collaboration horizontale

Désolé pour le petit écart de ce fil.

Au contraire ce n'est pas un écart, nous sommes au coeur du sujet ! Les femmes qui "couchent avec l'ennemi", volontairement ou pas, deviennent automatiquement les victimes de l'un ou l'autre des deux camps, sinon des deux. Leurs enfants sont automatiquement l'objet d'un phénomène de rejet, voir de haine.
Regardons ce qui se passe aujourd'hui : les Allemands d'aujourd'hui sont les petits-enfants, et de plus en plus les arrières-petits enfants, des adultes du temps du nazisme. Pourtant, beaucoup de Français continuent à les considérer comme des objets de crainte, parce qu'ils font partie du "peuple de Hitler"... Tout ça parce qu'ils sont nés du mauvais côté du Rhin !

Et le phénomène se retrouve de nos jours : combien de couples ont étés brisés lors de la guerre civile en Yougoslavie, parce que l'un était serbe et l'autre bosniaque ? Quel avenir pour les enfants fruits des viols de masse perpétrés par l'ensemble des combattants de cette guerre ? Plus proche de nous, quel peut être l'avenir d'un enfant fruit d'une relation entre un soldat occidental et une irakienne/afghane ? D'un côté il sera vu comme l'enfant de l'envahisseur, de l'autre il sera suspect d'être un terroriste potentiel...

Rien de neuf sous le soleil, notre sujet est fondamental pour la compréhension d'un aspect trop sous-estimé dans l'étude des guerres, quelles qu'elles soient.
Au fait, il y a pléthore de monuments à la gloire des vaillants soldats morts pour les patries, à la mémoire des civils tués de diverses façons, il y a même des monuments pour les animaux, mais existe-t-il un monument pour les enfants victimes des guerres, aussi bien ceux morts du fait des combats et massacres divers, mais aussi ceux nés des guerres et qui ont à souffrir de leur naissance durant toute leur vie ?

Pour l'anachronisme, je plaide non coupable : la Seconde Guerre se joue dans un monde moderne, pas à la préhistoire. D'ailleurs je viens de montrer que nous n'avons pas évolué depuis...

Le terme d'anachronisme ne s'applique évidemment pas à votre mail Signal. Mais à ces internautes qui ont tendance à regarder les faits d'hier - sans remonter jusqu'à la préhistoire (histoire avant l'apparition de sources écrites) - avec leur regard d'aujourd'hui. J'ai la chance d'appartenir à une génération qui n'a connu aucune guerre sur notre territoire. Vous imaginez ? En 1940, toute une génération avait déjà connu la "Grande Guerre", et dont les enfants ont été baignés dans cette mémoire, on l'oublie un peu vite. En 14-18, une autre avait connu celle de 1870... Et ainsi de suite.
Bien à vous.

Pour autant que j'en ai lu , notamment les ouvrages de Fabrice Virgili et les attendus de procés , mis à part les franches ordures qui couchaient et denoncaient , la grande majorité de ces filles etaient de condition trés modeste et , si elles cedaient à un instinct trés humain , leur relation avec l'occupant , du fait d'une proximité propice , etait surtout motivé par l'octroi d'avantages materiels , ça n'allait pas plus loin
Dans les mêmes circonstances , d'autres françaises coucheront avec d'autres soldats , americains , anglais , français , comme elles auraient couché avec des russes , des chinois ou des kalmouks !!
Elles seront, sans faire de details , d'autant plus l'objet de la vengeance des " justiciers" de la 25è heure , qu'elles etaient une proie facile et que c'etaient des femmes

Lors de mes travaux et de mon travail, je suis tombé sur ces cas de femmes.
J'ai trouvé plusieurs cas :
les femmes qui couchent et font la noces sciemment avec les allemands et l'occupant à la barbe des français. Pour quelles raisons ? pour trouver du confort matériel qu'elles n'ont plus ou pas mais aussi pour être avec des vainqueurs.
les femmes qui sortent avec les allemands sans coucher. Pourquoi ? POur se venger d'insultes et de conduites machistes de français. c'est le cas notamment de jeunes femmes qui travaillent pour les allemands et qui acceptent des cadeaux amicaux, qui se font traiter de salopes par des civils et qui pour se venger font appellent à leur employeurs.
les femmes qui sont avec des soldats allemands. pourquoi ? car elles sont simplement amoureuses.

Cela n'aidera pas Nathalie dans ses recherches, mais je tiens à signaler deux livres , dont un a été signalé en début de sujet, mais sur lequel personne n'a rebondi, mais qui aidera à comprendre beaucoup de choses, grâce à une étude pointilleuse : Naitre ennemi de F. Virgili. J'ai rencontré cet historien et ai pu discuter longtemps de ce sujet et de son livre précédent (parce qu'il avait fait beaucoup de recherches dans l'Oise).
Voici ces deux livres :

Je suis allé à la renconter de Fabrice Virgili le samedi matin. Nous avons pu discuter une grosse demi-heure : de ses travaux qui l'avait amené dans l'Oise, de ses recherches actuelles, du Lebensborn de Lamorlaye, etc.
Belle rencontre. MErci

son dernier livre : Naître ennemi : les enfants de couples franco-allemands Entre 1941 et 1949, des dizaines de milliers d'enfants sont nés, en France, de père allemand soldat puis prisonnier de guerre, ou en Allemagne, de père français prisonnier puis soldat de la zone française d'occupation. Des enfants nés ennemis. Dire l'histoire de ces pères, de ces mères et de ces enfants, lui donner un sens général, suivre leur parcours depuis l'invasion allemande jusqu'à aujourd'hui, tel est l'objet de ce livre qui a nécessité presque dix ans de recherches. Histoire de l'intime, il s'attache aux filles mères et aux «enfants de Boches», à la reconnaissance et à l'abandon, à l'amour et à la maltraitance. Histoire politique, il montre l'enjeu que ces enfants ont représenté dans ce qui fut une guerre démographique entre la France et l'Allemagne. Histoire de la filiation, il suit ces enfants entre rejet, secret et quête des origines à la recherche d'une réconciliation aussi bien politique que familiale.



