Post Numéro: 24 de JARDIN DAVID 30 Juil 2010, 07:52
J'ai suivi le conseil de Pierre, consulter Google ...
Et j'ai trouvé ceci (avec adresse mail d'un parent du commandant DROGOU, il serait intéressant de le contacter => je tente ma chance) :
Narval -1940, le Sous-Marin du Commandant Drogou
article posté le 09-11-2005 à 00:15:26, par Jean-Luc DELAETER
Le "NARVAL" de DROGOU
NOUS revoyons encore la physionomie ouverte, simple et droite du Lieutenant de Vaisseau Drogou qui commandait le sous-marin «Narval» à Sousse, au mois de juin 1940.
La manière dont il réagit devant le drame intérieur qui étreignait alors tous les Français; nous est connue par la dizaine de pages d'un cahier écrit de sa main pour sa femme et par ses conversations avec le Consul de France à Malte. II répétait sans cesse à ce dernier « que son départ da Sousse vers la base britannique fut motivé par l'ordre ultime de l'Amirauté française rappelant qu'en, aucun cas nous ne devions laisser nos navires tomber intacts aux mains de l'ennemi »: Rester à Sousse lui apparut à ce moment faire le jeu des Italiens et se laisser enfermer dans une souricière. Il choisit alors Malte comme refuge au lieu de Bizerte, pour le même motif de sécurité et rendit compte par radio de sa décision.
Drogou et ses hommes furent accueillis avec cordialité par les officiers de la Marine britannique mais la situation était alors si confuse que, inévitablement, des incidents eurent lieu entre le Commandant et des officiers anglais dont l'un très grave au cours duquel le Vice-amiral anglais intervint en personne et fit enlever de force les codes secrets à bord du «Narval».
Ce même jour, je crois, écrit le Consul, ou le lendemain, je transmettais à la Résidence française à Tunis un télégramme du Capitaine de corvette, officier français de liaison à Malte, rédigé après accord avec le Commandant Drogou et destiné à faire connaître à l'Amiral Sud la saisie des codes secrets.
Les évènements de juillet firent aussi souffrir cruellement nos officiers et marins... mais il fallait prendre une décision. Il fallait choisir : ou couler le «Narval», être rapatriés et renoncer à la lutte ou bien tâcher d'oublier.., et persévérer vers le grand but à atteindre : combattre et participer à la victoire dont ils ne désespéraient pas. La plupart choisirent de combattre et ils le firent en pleine liberté. Apprenant que d'autres camarades, en Angleterre, s'étaient groupés en Forces Françaises Libres sous les ordres du Général de Gaulle et du Vice-amiral Muselier, ils rallièrent ce groupement afin de ne maintenir ici, sur leur sous-marin, qu'un seul pavillon : celui de la France.
Dès lors, ils ne songèrent qu'à une chose : lancer leurs torpilles un jour ou l'autre contre les navires italiens. Il fallut du temps et de la persévérance au Commandant Drogou et à ses officiers pour reformer et entraîner un nouvel équipage en se mettant, d'autre part, au courant des méthodes de la Marine anglaise avec laquelle ils allaient travailler. Pendant leurs séjours à la base de Malte, ils n'étaient pas à l'abri du danger puisque les bombardiers italiens visaient particulièrement les bassins où les bâtiments de guerre étaient amarrés. Leur vie fut simple et monotone. La solde des marins ne fut fixée qu'après plusieurs mois d'attente. Celle des officiers ne le fut jamais exactement...
La seule maison où ils pouvaient un peu échapper à la pénible impression d'être en exil était la mienne... Il y a une intelligence du coeur qui vous pousse irrésistiblement vers des amitiés, des admirations ou vers des souffrances, je les recevais à ma table. Nous avons souffert et espéré ensemble... Ils souffraient quand, sur la grande carte murale de la France que je possédais, ils suivaient du doigt la «ligne de démarcation» ou portaient leurs yeux vers la plaine d'Alsace, les plateaux de Lorraine et la presqu'île bretonne dont presque tous étaient originaires.
Mais leur amertume fut sans bornes quand, penchés vers l'appareil de radio, ils entendirent des voix françaises les insulter.., eux qui avaient tout quitté : situation, camarades, famille, patrie... pour continuer la lutte. Est-il donc déshonorant d'être franc-tireur ?... quand un jour je leur dis que leur ancien chef direct avait sans doute pensé à eux en les appelant simplement des «enfants prodigues» que la France accueillerait plus tard avec reconnaissance, une douce émotion les étreignit car ces hommes étaient exempts de toute bassesse, de toute intrigue et aimaient, tant la France !
