Il n'y a pas eu de procès retentissant, pour la simple et bonne raison que Louis Renault n'a jamais été jugé (il est mort avant). Il existe par ailleurs un débat entre historiens sur la question. Pour le reste, la Justice doit-elle dire l'Histoire ? Sans doute pas, mais ce n'est pas ce qu'elle fait dans le cas du Centre de la mémoire d'Oradour-sur-Glane qui a été condamné pour dénaturation grave de la vérité historique.
Quant à la collaboration des entreprises, il faut se garder de généraliser. Seules une cinquantaine d'entre elles, si ma mémoire est bonne, était contrôlée directement par les Allemands, essentiellement des entreprises appartenant à des secteurs clés de l'industrie de guerre comme l'aéronautique et l'automobile. On ne peut donc pas mettre sur le même plan des entreprises qui ont travaillé volontairement pour l'occupant et d'autres qui l'ont fait sous la contrainte, c'est d'ailleurs l'un des critères retenus à la Libération pour effectuer l'épuration économique. Imaginez par exemple une société établie en zone libre qui augmente son chiffre d'affaires avec les Allemands et va au devant des commandes, et une autre qui est réquisitionné, occupée par des contrôleurs allemands et dont la production s'est effondrée pendant l'occupation. Non seulement Renault, mais les autres grandes entreprises automobiles appartiennent à ce dernier cas.
Enfin, la décision de justice, comme l'a rappelé un intervenant, ne se prononce pas sur la collaboration ou la non collaboration de Louis Renault (ce n'est pas son rôle), mais encore une fois sur "la dénaturation grave de la vérité historique" (photographie anachronique, légende erronée...).