QU’APPELLE T’ON MAQUIS ? C’est l’existence de groupes armés clandestins implantés et développés pendant l’occupation allemande dans des zones isolées. D’abord, pour soustraire des hommes recherchés. Puis, pour engager aux côtés des alliés la lutte armée contre l’occupant et les forces de maintien de l’ordre du gouvernement de VICHY.
LOCALISATION DES MAQUIS En région Languedoc, l’installation de maquis a lieu d’abord dans les régions montagneuses des Cévennes, de la Montagne noire, du nord de l’Hérault de la Lozère et Aveyron. Elle commence réellement à l’invasion de la zone libre à partir de janvier 1943.
Il serait erroné de circonscrire l’histoire des maquis à un seul département. Pour les besoins opérationnels ou tout simplement pour échapper aux poursuites, les maquis recherchent la mobilité. Les limites départementales n’ont pas de sens dans une organisation qui ne répond pas à une structure territoriale ou administrative mais à des initiatives de personnalités intellectuelles, syndicalistes, politiques, militaires, patriotiques qui agissent là où elles se trouvent.
C’est la raison pour laquelle, l’étude des maquis du département de l’Hérault n’a vraiment de sens que mise en perpective dans la région R3 (dénomination FFI Languedoc-Roussillon actuel + Aveyron).
Jusqu’au début des années 44, différents mouvements se sont côtoyés sur le terrain en s’ignorant mutuellement. Peu à peu, sous l’impulsion de leaders qui ont la stature de chefs, ils ont ressenti la nécessité de se grouper sous une même autorité. Ils seront plus efficaces mais aussi plus vulnérables.
CONSITUTION des MAQUIS – REGROUPEMENT - MONTEE EN PUISSANCE Les maquis, on le comprend bien, ne sont pas nés spontanément après la défaite de nos armées. L’appel lancé de LONDRES, le 18 juin 1940, par un général inconnu, est passé d'abord inaperçu. IL s'adressait d'ailleurs à ceux qui pouvaient se rendre à LONDRES ou qui se trouvaient dans les territoires d'Outre-Mer.
Résignés, les Français font confiance au vieux maréchal PETAIN. Il incarne le prestige du vainqueur de VERDUN, la légalité, et a su mettre fin au désastre militaire à des conditions honorables.
Il fait figure de sauveur de la patrie. Les Français attendent de lui, l’adoucissement de la dette de l’occupation, la suppression de la ligne de démarcation, l’allégement des réquisitions et surtout le retour des prisonniers de guerre dans leurs foyers (1.350.000 environs).
Aussi "l’entrevue de MONTOIRE" entre HITLER et le Maréchal PETAIN en octobre 1940 a réveillé beaucoup de français. La voie de la collaboration ouverte avec l’ennemi est ressentie comme une trahison par certains, comme une ruse par d’autres. L’enthousiasme cède à la méfiance et à la révolte.
L’idée de la résistance armée fait son chemin. En zone libre, à MARSEILLE, le capitaine Henri FRENAY, officier de carrière en congé, crée fin 1941 le mouvement Combat avec Berthy WILD alias ALBRECHT à partir de la fusion des journaux Vérités et Liberté. Il a des contacts dans tous les milieux et charge un avocat replié à MONTPELLIER, Jacques RENOUVIN, de constituer des Groupes Francs dans la zone libre.
L’invasion de la zone libre, en novembre 1942, en violation du traité d’armistice, a accru le sentiment de trahison et de révolte. A côté des groupes francs, qui procédaient à du sabotage en milieu urbain, industriel ou sur les installations ferroviaires, s’implantent dans les lieux isolés des groupes armés de toute obédience.
Les militaires de l’armée d’Armistice devenus disponibles, donneront l' encadrement aux réfractaires au S.T.O (service du travail obligatoire en Allemagne, loi décrétée par VICHY en février 1943 ) qui fourniront les gros bataillons de maquisards.
FRENAY, de "Combat" sera à l’origine des M.U.R. (mouvements unis de la résistance) en rapprochant, en janvier 43, les principaux mouvements de la zone sud (Combat, Libération Sud et Franc-tireur). Il avait rencontré en octobre 1941 Jean MOULIN. Entre les deux hommes, il y a désaccord sur la stratégie. A son retour de LONDRES, FRENAY s’effacera devant MOULIN consacré émissaire du général de GAULLE .
MOULIN présidera à la création du Conseil National de la Résistance (C.N.R.) qui définira le programme social et économique. Toutes les composantes de la Résistance, sauf l’O.R.A., (organisation résistance armée) sont représentées en 1944 au sein de cet organisme qui apporte son soutien au général de Gaulle pour préparer les futures institutions.
