Bonjour,
Revan a écrit:Pour moi, Barbarossa aurait pu fonctionner. Carlo, tu dis que les Allemands n'auraient pas pu aller plus vite ... Je te réponds que c'est faux. Manstein a prouvé au cours de la campagne de France qu'on pouvait avancer au coeur du territoire ennemi sans pour autant subir de violentes contre-attaques sur les flancs. A la tête du 56ème corps blindé, il attaque à travers les Pays Baltes. Son avancée est fulgurante, à tel point qu'Hitler ordonne l'arrêt de ce corps.
Si on lui demande d'arrêter, c'est qu'il va trop vite, que les troupes et la logistique ne suivent pas ou que la définition des objectifs pose problème. Dans tous les cas de figure, c'est que la Wehrmacht n'est pas adaptée à cette vitesse...
Revan a écrit:Lorsque l'on enfonce les lignes de l'ennemi, ses forces sont désorganisés. Après la rupture du front, il ne reste plus grand chose des lignes de défense. Les blindés continuent leur avance, l'infanterie derrière réduit les poches de résistance. Plus les blindés avancent, plus les forces ennemies sont désorganisés. On touche à toute la logistique de l'armée adverse: les lignes de communication, les convois de ravitaillement, le carburant. Plus on s'enfonce, plus l'ennemi est désorganisé. Il n'a pas le temps de se regrouper, l'ennemi le talonne toujours et ne fait pas de pause. Qu'est ce que tu fais? Tu continues à fuir, livrant des combats de retardement. Mais, en face, l'adversaire est toujours aussi organisé, tandis que tes forces ne peuvent se rassembler. C'est justement cet effet que les Allemands n'ont pas pris en compte. Manstein et Guderian (et Rommel) l'avaient compris, ce sont les initiateurs de la guerre blindée moderne.
Je suis d'accord avec toi, mais tu décris une sorte de blitzkrieg idéal, l'attaque dans la profondeur, pas le blitzkrieg allemand. Leur blitzkrieg, c'est le mouvement et la coordination aviation-blindés. Ce que tu décris n'a été avant la seconde guerre appliqué et théorisé que dans un seul pays, l'URSS. Les initiateurs de la guerre blindée moderne sont-ils vraiment Guderian ou Manstein? Le pays qui, dans les années 30 envisage le plus sérieusement une guerre moderne, ce n'est pas l'Allemagne, mais bien l'URSS. Les blindés sont spécialisés (le bt entre autres, char rapide pour l'exploitation de la profondeur), on s'entraîne dans le parachutage de masse, la coordination des différentes armes, etc. Et contrairement à ce qu'on entend souvent, tout cela ne repose pas sur le seul Toukhatchevsky et l'élimination de ce dernier ne mettra en rien un terme à ces programmes.
Revan a écrit:Les deux généraux ont demandé à poursuivre leur offensive en direction de Leningrad et de Moscou. ils auraient pu y arriver. mais, les autres généraux ont été trop prudents. Comme en France, ils font stopper les corps blindés, pour que l'infanterie puisse les rejoindre. ce qui a sans doute tué la Wehrmacht, c'est le manque de mécanisation et de véhicules pour l'infanterie.
Les autres généraux sont trop prudents, peut-être, mais d'abord l'E-M allemand n'a pas une vue claire des besoins et des possibilités, il connaît mal l'ennemi, les renseignements ont échoués à dresser une vue exhaustive de ce que devra affronter l'armée. Des fronts russes s'effondrent, d'autres résistent, les moyens blindés sont souvent inadaptés (rien pour faire face aux KV), en fait une fois passée la frontière et malgré l'effet de surprise de l'attaque sur l'ensemble du front, les Allemands se retrouvent très vite à bricoler. Et là certains généraux bricolent mieux que d'autres.
Revan a écrit:Pour l'Ukraine, faire dévier Guderian a sans doute été l'une des plus graves erreurs des Allemands. Son corps blindé arrivera trop tard et la poche sera déjà refermé. Trois semaines perdues. Des semaines précieuses car en face, on renforce ses positions. On se prépare, on édifie des lignes de défense.
plus qu'une série d'erreurs, je crois plutôt à un concept de base que les Allemands ne maîtrisent pas. Et que les Soviétiques ne maîtriseront que vers 44.
Revan a écrit:Après, Barbarossa était malgré tout trop ambitieux. Atteindre l'Oural était assez hypothétique. L'objectif Narva-Rostov basé sur les territoires cédés par la Russie en 1917 était plus réaliste et envisageable en terme de négociations. Je vois mal Staline céder le cœur de la Russie aux Allemands. Il aurait sans doute prolonger la guerre quelque en soit le prix. En face, les Américains étaient en marche (même si à mon avis, sans les Russes, les Américains n'auraient pas pu faire grand chose). Quoique avec l'arme atomique, mais on s'éloigne du sujet ...
Barbarossa est un coup de génie, l'ampleur de l'attaque prend de court les Soviétiques. Les atouts de Barbarossa sont aussi ses faiblesses, il fallait un plan ambitieux, mais il a vite montrer ses limites, pas seulement à cause des généraux timorés, mais surtout des difficultés à envisager les objectifs sur le long terme (encore une fois je pense qu'il s'agit plus, mais je peux me tromper, d'un problème de préparation par l'E-M).
Mais, de toute manière, en entrant en URSS, Hitler jouait un quitte ou double et sa défaite est pour moi plus politique que militaire, la direction soviétique n'a rien lâché.