Post Numéro: 145 de norodom 24 Jan 2012, 16:31
@ BRH
Je dois avouer Bruno que j'ai du mal à suivre vos exposés sur ce forum, après avoir lu et relu les longs extraits de l'article que vous avez publié en 2006 dans le n° 48 de la revue "Histoire de Guerre".
Je ne reprends pas ici la totalité de ces extraits, au demeurant tout-à-fait intéressants.
Je reproduis cependant quelques passages qui me paraissent être en rapport avec le contenu de nos derniers échanges:
<< Il est évident qu’un repli des armées de l’Est en Bourgogne était illusoire, compte-tenu du peu de mobilité des divisions d’infanterie et notamment, des régiments d’infanterie de forteresse (R.I.F), sans compter la perte de potentiel de divisions conçues pour manœuvrer autour et à l’abri du béton ! >>
<< Depuis le 21 mai, Weygand –il a remplacé l’incapable Gamelin- s’efforce de ressaisir la bataille pour tenter d’enrayer l’invasion du nord de la France. Mais il n’y parviendra pas, ne pouvant empêcher l’encerclement des meilleures troupes alliées et leur anéantissement en tant que forces militaires organisées et utilisables. >>
<< Le temps manque évidemment pour intégrer cette nouvelle tactique aux différents échelons de commandement de l’armée. Certes, il ne dépendait pas du généralissime de changer le rapport des forces tragiquement obéré au cours des combats de mai : tenir 360 km de front avec –au mieux- une cinquantaine de divisions face à quatre vingt-dix allemandes (6). On ne sortait pas de cette terrible équation. Dans le meilleur des cas, on se battrait à un contre deux ! >>
<< Au reste, Weygand ne se fait aucune illusion. Devant le comité de guerre, il conclut par ces paroles prophétiques : « nous pourrions être crevés (…), dans ce cas, chacune des parties de l’armée se battrait dans les môles jusqu’à épuisement, pour sauver l’honneur du pays. » >>
Il y aurait bien d'autres extraits, mais à quoi bon s'étendre...
Je dois faire un autre aveu, c'est qu'il m'est venu à l'esprit la même réflexion qu'a faite "dynamo"
<< Mais on ne peut aligner les divisions comme des soldats de plomb >>
pour les mêmes raisons que celles qu'il a développées.
Voyez-vous Bruno, dans la prise en compte des éléments qui ont fait la différence dans cette bataille de France, on a mis surtout l'accent sur les effectifs et le matériel lesquels étaient disproportionnés, mais on n'a pas tenu compte d'autres éléments majeurs...
L'extraordinaire maîtrise de l'emploi des matériels, conduite par des cadres pour la plupart jeunes et rompus à toutes les techniques d'une guerre moderne.
Les moyens de communication par un réseau de transmissions moderne servi par un matériel moderne. Ces moyens de communication nous ont fait trop souvent cruellement défaut.
Pour exemple, l'absence de matériel et d'organisation des transmissions entre les blindés et l'infanterie fût une des causes de l'échec de la bataille d'Abbeville, bien que la contre-attaque menée par la 4ème DCR commandée par de Gaulle obtint les résultats positifs que l'on sait.
Autre élément perturbateur, l'encombrement des routes par des colonnes interminables de réfugiés mitraillées sans cesse par l'ennemi. Encombrement qui retardaient la montée des unités vers les zones de combat et surtout le passage en urgence des files de véhicules transportant des blessés vers les hopitaux de campagne.
Tout ce que j'écris là, n'est qu'un hors-d'oeuvre de ce que furent les conditions dans lesquelles des soldats au bout du désespoir, se mirent les tripes au soleil pour défendre la plus petite parcelle de sol de notre patrie envahie par des hôtes indésirables que nous n'avions pas invités.
Alors, quand je lis aujourd'hui, l'évocation de l'écroulement d'un bluff hitlérien, il ne me reste comme conclusion que de vous dire: "Ouvrez toutes grandes les portes du révisionnisme, ce qui est votre droit... je ne m'engagerai pas dans cette voie".