Mais qu'on ne s'y trompe pas : ils avaient choisi de combattre et rien ne pouvait ébranler leur résolution. Après ses deux premières croisières infructueuses, j'entendis un jour le Commandant Drogou dire à l'enseigne Bouet :
- La prochaine fois, Bouet, nous, devons faire quelque chose.
- Certainement, Commandant, répondit le second.
Ici je puis préciser que le Commandant Drogou avait demandé et obtenu de mettre à profit sa connaissance de la zone au large de la côte est de Tunisie pour y être envoyé en patrouille contre les convois italiens; mais :
- La mer a l'air d'être vide, me rapportait le Commandant. Enfin, si nous échouons ou ne revenons pas, nous aurons au moins engagé d'honneur la France à refuser 1a Tunisie à l'insolente Italie.
Voilà quel était l'état d'esprit des officiers et marins du "Narval". Parti le 2 décembre 1940 au soir, pour sa troisième croisière, le sous-marin devait normalement rentrer à Malte dans la nuit du 18 au 19. Depuis cette date, les heures ont passé, accroissant l'inquiétude, puis l'angoisse... Le 10 janvier 1941 paraissait dans le Times de Malte, un communiqué Reuter daté de Londres 9 janvier, annonçant la perte du "Narval". Notre Consul écrivait à cette date :
- Ont-ils au cours de leur dernière croisière réussi à lancer leurs torpilles ? On ne le saura peut-être jamais.
Leur sacrifice fut-il inutile ? Certes non ! Leur présence permit à des sous-marins anglais de se porter en d'autres points de la Méditerranée où l'on sait que plusieurs d'entre eux coulèrent des cargos italiens. Il y a aussi l'effet moral produit par leur attitude chevaleresque à vouloir combattre et par leur mort en pleine action. Le Captain Wright, chef d'état-major du Vice-amiral Ford commandant la base de Malte, me recevant dès le 27 décembre 1940 a terminé notre brève et émouvante rencontre en ajoutant en français:
- Je connaissais bien le commandant Drogou et quelques-uns de ses officiers. C'étaient de braves gens : Dans cette façon sobre de parler, coutumière aux officiers anglais, c'était là le sincère hommage qu'il eût rendu à ses propres camarades.
Le "NARVAL" ex- "BRONZO"
Pour perpétuer le souvenir de ce sacrifice, une corvette porte le nom de Commandant Drogou mais un sous-marin battant pavillon français porte à nouveau le nom de "Narval" et le Ministre de la Marine a précisément tenu à donner ce nom à l'ex sous-marin italien «Bronzo» tombé aux mains françaises dans les circonstances que nous allons relater.
Le «Bronzo» est un sous-marin de 714 tonnes de la série dite des "Métaux" du programme 1940-41. Il porte un canon de 100 mm. 4 mitrailleuses de 13, 2 Breda et 6 tubes lance-torpilles de 533 dont 4 à l'avant. Construit à Tarente, le «Bronzo» effectue ses essais dans le premier semestre 1942 et le 9 juin rallie à Cagliari la 7e flottille. Le 12, il appareille pour sa première croisière sous le commandement du Lieutenant de Vaisseau Buldrini. Grenadé dans la nuit du 15 au 16 par deux patrouilleurs anglais, il descend jusqu'à 117 mètres et rentre à sa base le 29.
Deuxième mission du 16 au 20 juillet au retour de laquelle le commandant est blâmé pour avoir manqué le «Manxman» qui a traversé son secteur. Le «Bronzo» est alors envoyé à la Maddalena d'où il part le 11 août 1942 pour attaquer le grand convoi anglais vers Malte. Il rapporte avoir atteint de ses torpilles l'un des cargos du convoi. Rentré à Cagliari, il appareille le 18. Un sous-marin anglais lance sur lui sans succès alors qu'il naviguait en surface et il riposte en l'éperonnant, ce que prouvent les avaries constatées au retour. D'août à novembre, le «Bronzo» est tour à tour expédié à la Maddalena, Augusta et enfin Trapani où il arrive le 6 novembre. Du 7 au 19 novembre 1942, il est envoyé sur les côtes d'Algérie et de Tunisie contre les forces de débarquement anglo-américaines mais rentre sans avoir attaqué. Au cours d'une nouvelle croisière il réussit à atteindre le 10 décembre, au large de Bône, le croiseur anglais «Argonaut» escorté de deux destroyers.
