Cher Tri martolod,
Je peux comprendre ton agacement devant les plaintes de Bruno Roy-Henry sur l'ignorance des jeunes d’aujourd’hui et les "carences" de l’Éducation nationales. Mais chronologie ne signifie pas forcément mensonge.
Cher Bruno Roy-Henry,
Non, les jeunes ne sont pas tous ignorants et, s'il y a eu des changements dans les canaux de transmission des connaissances et dans les manières de connaître, cela ne veut pas dire forcément que tout va plus mal. Et, surtout, c'est un magnifique hors-sujet par rapport à ce fil.
Ce genre de hors-sujet est gênant parce qu'on a l'impression que vous considérez que ce que vous dites est une évidence que les bons esprits ne peuvent qu'approuver, ce qui met les personnes éventuellement en désaccord avec vous devant l'alternative de se taire ou de vous suivre dans le hors-sujet.
Or le sujet est tout à fait passionnant, me semble-t-il.
Hier soir à l'émission de Frédéric Taddeï, l'historienne qui a écrit le livre était présente. Ce qui avait l'air de l'amuser, c'est que les régimes successeurs de Vichy ont ignoré ou feint d'ignorer l'héritage de ce dernier.
Il me semble qu'il faut distinguer les mesures caractéristiques de ce régime et qui ont bel et bien été abolies (sur les Juifs, sur l’interdiction des partis, des syndicats et de la franc-maçonnerie, etc. ) des mesures techniques qui parfois s'élaborent sur une longue durée, à travers les régimes. Par exemple, la retraite des vieux travailleurs ou le code de la route étaient cités en exemple, mais je n'ai pas trouvé confirmation de cette
origine pétainiste et je pense plutôt que ce sont des mesures généralement envisagées à cette époque par les gouvernements de tous les pays "développés" à un rythme et en suivant des voies variables et à étudier de près.
Concernant par exemple l'enfance en danger (y compris délinquante), pour avoir étudié un peu la question, j'avais été surpris d'apprendre qu'effectivement le gouvernement de l’État français (j'essaie de ne plus dire Vichy pour voir:-) ) avait pris des ordonnances en faveur de cette "enfance abandonnée", ordonnances reprises ensuite par le gouvernement de la Libération. J'ai même lu que le gouvernement "technocratique" de l’État français avait parfois permis d'aller plus vite et plus efficacement que le système parlementaire.
Je crois en conclusion que, comme tous les régimes, même dictatoriaux, "Vichy" (c'est quand même plus rapide à écrire
) a cherché à adopter certaines mesures "sociales", soit pour mettre en œuvre son propre programme de défense de la famille" (par exemple, l'enfance en danger), soit pour se concilier une partie de la classe ouvrière (par exemple, la Fête du Travail promulgué par René Belin, un ancien de la CGT).
Reste que le bilan législatif de Pétain chef d’État est très négatif et qu'il ne reste aujourd'hui comme "héritage" que des mesures techniques, aucune loi organique, puisque la philosophie même de ce régime était une hostilité aux libertés individuelles.
Renaud