son livre qui l'a amené entre autre dans l'Oise : La France "virile" - Des femmes tondues à la Libération



La France sera virile ou morte ", a-t-on dit en 1944.
" Virile ", elle le fut, et les tontes des femmes accusées de collaboration en témoignent... Sur cet épisode de notre histoire qui, aujourd'hui encore, continue de susciter un malaise, on croyait tout savoir : ayant couché avec l'ennemi, des femmes avaient été violemment punies, dans un très court laps de temps, par des foules vengeresses et des résistants de la dernière heure. Ce livre, qui s'est imposé d'emblée comme un classique, montre que la moitié seulement de ces femmes avaient eu des relations sexuelles avec les Allemands ; que les tontes n'eurent rien d'éphémère ;; et que 20 000 personnes environ furent touchées, de tous âges et de toutes professions, dans la France entière.
Que s'est-il donc réellement passé ? Pourquoi des femmes ? Et quel sens donner à cet événement ?

Bonsoir à toutes et à tous. Je prends le fil en route…
Tout à fait d'accord avec toi Fred pour recommander la lecture des deux livres de Fabrice Virgili que tu viens de citer. Sur le sujet, ils sont absolument incontournables.
La Dordogne a connu également une "épuration virile". [Je sais pour en avoir discuter avec lui lors d'un colloque, au Mémorial de Caen, que Fabrice n'aime pas l'emploi du qualificatif "sauvage"…]. Il y a quelques temps de cela (mai 2006), j'ai approfondi la question de l'Épuration et des femmes tondues dans ce département. Cette recherche avait contribué à alimenter un dossier thématique dans la revue d'Histoire Arkheia : http://www.arkheia-revue.org/-Arkheia-no17-18-.html
Pour celles et ceux que cela intéresse, je viens de mettre en ligne une partie de cet article sur mon blog personnel : http://prisons-cherche-midi-mauzac.com, avec des photos de tondues de Bergerac.
En voici l'intro : Si les photos de « coiffeurs » s’acharnant sur la chevelure des tondues sont toujours aussi dérangeantes, c’est le signe que notre capacité d’indignation est restée intacte. Interrogeons-nous cependant sur les raisons de cette gêne mêlée de honte ou de colère. Il ne s’agit pas ici de ‘remuer la boue’, de ressusciter de vieilles rancœurs ou encore de désigner des coupables…
Si longtemps après les faits et hors de leur contexte ce serait inutile et déplacé. Chercher à analyser et à comprendre les raisons de la violence des châtiments infligés aux femmes tondues, coupables (ou non) de collaboration, participe au nécessaire « travail de mémoire ».
J. Tronel

Bonjour,

Et Arletty qui connaissait bien le sujet aurait parait-il dit.
« Je n’ai jamais voulu avoir d’enfants, de peur de faire un petit soldat, un militaire, un tueur. On n’est jamais sûrs… » ”
Albert

La "tonte" des femmes n'était pas exclusive à la Résistance. Il n'y a pas longtemps, consultant le dossier d'instruction judiciaire d'un milicien, j'ai vu trois photos absolument étonnantes : l'une représente une voiture à gazogène avec deux gendarmes français sur la route de Saint-Brieuc, à la sortie de Rennes, non loin du lieu-dit "La Croix-Rouge" où était cantonnées la Milice. De chaque côté de la route un cadavre allongé le long du fossé. Nous sommes en juillet 1944. Les deux autres photos sont celles des visages des deux cadavres : un homme et une femme les cheveux ras. Voulant en savoir plus, j'ai su que cette femme était la maîtresse de quelques miliciens du cantonnement, et qu'elle avait été tondue par le sinistre Emile Schwaller, chef de la Milice, avant d'être abattue pour une sombre histoire de règlement de compte.

Bonsoir,

Témoin occulaire de cette sinistre période qui a suivi la libération, j'ai suivi ce fil sans intervenir.

Cependant, il m'est apparu utile de citer un extrait de la page magazine de la "Dépêche du Midi" du dimanche 18 août 2004, sous le titre, il y a 60 ans "Août 44, la région se libère"

<<Les derniers jours de ce mois d'août, notamment à Toulouse, sont moins glorieux. Les FFI reçoivent 18.000 inscriptions alors qu'il ne reste plus un seul Allemand. Des coups de feu, des accidents de voiture, des expulsions précipitent la ville en liesse dans une sorte de chaos.
Rue d'Alsace-Lorraine, dès le 22 août, on exibe des femmes tondues, dénudées, des croix gammées peintes sur le corps.
L"administration de Vichy a tout de suite "laissé les clefs" à la résistance...>>

plus loin...

<< De Gaulle lui-même se déplace le 16 septembre pour rétablir l'autorité de l'Etat.
Il humilie Ravanel à qui il reproche de ne pas tenir sa région...>>

Et j'en passe... tout comme je passe sur mon intervention (censurée) auprès des services de rédaction du journal... mais ceci est une tout-autre histoire !...

Norodom

J'ai souvenir qu'a l'époque,ça ne choquait pas grand monde!!