Le COMAC, émanation du C.N.R. sera l’interface entre la résistance intérieure et l’armée de la France Libre en compétition et parfois en opposition avec les directives de l’état-major FFI du général KOENIG et des D.M.R (délégué militaire régional).
L'Armée Secrète (A.S)* branche armée des MUR se constitue. Le commandement national est confié au Général DELESTRAINT, officier de carrière traditionnel. Elle cohabitera avec l’O.R.A. et les F.T.P. (francs-tireurs partisans) qui ont leur propre hiérarchie. Tous trois adhéreront en 1944 pour former les FFI.
LA STRATÉGIE – GUERILLA La stratégie générale est définie par les alliés qui seuls disposent des gros moyens militaires pour abattre le géant allemand,les italiens et japonais. Le général DE GAULLE, militaire de carrière, compte d’abord sur l’armée des F.F.L. et d’Afrique. Mais, la résistance intérieure est un levier redoutable contre un ennemi puissamment armé mais lourd de son organisation et des ses équipements, dont il ne peut se passer. C’est la lutte de David contre Goliath.
Ces groupes pratiquent la guérilla, forme de combat qui consiste à frap-per par surprise là où se présente une faiblesse. La technique : embuscades, actes de sabotage, attentats individuels, vise à créer un climat d’insécurité et de terreur auprès de l’ennemi confronté constamment à un adversaire invisible, cloisonné, anonyme mais toujours présent.
Elle ne nécessite pas un armement lourd ni une logistique encombrante (armes légères automatiques, grenades, explosifs). Mais elle requiert beaucoup de mobilité, de sang froid, d’initiative individuelle et une bonne connaissance du terrain. Après l’attaque, le groupe organisé en trentaine ou centaine se disperse rapidement dans la montagne toujours prêt à se regrouper pour de nouvelles actions.
Ces actions supposent une grande autonomie et une immersion quasi totale dans la nature à l’écart de la population. Cela implique la recherche de véhicules, vivres, carburant auprès de particuliers par le jeu impopulaire des réquisitions. Parfois, des braquages de postes ou bureaux de tabac, assimilés à des actes de banditisme amplifiés par la propagande allemande, ont contribué à jeter le discrédit sur certains maquis.
ORGANISATION Elle est consécutive à deux concepts militaires :
Les uns sont partisans de l’intervention militaire au J – (jour du débarquement allié ) – selon des plans préétablis et coordonnés avec les alliés. C’est le concept développé par le général de GAULLE, mis en application avec plus ou moins d’efficacité par le général KOENIG, chef d’état-major FFI nommé par de GAULLE.
La complexité des réseaux, rend en effet les communications difficiles. La TSF permet, sur ondes courtes, de recevoir des messages de radio Londres pour des missions urgentes préétablies selon des noms de code.
Ce concept tient compte des représailles sanglantes exercées par les troupes allemandes auprès de la population environnante des lieux de combat. Ne pas faire subir à la population, déjà éprouvée par l’occupation, des souffrances supplémentaires.
Des Centres mobilisateurs sont organisés dans des fermes isolées. Quelques permanents sont chargés de recevoir les parachutages, garder les armes, stocker les équipements et le matériel, assurer les liaisons et l’instruction, recevoir et équiper les maquisards. Les convocations sont organisées et des systèmes de ramassage mis en place.
Les autres sont partisans de l’action immédiate et révolutionnaire menée intensément. C’est l’insurrection du peuple qui doit se libérer dans une sorte de purification idéologique. Cette conception radicale, courageuse mais désordonnée, a conduit beaucoup de jeunes au poteau ou à la pendaison, à la déportation, sans que les Allemands aient à souffrir d’actions non maîtrisées.
Bien entendu, les doctrines ne sont pas aussi radicalement établies. Dès le débarquement en Normandie, le 6 juin 1944, les maquisards sont à leur poste prêts à mener les actions qui vont retarder ou empêcher les unités allemandes de rejoindre le front de Normandie.
La difficulté première pour les maquis est d’éviter les rassemblements importants. Se réfugier dans des fermes isolées ou abandonnées. Pouvoir les abandonner à la moindre alerte. Ce qui suppose la recherche permanente de lieux de rechange et explique la mobilité des maquis qui ne connaissent pas les limites départementales.
Les responsables des maquis, conscients du risque qu’ils font tenir à la population environnante, acceptent au prix de leur propre sécurité de se déplacer, tels le maquis Bir Hakeim, les Corsaires, le maquis de l’Aigoual Cévennes. Dans la plus part des cas, la population ignorant les avis des Maires et conseillers municipaux, prend des risques pour ravitailler et renseigner le maquis.
