Post Numéro: 15 de Signal 28 Fév 2011, 21:59
goliath a écrit:Pour le reste, on peut retourner le problème dans le sens qu'on veut, une fois passé le 10 mai 40 la Ligne Maginot ne sert absolument plus à rien.
Je ne pense pas ; à la mi-juin, la Ligne principale est toujours opérationelle et n'a que peu entamé ses réserves de munitions (les réserves d'un ouvrage lui permettent, en théorie, une autonomie totale de 2 mois environ, selon bien sur l'intensité des combats), et aucune unité allemande n'a traversée la frontière ... si les fortifications du Rhin et de la Sarre ont été franchies, y faire passer le ravitaillement pout toute une armée n'est pas forcément pratique. D'ailleurs jusqu'à la reddition des ouvrages, les forces allemandes vont s'acharner sur certains SF, en attaquant notamment les entrées des ouvrages, y compris par des attaques aériennes (en témoigne les paysages lunaires autour du Hochwald, du Schoenenbourg en Alsace par exemple). Ca reste une "épine", et contrairement à ce que vous dites, mobilise, au final, relativement peu d'hommes ... je n'ai plus le chiffre global en tête, mais avec une vingtaine de GO de 800-900 hommes chacun, une trentaine de PO de 200-300 hommes et les équipages de casemates, on arrive pas à un chiffre exorbitant, surtout que ces hommes appartiennent aux RIF ... non pas, bien sur, qu'ils ne peuvent pas se battre ailleurs que derrière un créneau (
), mais ces hommes ont tout de même reçus un entraînement spécifique quant au maniement d'armes en fortification ! D'ailleurs c'est ce qui fait la différence avec des fortifications de campagne ... les RIF ont des années d'entraînement derrière eux, et une cartographie d'une précision incroyable, à l'inverse de soldats occupant une nouvelle position défensive.
Juste une petite question : ils sont où les Allemands mi-juin 40 déjà
?
Comme je le disais, stratégiquement l'objectif est atteint aux deux tiers : permettre la mobilisation (objectif atteint), permettre une offensive ou une contre-offensive en Allemagne (objectif non atteint), canaliser l'offensive allemande (objectif atteint). Après ça, on continue à garder des milliers d'hommes sous le béton, en pure perte !
Attention à la littérature sur Maginot : il n'existe AUCUNE étude nuancée sur le sujet, et ce pour une raison très simple : les "grands" auteurs, Truttmann, Mary et Wahl, se sont trouvés à la fin des années 70 et au début des années 80 face à un problème majeur, celui de la restauration d'un Patrimoine menacé qui souffrait de sa mauvaise réputation. Ils ont été obligés de redorer son blason pour lui redonner quelques lettres de noblesse. A force, l'idée d'une Ligne Maginot "utile parce qu'elle résistait encore fin juin 40, quoique totalement encerclée" a fait son chemin et continue depuis presque trente ans à être le seul débat possible sur le sujet. Les auteurs suivants ont continué dans la même voie, ce qui est normal puisqu'ils sont issus exactement du même milieu, celui des associations de restauration de Maginot. J'avoue avoir moi aussi fait partie de ce monde, et avoir répété les slogans éculés comme tout le monde. Mais j'ai mûri ma réflexion depuis, et elle est devenue beaucoup plus nuancée, comme je l'ai exposé plus haut.
La médiéviste Régine Pernoud avait sorti en 1979 un réjouissant petit essai intitulé
Pour en finir avec le Moyen-Age, titre provocateur si il en est, pour montrer qu'il fallait sortir des images poussiéreuses d'un Moyen-Age barbare et rétrograde, image qui faisait l'unanimité depuis la Renaissance.
A quand un
Pour en finir avec le mythe Maginot, qui remettrai à plat, de façon nuancée et renouvellée, l'ensemble de l'étude sur le sujet ?
Je vous vois venir tous, je n'ai pas le temps pour ça, ni la légitimité universitaire. J'y travaille, je n'en dis pas plus mais c'est parti pour quelques temps et c'est monumental. J'espère seulement avoir le courage d'aller au bout
!