Merci de votre remarque M.Jumbo ... pour être franc, je suis en train d'écrire un gros article sur la Ligne Maginot depuis ... 3 ans ! Étant encore lycéen, je ne peux que rarement m'atteler à la tâche, tant et si bien que je n'y ai pas "touché" depuis plus d'un an !
Je tourne autour des 55 pages actuellement ... et je n'aborde pour l'instant que l'aspect technique et non "humain" de la Ligne ! Le travail est loin d'être fini mais je souhaite de tout coeur, un jour, le voir sur Histomag ou ailleurs, croyez-le bien !
Cet épisode est décrit sur la première page de l'article sous la photo "dans les entrailles de la ligne". A savoir ce secteur était tenu non pas par des RIF mais par des DI qui avaient d'autres missions à accomplir et qui le temps venu les ont accomplies (mouvement vers la Belgique), laissant les ouvrages vides.
Ah d'accord, il y a eu incompréhension de ma part ... en fait lorsque j'ai vu "ouvrages" j'ai pensé aux PO/GO de la Ligne CORF (la "vraie") qui eux, n'ont jamais été abandonnés, et les redditions furent rares. Par contre en effet, les modestes casemates et blockhaus ont été désertés rapidement ... et au final, peut-être mieux, ils n'auraient pas tenus longtemps seuls !
Après ça, on continue à garder des milliers d'hommes sous le béton, en pure perte !
Je persiste, je persiste : non ce n'est pas "ne pure perte" ! D'une part la Ligne, purement opérationnelle, "BLOQUE" toujours des unités allemandes et leurs moyens, et empêche tout passage de la frontière par des convois venant directement du nord. D'ailleurs, lors de leur repli les troupes d'intervalle seront bien contentes durant les premières étapes d'avoir aucune unité allemande à leurs trousses ! Et il ne faut pas exagérer le nombre d'hommes bloqués sur la Ligne ; comme dit, il y a (il me semble, à vérifier) 22 gros ouvrages d'un équipage moyen de 700 hommes, autant de PO (?) et un certain nombre de casemates ; au final, je doute que ces chiffres soient dramatiquement élevés. Et comme dit, le potentiel défensif est intact dans le nord-est, et comme en témoigne les engagements contre des assaillants ennemis, les ouvrages jouent très bien leur rôle. Ça reste tout de même une épine sur les arrières allemands qui se permet même, à l'occasion (l'ouvrage du Four à Chaux par exemple) de bombarder des convois de passage !
Et vous parlez de repli des RIF ... ceux-ci n'ont aucun moyen de transport (logique), ils auraient été rattrapés rapidement lorsque les armées dans le nord-est ont été encerclées, après l'effondrement des armées dans le Nord ! Les RIF n'ont été prévus que pour défendre des ouvrages de la Ligne ... les faire replier après mois d'un mois de combats ne semble pas d'une rentabilité (vu les moyens de la Ligne) extraordinaire !
Quant à la littérature sur la Ligne c'est votre opinion ... à l'inverse de ce que vous dites, la Ligne a été pendant longtemps pointée de du doigt, tant par son "coût" et on "inutilité". Le second cas a été clairement démenti par tous les historiens sérieux ... la Ligne a entièrement fait sa part du boulot, nul doute. Son "coût", je le répète, n'a rien d'extraordinaire pour de telles fortifications, et vu les services rendus, je crois que ce n'était pas de l'argent jeté par les fenêtres ! Et là nous parlons du Nord-est ... sans même mentionner l'incroyable résistance offerte par la Ligne Alpine, qui outre le courage de ses équipages, a largement prouvé l'efficacité d'une telle défense et la qualité du travail des ingénieurs de la CORF.
Etant donné la situation dans laquelle elle se trouvait au 25 juin 40, c'est-à-dire au beau milieu d'un territoire tenu par l'ennemi, représentant une ridicule bandelette de terrain qui se réduisait comme peau de chagrin, menacée d'un assaut général à court terme, et de toute façon destinée à succomber sous le nombre et le manque de munitions, franchement on ne peut pas dire qu'elle a été "livrée".
Là encore, vous oubliez qu'il s'agit tout simplement d'une bande de territoire de plusieurs kilomètres de long, par où passent toutes les routes et voies ferrées venant de l'Allemagne ... inutilisables puisque encore sous le feu des ouvrages. Et sur les arrières d'une armée qui est à "bout de souffle" question ravitaillement, ce n'est pas négligeable.
Les réserves permettent de tenir 2 à 3 mois ... ce n'est pas que du "théorique", tout a été prévu pour tenir le plus longtemps possible, et les ouvrages sont encore alimentés par l'arrière en mai 1940, y compris sur le réseau électrique civil (épargnant ainsi du mazout pour la production électrique des Diesels) pour les ouvrages qui y sont raccordés.
Il suffit de regarder des plans d'une casemate, d'un bloc de combat pour voir qu'un "gros assaut" n'aurait pas suffit à enlever un ouvrage en quelques heures. Cette affirmation est, excusez-moi, sans fondement. Je m'appuie sur l'effort colossal dont ont fait preuve les ingénieurs pour rendre ces fortifications aussi difficiles ... à prendre justement ! Je ne m'avancerai pas pour donner le nombre exact de jours de résistance, mais force est d'avouer que les cartes et schémas ont été faits avec une attention tout particulière. Il serait vain de citer tous les atouts et arguments de la Ligne, mais ils sont réels .. il faut dire qu'on y a mis le prix !
Prendre un ouvrage n'aurait pas été une partie de plaisir pour l'assaillant ... oubliez déjà chars et véhicules, qui n'auraient pas pu s'approcher des blocs ... oubliez les gaz de combat (étanchéité totale des ouvrages) ... oubliez aussi, contrairement à ce que j'ai pu lire, l'aviation : les bombes de 1940 ne sont pas suffisantes pour mettre à mal un bloc de combat. Et je peux vous dire que les avions, ben ils s'y sont acharnés ; pourtant, l'ouvrage le plus bombardé de la campagne (Schoenenbourg) n'a presque pas bronché sous les assauts aériens, malgré une défense anti-aérienne inexistante ! Idem pour le Hochwald ; en bref, l'aviation ne peut globalement rien contre les ouvrages, rien de décisif du moins. L'artillerie lourde ? Elle n'est pas prête en 1940. Je ne me rappelle plus les capacités de résistance exactes du béton armé utilisé ... il me semble qu'il y a 3-4 niveaux de protection, dont le premier niveau (le plus épais donc, pour les sections les plus exposées) est capable de résister à un certain calibre ... je ne m'avancerai pas plus, je n'ai pas ma doc avec moi, mais des armes alignées par l'artillerie allemande en 1940, aucune ne peut faire de miracle.
Enfin, OUI, les 88 et 105 s'en sont pris aux cloches GFM et aux embrasures .... généralement parce que l'ouvrage attaqué né bénéficiait pas d'artillerie ou d'appui d'artillerie. Cette lacune aurait du -en théorie- être comblée par la présence de troupes d'intervalle. Le cas du bloc 4 de Fermont est révélateur : le bloc, attaqué dans son angle mort, ne pu riposter par sa propre artillerie. Les 88 ont tirés durant une demi-journée, et les dégâts réparés la nuit même (le béton ne fut pas percé). D'ailleurs la plupart des pertes furent subies dans les cloches GFM, comme au Fermont justement.