L’apport des réfractaires au Service du Travail Obligatoire en Allemagne (S.T.O.) et plus tard des gendarmes et des jeunes des chantiers de jeunesse a posé dangereusement le problème de l’hébergement et du ravitaillement. Contraints de s’organiser, les maquis deviennent plus repérables et vulnérables à la dénonciation.
Tout excès de ravitaillement et de consommation anormale de tickets d’alimentation est rapproché des mouvements suspects d’individus dénoncés par les collaborateurs ; autant d’indices exploités immédiatement par les Allemands ou les miliciens qui montent des opérations très ciblées.
Ces impératifs d’isolement, pose aussi le problème crucial du ravitaillement en armes, munitions, bois de gazogène, essence et véhicules.
L’ARMEMENT L’armement est constitué d’abord de bric et de broc. Il s’agit d’armes camouflées par l'armée d’armistice, soustraites au cours d’embuscades tendues aux miliciens, gardes mobile, troupes allemandes. Mais les parachutages alliés ont été l’une des actions vitales sans laquelle les maquis auraient été inopérants. Dans le temps, ils ont permis de standardiser dans une certaine mesure l’armement.
Le parachutage d’armes et d’équipements se fait à l’aide de "containers". Les armes et explosifs sont adaptés à la guérilla.
Pistolet-mitrailleur anglais STEN,
Fusil-mitrailleur BREN
Mitrailleuses browning américaine,
Fusil bren anglais,
Colt américain 45,
Mortiers de 30 ou 60m/m,
Grenades défensive US et anglaise
Pain de TNT, différents allumeurs
Quelques armes de l’armée française soustraites aux garde-mobiles, ou aux inventaires de la Commission d’armistice :
Mousqueton
Pistolet-mitrailleur MAS 39
Fusil MAS 36
FM 24/29
Mitrailleuse HOTSCKICH
Grenades
On trouvera au Musée une panoplie d’armes et d’explosifs également les schémas indiquant la mise en œuvre pour le sabotage des rails de chemins de fer (allumeurs, explosifs, détonateur, mèches et cordeaux détonants)
LES TERRAINS DE PARACHUTAGE - COMMUNICATIONS C’est avec un soin particulier que les terrains de parachutage sont choisis en collaboration avec des missions alliées appelés " jadburgh" et homologués à LONDRES soit auprès du BCRA (Bureau Central de Renseignement et d’action) sous un nom de code (limaçon, rabelais, sculteur)., soit auprès des services de renseignements alliés :
- Spécial Opérations Exécutive (SOE) créé en 1940 par les britanniques
- Office of Strategic Services (OSS) pour les américains
On trouvera au Musée de la résistance le plan des terrains de parachutage et on constatera avec surprise leur densité.
On n’insistera jamais assez sur l’importance des missions alliées de 3 ou 4 membres, dont bien souvent un français, qui assurent les communications radios et contribuent à une certaine régulation des parachutages. Ils sont aussi de précieux instructeurs et conseillers militaires, notamment pour la mise en œuvre des explosifs.
On trouvera ces différentes postes émetteurs au musée du CRHRD et des insignes, lettres, souvenirs des hommes parachutés en Languedoc pour le compte des SOE ou OSS.
LES RENSEIGNEMENTS La guérilla suppose des renseignements sur les intentions de l’ennemi, ses déplacements.
Le Noyautage des administrations publiques (N.A.P.) entrepris par des fonctionnaires résistants est une action délicate mais importante qui permet de disposer dans l’administration, la police, la gendarmerie, des complicités nécessaires pour obtenir des laissez-passer, de faux tickets d’alimentation, de fausses cartes d’identité.
Le N.A.P. permet de débusquer aussi des collaborateurs zélés. Se croyant à l’abri de leurs fonctions, ils seront châtiés sévèrement. Des actions punitives sont menées contre les plus compromis, d’autant plus dangereux qu’ils bénéficient de la respectabilité publique.
On comprend dans ce contexte de haine, les excés des actions punitives lancées de part et d’autre à la suite de dénonciation. Les uns dénonçant aux allemands, les autres aux maquis, certains dénonçant aux uns et aux autres. Toute une littérature spécialisée, à lire avec prudence, a épuisé le sujet d’une manière parfois complaisante.
Il n’en reste pas moins que certains fonctionnaires jouant le double-jeu, parfois le triple-jeu, donnant des gages à la résistance et des renseignements aux allemands, ont échappé à l’épuration. Certains seront confondus plus de trente ans après les événements (affaire BOUSQUET, affaire PAPON).
