Pour tranquilliser la population allemande, qui craignait le retour d'une situation comparable à 1914-1918 (enlisement militaire, puis catastrophe économique et défaite), la propagande de Goebbels ne parle pas de guerre mais d'une série de « campagnes militaires » déconnectées les unes des autres. Ce n'est qu'en décembre 1941, quand survient le désastre de l'hiver russe, que le mot « guerre » apparaît dans les communiqués et les journaux. La réalité ne peut plus être masquée à la population d'autant plus qu'il y a eu un hiatus dans les actualités cinématographiques hebdomadaires : un simple soldat interviewé en train de battre la semelle avec d'autres dans la neige, devant un maigre feu, a déclaré que « quand la paix sera terminée », il reviendra voir sa femme et ses enfants.
Cette ironie sur le politiquement correct nazi est passée aux actualités parce que Goebbels a omis de superviser personnellement le montage du journal de cette semaine.
Philippe Richardot, Hitler, ses généraux et ses armées, Economica, 2008, p. 560