Deux hommes pour un fauteuil. Le musée de Sainte-Mère Eglise a deux présidents. La bataille est ouverte et la guerre fait rage.
Deux présidents d'un même musée s'estimant élus accompagnés chacun de leur huissier dans le bureau du directeur dudit musée... L'image pourrait être cocasse si elle ne touchait pas un lieu de mémoire aussi symbolique que le musée Airbrone de Sainte-Mère Eglise. Un lieu historique qui retrace le sacrifice des parachutistes américains.
Sur le bureau du juge
Et pourtant, cette situation “pitoyable et pathétique” de l’aveu même d’un des principaux protagonistes de cette histoire, est bien réelle. Depuis le 11 novembre dernier, il n’y a plus un seul président du musée mais deux. Jean d’Aigneaux, président depuis 1984 et Marc Lefèvre, maire de Sainte- Mère Eglise, élu par onze voix sur quinze. Le premier contestant l’élection du second. Cette dernière serait, selon M. d’Aigneaux et Patrick Bunel, le directeur du site, entachée d’irrégularités. “Les convocations à la réunion du 11 novembre qui a conduit au vote n’ont pas été adressées dans les règles. Le seul président du musée est M. d’Aigneaux”, s’offusque Patrick Bunel. “Il ne s’agissait pas d’une nouvelle assemblée générale mais bien du prolongement de l’assemblée générale du 5 novembre”, rétorque Marc Lefèvre qui ajoute : “seul le compte rendu du 11 novembre a été signé par le conseil. C’est lui qui fait foi. Je suis le président élu du musée”. Inutile de se voiler la face, l’ambiance est tendue au sein du musée et ce ne sont pas les quelques précautions orales des deux protagonistes qui changent la donne. L’histoire de ce changement mouvementé de présidence pourrait finir sur le bureau d’un juge du tribunal administratif. Tel serait l’intention de Jean d’Aigneaux. Une perspective qui ne semble pas inquiéter le premier magistrat de Sainte-Mère Eglise, persuadé qu’une nouvelle élection ne pourrait que lui être favorable.
“Si onze des quinze membres d’un conseil, siégeant tous depuis de longues années, ont décidé à un moment de voter pour moi, c’est bien qu’il y a une raison”, souligne non sans malice Marc Lefèvre.
L’ambassadeur et l’armée
Et d’ajouter : “Ça n’est pas une question de personne. Ce musée est conduit depuis plus de 20 ans par les mêmes personnes et a été bien conduit. Mais il arrive un moment où on peut ne plus être en mesure d’imposer la même vigilance et la même volonté à une direction. Il est temps de changer de gouvernance”. La remarque a le mérite d’être claire. Elle vise le président d’Aigneaux mais aussi son directeur, Patrick Bunel. Frais de déplacement, accumulation de “missions”, dépenses nouvelles de communication… “Où va t-on ?” s’interroge l’élu qui s’inquiète des finances d’un établissement pourtant réputé jusqu’alors pour sa bonne santé financière. “C’est un des seuls musée qui fait des bénéfices et qui rapporte de l’argent à la commune”, précise Patrick Bunel qui met en avant la hausse de la fréquentation et celle du chiffre d’affaires. C’est une des raisons pour lesquelles le musée est aujourd’hui au centre des convoitises. En outre, présider un musée, dont une partie de l’armée américaine ainsi que l’ambassadeur des Etats- Unis en France sont membres d’honneur, n’est pas peu de chose. Le site reçoit aussi tous les ans le soutien moral et financier de nombreuses personnalités américaines afin de compléter ses collections ou de s’étendre. Car le musée Airborne de Sainte-Mère Eglise est bien plus qu’un beau site touristique capable d’attirer des milliers de visiteurs tous les ans. Il s’agit aussi d’un lieu de mémoire et de recueillement pour des millions d’Américains particulièrement sensibles à ce que le site puisse vivre dans la sérénité qu’il mérite.
Source : La Manche Libre
C'est pitoyable, au pire les protagonistes sont aller chercher vent d'Europe comme force de protection