LA REPRESSION Les services de propagande du gouvernement de VICHY et les Allemands ne cesseront de condamner et traquer les mouvements de résistance sous l’appellation de bandits, terroristes, communistes à la solde de pays ennemis (l’Angleterre), d’appeler la population à les dénoncer et organiser avec les Allemands des expéditions en vue de les réduire.
Les Anglais sont présentés comme les ennemis héréditaires des français qui profiteraient de la situation pour faire main basse sur nos colonies. Des actions psychologiques visant à flatter l’orgueil national sont menées, telles le rapatriement en grande pompe des cendres de l’Aiglon (fils de Napoléon) entreposées à Vienne à la crypte des Capucins.
Les Allemands se présentent comme les champions de la lutte contre le bolchevisme et incitent le gouvernement à prendre toutes les mesures pour participer à l’effort de guerre économique (réquisitions, appel aux travailleurs volontaires et bientôt obligatoires). Une division militaire (division SS Charlemagne) est constituée de volontaires français pour se battre sur le front Russe. Les communistes sont donc particulièrement traqués par les Allemands et par le gouvernement de VICHY et seront l’objet des châtiments les plus durs.
Enfin, il faut souligner que dans le cadre de la convention d’Armistice et celui de la collaboration, le maquisard ne bénéficie pas de la protection juridique due aux combattants par la Convention de Genève. Depuis l’Armistice, la France n’est plus en état de guerre. Pris les armes à la main, le "franc-tireur" n’est pas considéré comme un combattant au sens juridique du terme et peut être exécuté sur-le-champ.
En outre, les services de police allemande et française procèdent à des rafles à la sortie des cinémas ou de spectacles. La plupart est relâchée mais certains d’entre eux sont retenus comme otages dans les geôles de la gestapo ou de la milice, d’autres sont déportés en Allemagne.
A l’approche du débarquement, quand l’action militaire des maquis s’intensifie, des pendaisons auront lieu à NIMES, des exécutions capitales à BEZIERS, MONTPELLIER.
LES RESULTATS MILITAIRES - COORDINATION Les résultats ne se mesurent pas en terme de bilans de pertes infligées à l’ennemi comme il est d’usage de le faire dans les unités de l’armée régulière. L’effet psychologique est aussi important que les pertes humaines ou matérielles. La combinaison coordonnée d’actions de la guérilla, qui se réalise à la date du débarquement, oblige l’ennemi à abandonner certains axes de circulation jugés dangereux, à concentrer ses forces dans des garnisons, à protéger les installations nécessaires à son ravitaillement et à ses déplacements (rails et routes).
Ce sont ces actions concertées entre alliés et maquisards de la région qui permettront en août 44 de dérouter vers le Nord de Montpellier sur des itinéraires secondaires, le repli et la destruction d’un fort potentiel ennemi. Ils épargneront probablement MONTPELLIER de rencontres sanglantes.
Enfin, il faut réaliser que la coordination du commandement de ces maquis a demandé de gros efforts et des risques énormes pour organiser des rencontres entre chefs, établir des protocoles, des répartitions équitables d’armes et de matériels.
LA STRATÉGIE Contre les maquis, les Allemands développent plusieurs tactiques :
- la propagande, radios, affiche auprès de la population pour dénoncer la résistance comme des actes de banditisme (la lutte contre le bolchevisme est honorée comme le sacrifice du soldat allemand, les travailleurs français doivent participer à cet effort )
- le renseignement à partir des maillages de police allemande et française, de dénonciation de collaborateurs.
- arrestations, tortures, exécutions, déportation
- des opérations militaires
- des représailles sur la population civile
Le centre régional d’histoire et de la résistance vous permettra dans un parcours initiatique constitué de panneaux et d’objets de collection, d’audio-guides, seuls ou sous la conduite de personnels du Musée, d’en connaître un peu plus sur cette triste période.
N’hésitez pas à nous faire part de vos commentaires et de vos observations. Nous sommes là pour comprendre, à partir d’une vision des faits bien établis, comment et pourquoi des français mais aussi des étrangers ont contribué au péril de leur vie à "prendre le maquis".
Cet article a été rédigé par René BRUGIE
selon les témoignages directs d'anciens résistants
Le Maquis Bir-Hackeim Maquis Bir-Hakeim - Bataille de 1942
Depuis Mars 1943 et l’instauration du S.T.0., de nombreux maquis ne cessent de se développer dans la région R3, c’est-à-dire dans la région de Montpellier. Le maquis Bir Hakeim et le maquis Aigoual-Cévennes en sont deux exemples.
