Post Numéro: 53 de Bruno Roy-Henry 20 Fév 2012, 11:00
Le cas le plus célèbre de général Fuyard, c'est celui de Freydenberg, commandant la IIème armée. Avant même que son armée soit coupée définitivement de sa voisine (la IVème armée), le 14 juin à Chaumont, il était déjà rendu à Bourbonne-les-bains, à plus de 200 km du front. Un triste exemple de lâcheté et de déshonneur. Freydenberg ne fut jamais inquiété pour sa vile attitude, ni par Vichy, ni à la Libération.
"Le général Henri Freydenberg est né en 1876 et a fait sa carrière dans les troupes coloniales.
En septembre 1939, il est rappelé de sa retraite, et prend le commandement du corps colonial, puis le 5 juin 1940, il remplace le général Huntziger à la tête de la II armée, celui ci devient commandant du groupe d'armées n° IV.
Le 12 juin devant la pression des forces allemandes, il porte son PC à Chateauvillain (Haute-Marne) à 180 kilomètres de ses unités qui sont au contact des Allemands. Le 13 juin, il ordonne au général Flavigny, chef du 21e CA de se replier "sans préoccupation d'alignement". Le lendemain, l'ordre est renouvellé, Freydenberg porte son PC à Bourbonne les bains sur les arrières de la IIIe armée du général Condé. Celui ci écrit: "J'apprends que Freydenberg est à Bourbonne, loin derrière moi et au milieu de ma zone, à 160 kilomètres de la droite de son front. C'est renoncer à exercer son commandement dans les circonstances où il se trouve".
Les ordres donnés le 15 juin au corps d'armée colonial du général Carles et au 21e CA est de "se replier le plus vite possible sans se préoccuper des voisins". Lorsqu'il apprend l'ordre donné, le général Roucaud (1e DIC) s'exclame :
"La IIe armée s'est repliée très loin et n'a guère de contact avec ses corps d'armée. Le général Freydenberg en sait assez cependant pour se mettre à l'abri et pour recommander au Corps d'armée colonial de foutre le camp !"
Le 15 juin, à Besançon, Freydenberg demande au général Prételat d'être placé en réserve de commandement, Prételat refuse ; malgré tout l'état-major suivra Freydenberg. L'EM de la IIe armée est à Louhans le 17; à Saint Galmier, le 18 ; à Tournon, le 19 juin ; et le jour de l'armistice, l'EM se trouve dans un séminaire à Aubenas !!!
Replacé dans les cadres de réserve en juillet 1940, il décède le 20 août 1975 à l'âge de 99 ans.
Le commandent Valluy, chef du 3e bureau du 21e CA a écrit: "plusieurs milliers d'officier en retraite savent désormais que le chef de la IIe armée a fui". (tiré de Roger Bruge : "les combattants du 18 juin").