Post Numéro: 79 de François Delpla 06 Mar 2011, 17:11
Il a été jusqu'ici assez peu question de la guerre dans la discussion, même si d'aucuns ont rappelé le contexte de défaite et d'occupation. Mais justement pas à propos de la question de la légalité. Or c'est bien l'essentiel.
Il y a des lois et du droit pour quoi faire, sinon, à l'intérieur d'un Etat, pour réguler les relations entre ses citoyens et permettre de gérer la communauté nationale au mieux de ses intérêts ? Or il me semble que l'Allemagne intervient, et pas qu'un peu, dans ce débat-là, en occupant directement les deux-tiers du territoire qui a élu ces parlementaires, indirectement le troisième, et en fournissant des "Ausweis" à ceux qui, pour siéger, ont eu à franchir la ligne de démarcation. Même topo pour la circulation des courriers convoquant ces gens, etc. etc.
Oser, dans ces conditions, baptiser "nationale" une telle réunion et y causer de la constitution du pays présuppose un raisonnement hautement stratégique : Hitler a gagné la guerre, Churchill s'obstine en vain, la reconstruction peut et doit commencer.
Quant aux passagers du Massilia, il ne suffit pas de dire qu'ils ont été exclus à grands coups de mensonges et de manipulations, et que leur vote n'aurait pu inverser le résultat. D'une part, ils comptaient bon nombre de ténors de la Chambre, capables d'y faire l'opinion. D'autre part et surtout, si une majorité ajoutait foi aux calomnies, elle ne pouvait, en droit, faire l'économie de commencer la séance par une levée de leur immunité parlementaire.
L'état de guerre, précisément, et la stupeur par lui induite, ont fait qu'on n'a respecté aucune forme. Alors ne parlons plus de légalité !