Hitler et la noblesse

pour en revenir au sujet le mépris d Hitler sur la noblesse,ne vient il pas du temps des tranchées?

Plutôt du temps d'après les tranchées, le temps de la défaite.

ou le souvenir des idées de Roehm ?

Le "souvenir" des idées des autres n'a jamais influence le Führer.
Quelles idées de Roehm, au fait ?

La noblesse, qu'elle soit allemande ou autre, ne doit pas trop être envisagée comme un monolithe, ses origines et ses aspirations peuvent être assez variées. Un Horst von Oppenfeld(-Reinfeld) capturé en Afrique du Nord était un anti-nazi d'autant plus évident que sa famille était d'origine israélite, anoblie et convertie au XIXème siècle.
La notion d'aristocratie ou plus large de noblesse éveille généralement des sentiments mitigés et fait l'objet d'une fascination plus ou moins avouable. Je pense qu'Hitler devait sans doute avoir ce genre de sentiments typiques de ce que je nommerais (en assumant un certain simplisme) l'homme de droite. Son entourage n'est d'ailleurs pas exempt de prétentions nobiliaires, Ribbentrop et Goering en étant des exemples évidents. L'essence du nazisme, son obsession d'une race pure peut s'apparenter avec la préservation de la lignée (comme d'ailleurs avec la tradition juive). En même temps, la démagogie nazie trouve avec la noblesse une cible occasionnelle d'autant plus facile que l'appartenance à la noblesse crée souvent une sorte d'assurance généalogique qui se traduit fréquemment par une certaine inclinaison au dilettantisme.
Je me demande si le livre de Fabrice d'Almeida, La Vie mondaine sous le Nazisme, ne serait pas une lecture intéressante dans ce cadre. Je l'ai feuilleté, mais par un de ses accès de pingrerie que je n'explique pas toujours, je ne l'ai pas acheté.

[alfa1965]

Röhm voulait une seconde révolution et remplacer la Reichswehr conservatrice par une armée "populaire" c'est-à-dire sa S.A. Mais la S.A. et ses sbires étaient justes bons à en découdre dans les bagarres de rue, même si il y avait beaucoup d'anciens combattants.
Hitler avait compris qu'il ne pouvait prendre le pouvoir par un putsch et avait besoin de l'appui de plusieurs franges conservatrices comme l'aristocratie, présente dans la Reichswehr, que Röhm détestait.
ALEX

[alfa1965]

Je rajouterai aussi que le président de la République de Weimar continue à s'appeler Reichspräsident, l'armée la Reichswehr, donc même si un retour des Hohenzollern est exclu, c'est dans la volonté du traité de Versailles, il y a toujours cette notion d'empire.

N'oublions pas que Hitler en voulait à Guillaume II d'avoir perdu la Grande Guerre. Il lui reprochait notamment d'avoir combattu sur deux fronts et plus exactement, d'avoir défié l'Angleterre... Quant aux autres rois et Grands-Ducs, ça n'était pour lui que des fantoches qui avaient été incapables d'empêcher la subversion de 1918...

Bonjour,

Röhm voulait une seconde révolution et remplacer la Reichswehr conservatrice par une armée "populaire" c'est-à-dire sa S.A. Mais la S.A. et ses sbires étaient justes bons à en découdre dans les bagarres de rue, même si il y avait beaucoup d'anciens combattants

Attention, Alex, ceci est une légende et qui plus est une légende nazie issue de la nuit des longs couteaux.

On peut dire ce qu'on veut sur le "communiste" Röhm, force est de constater que parmi ses quatre plus proches collaborateurs en 1932, 2 sont comtes (Karl Leon Eduard Friedrich Bernhard Max Graf Du Moulin Eckart et Hans Erwin Karl Ernst Martin Graf von Spreti-Weilbach). Ce qui me semble illustrer assez bien ce que je disais précédemment sur le caractère hétérogène de la noblesse, ainsi que sur la fascination qu'elle exerce...

A l'évidence, la noblesse n'a pas constitué un viviers de choix pour Hitler. Si de nombreux nobles ont reçu des grades ou des postes honorifiques au sein du parti ou de ses organisation (le fils du Kaiser August Wilhelm SA Obergruppenführer en est le plus prestigieux représentant) un nombre restreint ont eu des postes importants : ils ne faisaient pas partie de la haute noblesse à quelques exceptions près.

Au niveau de la Direction Centrale du Parti
Reichsleiter Baldur von Schirach Hitler Jugend plus tard Gouverneur du Reich de Vienne
Reichsleiter Ritter von Epp Reichsleiter Kolonialpolitische Amt der NSDAP et Gouverneur du Reich pour la Bavière
Au niveau des Directions Régionales du Parti
Gauleiter von Corswant Poméranie
Gauleiter adjoint von Allwörden Hambourg
Au niveau des organisations du parti (SS, SA, NSKK, NSFK) un certain nombre de représentants au niveau des directions régionales
Himmler est celui qui a nommé le plus de nobles à la têtes de SS-Oberabschnitt (directions régionales SS) ou postes de HSSPF en territoires occupés
Freiherr von Eberstein Munich
ErbPrinz (Prince Héritier) Waldeck Pyrmont Kassel
Graf von Bassewitz Behr Hambourg
von Woyrsch Breslau
von Alvensleben Dresden
Graf von Pückler Burghaus Minsk
von Gottberg Minsk
au niveau de la Reichsführung SS
von Herff à la Direction Centrale du personnel

La SA, le NSKK (corps motorisé) et le NSFK (corps d'aviateurs) ont egalement recrutés quelques nobles à des postes importants
Hans von Tschammer und Osten a cumulé des fonctions administratives et politiques Leiter de l'entrainement Physique à la Hitlerjudend et à la Direction de la Jeunesse du Reich mais également responsable du sport au Front du Travail (DAF)
von Renteln chef de la Cour Suprême du DAF
Ritter von Denke Chef d'Etat Major du NSKK
von Bayer-Ehrenberg Chef de la Direction du Sport au NSKK
vize admiral von Trotha Chef des Marine-HJ
von Jagow chef du Groupe SA de Berlin
von Aulock chef du Groupe NSKK de Berlin
von Obernitz chef du Groupe SA de Nuremberg
von Bülow Chef du Groupe NSFK de Hambourg
Prinz von Hessen Chef du Groupe NSKK de Frankfurt a Main
von Barisani Chef du groupe NSKK de Vienne
Finck von Finkenstein Chef du Groupe SA à Breslau
von Eschwege Chef du Groupe NSFK de Kassel

En voilà des précisions précieuses !
Hitler a une mentalité des plus aristocratiques et il lui plaît fort d'intégrer des nobles dans les rangs de ses partisans (à preuve, la politique de recrutement de Himmler, qui ne fait pas un pet de travers sans que le maître ait calculé l'angle) , pourvu qu'ils ne se croient pas sortis de la cuisse de Jupiter mais plutôt de la sienne.