie française à l'URSS)...je n'imagine pas l'effet qu'aurait eu l'annonce d'achats par la France - nation qu'on estime être à la pointe technologique en matière aéronautique - d'avions russes.
Et pourtant, on a bien acheté du matériel américain... Oui enfin c'est pas à l'opinion publique de décider sur quel avion, moi, pilote de chasse je choisis d'aller me battre...ou mourir!
Mosca et Marc, avez-vous des informations sur de possibles achats d'avions russes, et les réactions qui se sont faites jour? Pourquoi la demande de 1937 de I-16 pour essais par l'armée de l'air n'a-t-elle pas aboutie?
Je ne pense pas que le I-16 était la meilleure solution pour l'armée française.
D'abord il était peu stable et difficile à piloter. Ensuite il était mû par un Wright à une rangée dont nul n'avait besoin à l'avenir en raison de son encombrement et donc son mauvais rendement aérodynamique.
Je n'en dirais pas autant du Polikarpov I-17 à moteur Klimov (Hispano) qui avait intéressé le maréchal Franchet (d'Espérey) à l'expo aéronautique de Paris en 1936.
J'ignore ce qui a coincé, cependant le I-17 qui ne s'est jamais retrouvé ni à Villacoublay, ni à Cazeaux pour essais, est rentré à Moscou. Aucun pilote français n'est venu se mesurer en combat aérien face à lui au NII-VVS avec le D-510 -auréolé d'une réputation de médiocrité bien méritée- qui s'y trouvait déjà. En tout les cas la perception inévitable-de quelques roustes par cet engin flirtant avec les 500 km/h par le pauvre pilote sur D-510 aurait eu je le souhaite, un effet salutaire sur le développement immédiat de l'aéronautique française...
Donc si les contact ont été pris, l'affaire a été suivie sans grosse conviction par les deux parties, or il fallait être motivé et convaincu pour faire aboutir le projet.
Personne n'a demandé aux soviétiques si la greffe d'un Gnome sur le I-16 était possible...Ce qui était d'ailleurs le cas, et à moindre frais en plus!
PS: Je ne parle même pas à ce stade de démarche ou de contrat, juste de la chasse à l'info et de la curiosité bien placée .
Après quand on mandate quelqu'un qui a la curiosité d'une nouille et une imagination aussi fertile que le désert de Gobi, ce n'est même pas la peine d'essayer, pour ce genre de mission... Deanain, Franchet, ce ne sont pas Jacques Lecarme ou Kostia Rozanoff, Wibault ou Riffard, hélàs.
Cordialement,