Post Numéro: 93 de norodom 14 Déc 2012, 18:12
Bonjour,
Jacques écrit << laissez le dormir en paix...>>
Fred enchaîne << laissons le reposer en paix >>
Et moi même, il y a trois jours j'avais latinisé par un << Resquiescat in pace ! >>
Sauf que, condamnant le silence des "bosseurs" auxquels j'avais fait appel, j'ai écrit:
<< le combat cessera faute de combattants...>>
Dans cette affaire on n'a guère avancé dans la recherche de la lumière et je crois que ce serait faire offense à Marc, auteur de ce fil, si nous en restions là.
Jacques a fait part de ses sentiments sur l'homme qu'il défend avec justes raisons, mais il n'est pas allé jusqu'au bout... alors je vais prendre le relais, bien que j'ai bien conscience que quelques lignes de mon exposé risquent de le heurter.
Je rappelle encore, que la période que je prends en compte, s'étale de janvier 1942 à février 1943. On comprendra plus loin, pourquoi...
Lorsque François Mitterrand est arrivé à Vichy, ce n'était pas avec un dessein collaborationniste, mais animé par un désir d'action patriotique, pour des raisons que Jacques a exposées.
Pour les plus réticents à comprendre cette situation, il faut accepter que la mission que s'était assignée Mitterrand ne pouvait se conduire qu'à partir d'un cabinet ministériel et non dans la clandestinité où il n'aurait pas disposé du matériel et de la logistique nécessaires et où il aurait pris d'énormes risques.
Pour comprendre la suite, il faut tenir compte, qu'encore de nos jours il est impossible d'imaginer qu'il ait existé à Vichy des personnes (en particulier des militaires) qui menaient une action contre les Allemands. La remarque n'est pas de moi, mais de Pierre Pean.
Ce dernier n'est pas un révisionniste, c'est un Historien, un enquêteur dont l'honnêteté a été reconnue par Mitterrand.
Comment (sommairement) a été conduite dans le temps, la mission de Mitterrand en faveur des prisonniers pendant la période de référence que j'ai citée plus haut ...
Les,12 juin et 15 août 1942, il assiste à deux réunions au Château de Montmaur où il rencontre Antoine Mauduit, responsable du réseau "La Chaîne".
Puis en septembre il affiche ouvertement sa position dans la clandestinité ... on verra plus loin pourquoi ...
En février 1943 on le retrouve à Montmaur et il poursuit avec Mauduit une action, toujours dans le sens de l'aide aux prisonniers, mais sous l'étiquette affichée de la Résistance.
Ensuite, et c'est là que le "mystère" devient plus inexplicable... à la fin du printemps 1943, le Maréchal Pétain lui remet la Francisque en signe de reconnaissance des services rendus.
Là, interviennent mes lignes qui fâchent :
Je suis intimement convaincu que l'action qui a été menée envers les prisonniers, y compris les actions tendant à favoriser leur évasion, est apparue comme étant d'intérêt national et qu'elle a été couverte par Vichy (avec très sûrement des exceptions).
J'en viens à l'évolution du contexte qui a accompagné ce parcours ...
De janvier jusqu'à l'automne 1942 où les Allemands connurent leurs premières inquiétudes sur le front de l'Est et notamment à Stalingrad, l'opinion pensait encore que l'Allemagne était invincible.
L'anglophobie des Français, par le souvenir de la "fuite" à Dunkerque et le torpillage de notre flotte à Mers-El-Kébir était encore présente. L'occupant était supporté, les admirateurs du Maréchal lui restaient fidèles.
Puis, à partir de l'automne 1942, les Allemands connurent leurs premières défaites, les Alliés débarquèrent en AFN le 8 novembre 1942, le 11 novembre ce fut l'invasion de la zone libre.
Les représailles menées par l'occupant se durcirent, les arrestations de Résistants, de Communistes, de Juifs et de Francs-Maçons se multiplièrent ...
Une avalanche d'évènements qui fit basculer l'opinion, et qui fit naître l'Espoir.
Et notre Mitterrand dans tout ça ?
Il était logé à la même enseigne que tous ceux qui ont oeuvré au sein du gouvernement de Vichy. Ils ont été désignés par les Communistes en particulier, comme des collaborateurs à châtier. Les consignes données pour préparer l'épuration radicale ne laissaient planer aucun doute sur le sort réservé aux désignés coupables.
Alors il ne restait qu'une solution ... se retirer du guêpier quand il était encore temps et oeuvrer par la suite pour apparaître en personnage remarqué, du côté des bons.
A ma conviction que j'ai citée ci-dessus, j'ajoute celle que Mitterrand, comme d'autres qui menaient une mission patriotique, ont été mis en garde et préparés à se mettre "à l'ombre" et cela dès septembre 1942.
Ma conclusion :
S'il est une période de la vie de François Mitterrand à inscrire au chapitre des "erreurs de jeunesse", ce n'est pas celle là ... Il a fait plus et mieux que ceux qui n'ont rien fait et qui après la Libération n'ont eu aucun scrupule à tirer les marrons du feu !
J'ai été long, je m'en excuse, mais comment et par quoi raccourcir ...
Cordialement,
Roger