Post Numéro: 178 de le pitaine 04 Oct 2011, 10:10
LE 2e DRAGONS FACE AUX ALLEMANDS
Le 11 novembre 1942, en violation des conventions d'armistice, l'armée allemande (groupe d'armées FELBER), envahit, à grand fracas, la zone non occupée (1). L'évènement, considéré du seul point de vue local, est d'importance. L'artère principale du département, la R.N. 124, mais aussi la R.N. 654, de Condom à L'Isle-Jourdain, sont sillonnées, d'ouest en est, par les éléments motorisés de la Wehrmacht. La population est sidérée. Plus de deux ans après l'armistice, elle découvre l'armée allemande et sa force mécanique apparemment intacte. Sur son passage, on a vu des germanophiles exulter, comme à Saint-Puy, tandis que certains Italiens, se sentant, à l'instar de leur pays, les alliés de l'Allemagne se croient tenus d'offrir à boire aux envahisseurs. Ce fait marquera pour longtemps l'opinion. La surprise est partout, sauf chez le Colonel SCHLESSER, commandant le 2ème régiment de Dragons, qui a placé des agents, le long de la ligne de démarcation entre Aire-sur-Adour et Mont-de-Marsan, pour le prévenir de l'éventualité d'une invasion attendue depuis le débarquement des Alliés en Afrique du Nord, le 8 novembre. Aussi, est-il en mesure d'annoncer lui-même, dès 6 heures du matin, à la 17ème région militaire de Toulouse, la nouvelle de cette invasion. La veille, il a eu connaissance des directives de l'Etat-Major de l'armée, enjoignant aux troupes de l'armée d'armistice, de quitter leurs garnisons, en cas de franchissement de la ligne de démarcation par des troupes "étrangères". Tout le régiment est en alerte. L'escadron motorisé, commandé par le Capitaine BRIDOUX (2), quitte Auch, pour occuper de nouveaux emplacements. Cependant, vers 9 heures, arrive par téléphone l'ordre de la 17ème région de ne pas sortir des casernements. Contre son gré, le Colonel SCHLESSER lance à la poursuite du détachement BRIDOUX, l'Adjudant GRATTARD, qui le rattrape aux environs d'Aubiet. L'escadron rentre au quartier par une route secondaire car les colonnes allemandes approchent. Mais ce jour-là, les Allemands ne s'attardent pas. Leur objectif est Marseille. Ils n’ont pas pénétré dans le quartier Espagne, où cependant l'atmosphère reste fiévreuse. Le maximum de matériel est sorti de la caserne, côté route d'Agen, pour être camouflé dans les environs de la ville : armes, véhicules, instruments d'optique, postes de radio, effets d'habillement, chevaux mêmes. Le 27 novembre, est la date officielle de la démobilisation du régiment. Dans l'après-midi, les Allemands font irruption dans la caserne, en formation de combat. Le Colonel refuse de recevoir le commandant allemand; son second, le Lieutenant-colonel de la MAISONNEUVE, qu'il lui délègue, obtient un sursis pour le régiment de 48 heures. Aidé de son état-major, il met à profit ce laps de temps pour s'occuper des démobilisés. Afin de leur trouver du travail, il entre en rapport avec les administrations : Eaux et Forêts, Ponts et Chaussées, notamment. Une centaine d'emplois sont trouvés. Le dimanche 30 novembre, a lieu une émouvante cérémonie, "les adieux à l'étendard". La population auscitaine y a été conviée. Devant ses hommes, le Colonel SCHLESSER prononce une allocution (1). C'est un appel à peine dissimulé à la résistance. Il fait grosse impression sur l'assitance, autant civile que militaire. Le 2ème régiment de Dragons parti, un régiment d'artillerie allemand prend possession du quartier Espagne. D'autres éléments s'installent à la caserne Lannes. Tout le matériel militaire français qui n'a pu être soustrait : camions, chars, motos, cuisines roulantes, outillage, etc..., est amené à la gare d'Auch et chargé sur des trains, par les Allemands.
1) Opération prévue par le plan ultra secret, dit "Anton", du 29 mai 1942.
(2) Fils du ministre de la guerre du gouvernement de Vichy, le Général BRIDOUX. Il s'engagea, plus tard, dans la Légion des Volontaires Français contre le bolchévisme et périra, selon toute vraisemblance sur le front russe.
2° régiment de Dragons
"da materiam splendescam"
(condé-dragon 1635)