Post Numéro: 103 de Joe 25 Oct 2011, 21:27
Personnellement je n'ai aucun problème avec les choix du PCF avant et pendant la Seconde Guerre mondiale. Effectivement, le PCF a réorienté sa stratégie à l'automne 1939, possiblement à la demande du Komintern :
- Avant 1939, et particulièrement en 1938, le PCF est favorable au réarmement de la France, et Maurice Thorez critique le "défaitisme" des futurs munichois. La ligne est celle de la défense nationale. Cette ligne est tenue dans l'Humanité même après la signature du pacte germano-soviétique, jusqu'à l'interdiction du journal (cf. Georges Vidal)
- Après l'interdiction du parti, les circonstances confirment que la France n'a absolument pas l'intention de réaffirmer le traité d'assistance mutuelle qu'elle avait signé avec l'URSS en 1935. A commencer par les mesures internant les députés communistes, et le décret Sérol du 10 avril 1940. Comme le dit François Delpla, les dirigeants français ont préféré menacer l'URSS, notamment en soutenant la Finlande, et - totalement inexcusable - en préparant l'attaque, avec les Britanniques, de la région de Bakou. Pendant ce temps aucune action d'envergure n'était envisagée contre l'Allemagne... Incroyable n'est-ce pas ? Dès lors, il était tout à fait normal, légitime, que le PCF analyse la guerre comme une guerre "impérialiste", et incite même au sabotage du matériel destiné à combattre l'Union soviétique.
Le sabotage n'était pas (pas seulement) un acte isolé pratiqué par l'ouvrier d'extrême-gauche coupé du Parti communiste. Il y a très certainement eu des directives, même limitées, car c'est la conséquence d'une analyse en termes de "guerre impérialiste". Cependant ces sabotages n'ont jamais visé les soldats français face à l'Allemagne. C'est là toute la différence. C'est sur cette différence que jouent les détracteurs du communisme aujourd'hui en amalgamant tout et n'importe quoi, et en faisant croire que la "drôle de guerre" était une guerre antifasciste.
Est-ce que ça a eu un impact sur la défaite française en 1940 ? Ça n'a sans doute pas aidé, mais les sabotages ont a priori été très faibles, et en tout cas incomparables à ceux organisés par les trusts (cf. l'ouvrage Le choix de la défaite d'Annie Lacroix-Riz) ou bien à la désorganisation des Etats-majors et au défaitisme, dont Marc Bloch nous a laissé un témoignage exemplaire.
Une bonne question cependant : y a t-il eu sabotage communiste pendant la guerre contre l'Allemagne, la guerre véritable, ou bien seulement pendant la drôle de guerre ? Personnellement je n'ai pas de réponse, et il faudrait que je me renseigne. Car ça change tout.