Post Numéro: 24 de Francis Deleu 25 Nov 2010, 23:28
Bonsoir,
A propos de Toulon, rappelons quelques faits :
Le 11 novembre 1942 la Wehrmacht envahit la zone sud. Le même jour, peu après 23 heures, l'amiral de Laborde adresse l'ordre suivant à tous les bâtiments de la flotte de Toulon:
"Les forces placées sous nos ordres [l'amiral Marquis et l'amiral de Laborde] n'entreprendront aucune action dirigée contre les puissances de l'Axe et défendront Toulon contre les Anglo-Saxons et les Français ennemis du gouvernement du maréchal. Le territoire de la place forte de Toulon reste donc entièrement français et libre. Sa défense reste entièrement française et confiée à la marine, sans aucune subordination à un commandement étranger. Aucun étranger ne paraîtra à bord des forces de haute mer."
Sur les 19 commandants de bâtiments placés sous les ordres de Laborde, 18 acceptent immédiatement et donnent leur "parole d'honneur". Un seul refuse: le capitaine de vaisseau Pothuau qui est aussitôt relevé de son commandement. Deux autres commandants d'unité (Du Garreau et Caron) furent également remplacés pour les mêmes raisons.
En fait, Vichy, après la perte de l' AFN, s'accroche à ses dernières illusions de souveraineté. Moyennant la parole d'honneur des amiraux de défendre Toulon contre toute agression américaine, Vichy obtient des Allemands que la ville et le port de Toulon ne soient pas occupés. En outre, les Allemands autorisent l'installation dans le camp retranché de 20.000 hommes supplémentaires qui viennent renforcer les unités déjà implantées, le réarmement sous commandement français des batteries côtières et des batteries de DCA.... Entre le 12 et le 16 novembre, une série de conférence réunissent les amiraux français et leurs homologues italiens et allemands en vue d'organiser en commun la défense côtière contre toute agression.
La tactique allemande est habile: neutraliser la Flotte à moindre frais en évitant qu'elle ne passe ou ne tombe entre les mains des Alliés.
Ces quelques considérations prouvent-elles que la Flotte se serait réellement opposée à un débarquement Anglo-Saxons ? Nous n'en savons rien ! Tout de même! Dans la nuit du 12 au 13 novembre, l'amiral de Laborde donne l'ordre d'allumer les feux et de parer à appareiller. En effet, un message de source allemande signale un convoi allié au large de Barcelone, accompagné de nombreux navires de guerre. Il s'agit d'une fausse alerte (ou une intox des Allemands pour "tester la bonne volonté" des Français).
La fausse alerte étant confirmée, de Laborde fait mettre bas les feux. Quelques marins qui croyaient que la Flotte allait rejoindre l' AFN organisent une petite manifestation aux cris de "appareillage" "appareillage". Ils seront tous démobilisés et renvoyés dans leurs foyers.
Ajoutons encore qu'aux deux messages de Darlan enjoignant la Flotte de rallier l'AFN, de Laborde répond par le mot de Cambronne.
F. Deleu.