Post Numéro: 24 de Enklask 07 Fév 2012, 20:33
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S'il est un domaine, où les faits se doivent de prévaloir sur les allégations, c'est bien celui de l'Histoire. Sur la base d'un tel postulat, il semble possible de porter une critique objective sur le livre d'Yves Mervin "Arthur et David, Bretons et Juifs sous l'occupation". Je ne reviendrais pas sur le titre ayant déjà évoqué le rapport entre les Bretons et les Juifs dans un message précédent. L'ouvrage n'est rien moins qu'un miroir aux multiples facettes, lesquelles présentent les acteurs en situation et dans le contexte de l'époque. Le lecteur ne saura faire l'économie d'un recul dans le temps, effort indispensable à la bonne compréhension des implications des protagonistes dans les évènements de cette période troublée.
La première partie du volume est consacrée aux causes de la Seconde Guerre mondiale, la principale étant Le Traité de Versailles. Les historiens s'accordent généralement sur les effets conjugués des conditions des traités successifs de Versailles, de Saint-Germain-en-Laye, de Neuilly et de Trianon qui ont suscité des rancoeurs parmi les populations des pays soumises aux stipulations, considérées comme excessives, de ceux-ci. Au nombre des réactions, la constitution d'une République rhénane éphémère par des autonomistes allemands, sous la bienveillance de Charles Mangin (général d'infanterie, né à Sarrebourg en 1866, il participe notamment à la bataille de la Marne). Dans le même temps, les revendications politiques bretonnes se font jour, en vain, ce qui a pour effet de susciter des crispations et de faire évoluer des associations à but régionalistes vers des orientations politiques, ainsi naquit le Parti autonomiste breton en 1926 ; parmi les fondateurs figurent Bricler, Debauvais, Drezen, Hemon, Lainé et Mordrel. À ce stade, une question se pose, quel aurait été l'engagement des uns et des autres au cours de la Seconde Guerre mondiale si le gouvernement français avait consenti, même a minima, quelques avancées dans les revendications des Bretons ?
Au nombre des initiatives notables, en faveur de la reconnaissance culturelle bretonne, Yves Mervin évoque les origines de la revue littéraire Gwalarn, en 1925, et la démarche entreprise par son initiateur, Roparz Hemon, dans le but affirmé d'offrir une production couvrant l'ensemble des genres qui donnent à la littérature ses lettres de noblesse. Cette démarche solitaire, presque visionnaire, fit florès ! Yves Mervin, à cette occasion, fait un parallèle avec le renouveau de l'hébreu sous l'influence d'Eliezer Perelman, lequel aura en commun avec Roparz Hemon l'établissement d'un dictionnaire, chacun dans sa langue respective. L'auteur rappelle également la création du mouvement artistique Seiz Breur et son influence dans des domaines aussi variés que la sculpture, la peinture, la gravure, l'ébénisterie, la musique.....
Dans la suite de l'ouvrage, un passage est consacré à la participation de Leo Perutz, écrivain juif autrichien, au Goursez de Bretagne, et aux prémisses du mouvement sioniste. Un autre sur Gerhard von Tevenar est l'occasion de découvrir un personnage poursuivi par des controverses tant du côté allemand que du côté français ; membre fondateur de la société allemande d'études celtiques en 1937, il entretiendra des échanges avec des celtisants bretons. Dès 1934, il avait noué des contacts avec Olier Mordrel et Celestin Lainé dans l'esprit du mouvement néopagan initié par Friedrich Hielscher, lequel fut arrêté en 1944 après l'échec du complot contre Hitler.
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