Il est créé durant l’été 1942 par le commandant Rigal, chef de l’armée secrète de Toulouse, et par Jean Capel, dit commandant Barrot, originaire de Lamalou-les-Bains et issu du mouvement Combat. Ces deux hommes, aidés par Couci, instituteur à Montpellier, recrutent des jeunes hommes pour former à la technique de la guérilla. Ce premier groupe est reconnu par l’armée secrète le 2 juin 1943. Christian de Roquemaurel, sous officier de cavalerie, en assure l’instruction. La 1ère base d’instruction s’installe au hameau de l’Estibi, à 15km de Villefranche de Rouergue ; les maquisards sont alors au nombre de 35.
Le 25 août 1943, ce maquis école qui instruit une cinquantaine de jeunes, étudiants de la fac de Toulouse, ouvriers, employés et républicains espagnols, est transféré sur le plateau de Douch, à l’ouest de Bédarieux, dans une zone montagneuse très accidentée. C’est à cet endroit que sera livré l’un des premiers combats important du maquis contre les forces d’occupation.
Pour étoffer ces troupes, le commandant Barrot installe un bureau de recrutement à Montpellier et entre en relation avec un groupe de patriotes dirigé par le capitaine Demarne installé dans la région de Clermont l’Hérault, région située idéalement entre plaine et montagne.
Le maquis Bir Hakeim agrandit son champ d’action et déplace son activité en Ardèche, dans le Gard et en Lozère où il est rejoint par les membres d’un maquis d’antifascistes allemands dirigé par Otto Kühne. Les coups de main, les attaques contre les armées d’occupation se multiplient non sans danger, et attirent représailles, arrestations, fusillades, déportations. Le 12 avril 1944, une importante colonne de 2 000 SS équipée de 100 véhicules d’artillerie mène une attaque contre le maquis ; c’est un échec.
Le 28 mai 1944, le maquis replié à la Parade en Lozère est encerclé. Les maquisards étaient au nombre de 67 ; seuls 8 réussissent à s’en sortir. Le maquis Bir Hakeim est reconstitué par de très rares rescapés sous le commandement du capitaine Demarne, qui parvient à recruter, équiper, armer et instruire une centaine de jeunes hommes. Nombreux sont les habitants de Clermont l’Hérault qui le soutiennent malgré les dangers.
Dans la nuit du 3 au 4 août 1944, un parachutage est effectué près de Gignac. Le commandant Demarne est tué. Le maquis continue ses activités en vue de la victoire finale, dirigé par Rouan dit Montaigne. 120 gendarmes et quelques officiers de réserve se joignent au groupe.
Le 15 août 1944 a lieu le débarquement en Provence, ce qui provoque le repli des troupes d’occupation. La 1ère compagnie Bir Hakeim contrôle la RN9 de Lodève à Pézenas, la 2e compagnie la RN9 de Lodève à Montpellier ; d’autres maquis de l’Aveyron et de l’Hérault sont aussi présents.
Les hommes de Bir Hakeim ont été volontaires, dans l’ensemble, pour continuer la lutte de la libération du sol national jusqu’à la victoire sur l’Allemagne et le Japon. Ils ont été intégrés le 3 septembre 1944 à la brigade Légère du Languedoc crée par Gilbert de Chambrun (Colonel FFI CARREL) pour former le 3e bataillon aux ordres du Commandant Boudet et présents à la 1ère Armée Française au 80e régiment d’infanterie jusqu’en avril 1946, date de la dissolution au Tyrol.
93 membres du maquis Bir Hakeim sont morts pour la France.
Le maquis d’Aire-de-CôteSa vie fut brève et tragique. Fondé en mars 1943, il a été l’un des premiers maquis de la région du Gard. Il était constitué au départ de réfractaires au Service du travail obligatoire, et soutenu à Saumade par son maire, Fernand Borgne.
Le 1er juillet 1943, les maquisards sont surpris par les chasseurs-parachutistes allemands. Le bilan est lourd. Quelques rescapés poursuivent le combat avec le maquis de Lasalle, qui constituera en juillet 1944, avec le maquis d’Ardaillès, l’ossature du grand maquis Aigoual-Cévennes, animé par le chef Marceau.
Au Mas de la Carrière, se dresse une stèle portant les noms des morts du maquis d’Aire-de-Côte. Elle s’élève près de la tombe de Marcel Bonnafoux, le chef Marceau, tombé à l’aube du 10 août 1944 en menant l’attaque du Vigan.
Au Saumane, où est né le maquis Aigoual-Cévennes, une stèle rend hommage à ces combattants de l’ombre.