Bon, moi je déteste lire du Delpla: il faut peser chaque mot, et ensuite faire toute une recherche bibliographique pour tenter d'essayer d'entrevoir ce qu'il a voulu dire. Ca finit par donner mal à la tête et envie de regarder une émission de téléréalité avec un air abruti, la mâchoire pendante et la bave qui dégouline à la commissure des lèvres.
Bref, on ne peut pas se contenter des quelques bribes d'information qu'il lâche ici ou là, comme un canard sème ses crottes (je sais, je sais, M. Delpla appelera ça des pépites), pour espérer avoir fait le tour de la question.
Pour en revenir au livre de Martin Allen (MA) « Himmler’s secret war : the cover peace negociations of Heinrich Himmler », je vais me permettre de donner à « l’assistance publique » un résumé (très résumé) intéressant l’affaire.
Je sais que l’auteur a reconnu avoir utilisé des faux documents concernant, autant que je sache, la mort d’Himmler. A son insu, affirme-t-il. On peut donc supposer que cette partie est basée sur des documents réels.
En novembre 40, Hoare et son « fixeur» (dixit MA) Hillgarth rencontrent en Espagne un représentant Allemand, directement envoyé par Hitler, Hess et Haushofer, par l’intermédiaire du nonce papal. Le Teuton présente une offre de paix généreuse destinée, non pas à Churchill, mais à un « parti de la Paix ». Le SO1 (du SOE) décide de jouer le jeu et créé ce parti censé être dirigé par Halifax.
L’intox suit son cours et MA décèle plusieurs sorties de Hess qui peuvent correspondre à des rendez-vous avec Hoare (voyages aériens correspondants à des visites de Hoare en Suisse, par exemple).
Problème, ledit Hoare se fait pincer par son collègue en poste en Helvétie, qui demande en haut lieu ce qu’il fait là. Whitehall/Woburn Abbey/Downing Street (?) lui répondent que c’est secret et qu’il n’a pas à s’en occuper, confirmant ainsi qu’il est en mission à leur demande.
Plus tard, il est possible que Hess rencontra Hoare à Madrid, mais les archives de cette période et lieu sont toujours inexplicablement fermées. Hess a néanmoins été en Espagne à cette époque.
Les Nazis devenant de plus en plus pressants, il est prévu une rencontre en Angleterre avec une personne importante qui confirmera le lien Halifax/Hoare. Hoare tire simultanément sur l’hameçon en confiant à Lequia, embassadeur d’Italie à Madrid, qu’il suffit d’un rien pour que Churchill tombe et que c’est lui qui doit prendre la tête du nouveau gouvernement.
Les Anglais attendent l’émissaire Allemand, qu’ils pensent être Ernst Bohle, pour le week end du 10/11 mai. Il est censé rencontrer le Duc de Kent. Le but de Churchill est de convaincre Hitler qu’il aura la paix signée avant son attaque à l’Est, de façon à ouvrir un deuxième front.
Le jour dit, plusieurs personnes attendent de pied ferme à Woburn Abbey, dont Eden, et à Ditchley Park, dont Winston himself et Harry Hopkins. les lumières de l’aérodrome de Dungavel Manor sont allumées… mais s’éteignent au moment ou un avion survole la piste. L’avion s’éloigne.
La suite est connue : le pilote, que MA suppose être celui de l'avion, n’atterrit pas mais se parachute. Ce n’est pas Bohle que les Anglais détiennent, mais Hess. Ce qui met tout en l’air : on ne peut décemment pas le laisser repartir, fusse pour convaincre Hitler d’une paix imminente. Il est trop important.
En conclusion: si MA dit vrai, il existe une opération appelée Messr HHHH destinée à intoxiquer les Allemands en leur faisant croire qu'un parti de la paix est prêt à accepter leurs conditions. Le but serait de leur faire croire qu'ils vont avoir les mains libres à l'ouest pour attaquer à l'est et ouvrir un second front.