Du 6 au 13 janvier 1943, croisière sans histoire mais; au cours de la suivante, grenadage le 29 et le 31. Au cours du dernier, le matériel fragile est brisé. Le 3 février, en plongeant brusquement, le sous-marin perd son assiette et descend jusqu'à 123 mètres avant d'avoir pu arrêter l'enfoncement.
Après être passé au dock à Naples, le "Bronzo" est transféré à Bonifacio le 10 juin 1943. De là, il gagne La Maddalena le 3 juillet puis Naples.
LA DERNIÈRE CROISIÈRE SOUS PAVILLON ITALIEN
Le «Bronzo» quitte Naples le 10 juillet 1943 sous le commandement du Lieutenant de vaisseau Gherardi pour rejoindre la base Sicilienne de Syracuse. Le 12, à 13 heures, il fait route en surface vers ce port sans se douter qu'une énorme armada alliée vient de prendre pied sur la terre italienne, précisément en ce point. Le dragueur de mines britannique «Seaham» l'aperçoit le premier et met cap dessus. Le «Bronzo» plonge mais fait surface trois minutes après, à 300 mètres du «Seaham» qui ouvre aussitôt le feu ainsi que le «Boston» accouru sur les lieux. Gherardi, son second, Pellegrini, et quatre hommes; qui sortaient précisément des panneaux à cet instant sont tués. Malgré cela, l'équipage continue à sortir pair le panneau avant et se jette à l'eau. Le «Seaham» manœuvre alors pour accoster tandis que le «Boston» amène sa baleinière. Cette dernière repêche 11 hommes. Le dragueur «Poole» arrivant à son tour en recueille 5 autres; le reste de l'équipage monte à bord du «Seaham» dès qu'il est accosté. Les prisonniers déclarent que le commandant croyait avoir affaire à des bâtiments amis.
Amené à Malte, le «Bronzo» a été remis fin 1943, à la Marine française et rebaptisé "Narval", navigue désormais sous notre pavillon
Capitaine de Vaisseau LEPOTIER
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8 réactions
1. Le 21-05-2010 à 21:37:05 par CHANTRAINE PHILIPPE :
Originaire de Janville - eure et loir - né en 1933 - j'ai connu Mr Jean Drogou dont la profession d'"agent voyer" (désormais ingénieur DDE)lui permettait en tant que responsable de circuler à son aise sur les routes du canton - son fils ainé tout juste majeur était l'agent transmission (en bicyclette) du groupe de résistants de Janville (principalement des agriculteurs)- Il avait une assez forte personalité et faisait partie des notables de Janville -
2. Le 23-06-2009 à 13:32:21 par sartore :
Salut serge
je suis tombé sur ton intervention alors que je cherchais des infos sur le cdt drogou, parain de notre promo.il se trouve que je fait parti d'une organisation dont le president est un neveu du cdt;je lui prepare un petit laius sur son oncle.
amicalement
philippe sartore
3a2 1977
3. Le 23-02-2009 à 23:57:55 par DROGOU Olivier :
cela est exate c'est mon grand père qui n'est plus de ce monde
4. Le 05-01-2008 à 01:03:11 par Courageaux anonyme :
Francois Drogou, commandant du Narval durant la 2eme guerre mondiale, avait un frere qui s'appelait Jean et qui a ete dans la resistance et a habite a Lannilis par la suite.
5. Le 23-07-2007 à 18:53:01 par Courageaux anonyme :
votre message m'est parvenu. je suis Jean Drogou, fils de Jean Drogou fondateur et responsable du "secteur du Narval" dont le centre se trouvait à Janville. il avait donné à son groupement le nom de Narval en hommage à son frère François. J'étais l'agent de liaison du réseau et ai donc été lié aux opérations. Je pense être le dernier survivant étant le plus jeune à l'époque (13 ans). Je suis à votre entière disposition et vous pouvez me contacter à mon adresse e-mail: CENSURE par JD !
"Laisse faire le temps, ta vaillance et ton roi" (Le Cid)