Bonjour,
Claude Cazals, colonel de gendarmerie à la retraite, est l'auteur de plusieurs livres, dont La Gendarmerie sous l'Occupation (1991) et La Gendarmerie et la Libération (2001)
une interwiew dans l'express , qui date de 2005
Quelle fut l'attitude de la gendarmerie durant l'Occupation?La direction a été le relais naturel - comme toutes les administrations - de la politique mise en œuvre par le gouvernement de Vichy. Au début, le sentiment antiallemand prévalait dans ses rangs, mais elle s'est accommodée de la présence de l'occupant. Elle était même présente à tous les stades de la déportation. La culture de l'obéissance aux ordres et à la loi a en fait pesé très lourd dans les comportements. Le parcours de ses quelque 40000 hommes est pourtant loin d'avoir été linéaire. Après une phase d'adhésion sans faille à Pétain est venue la période du doute et, enfin, l'heure de la rupture.
Quelle part ont les gendarmes dans la Résistance?Certains, comme les chefs d'escadron Vérines, à la Garde républicaine, ou Guillaudot, dans le Morbihan, intègrent des réseaux dès août 1940. Et le paient chèrement. Sous l'Occupation, 338 gendarmes sont fusillés ou décapités par les nazis, plus de 800 sont déportés. Quatre cents sont tués lors des combats pour la Libération. Pour un membre de la force publique chargé de l'exécution des lois, la marge de manœuvre est alors très faible: l'étroite surveillance de l'occupant et le loyalisme du haut commandement rendent impossible la construction d'une résistance autonome. Un acte de résistance pouvait donc se résumer en une certaine neutralité à l'égard des maquisards. On estime qu'environ 12 000 gendarmes et gradés sont finalement passés dans les rangs des FFI.
Et les collaborateurs?Si les gendarmes ont appliqué la politique de Vichy, peu se sont montrés ouvertement favorables aux thèses nazies: il y eut assez peu de «collaborateurs patentés». En décembre 1943, l'arme passe sous l'autorité de Joseph Darnand, secrétaire général de la Milice, devenu secrétaire général au maintien de l'ordre. Gendarmerie et Milice entretiennent alors des rapports conflictuels. Mais, de février à août 1944, on intègre des gendarmes dans des opérations offensives contre le maquis. On exige parfois qu'ils participent à des exécutions capitales, ce qui crée un traumatisme dans leurs rangs.
Quelle a été l'ampleur de l'épuration dans la gendarmerie?
Les chiffres officiels de l'épuration n'ont jamais été publiés. Les données connues varient selon les sources. Un pointage, arrêté au mois d'octobre 1944, montre que, sur les 1 300 officiers de l'arme, 98 ont été placés dans la position de disponibilité, 171 ont été soumis à enquête et 300 ont été déplacés. D'une manière générale, les donneurs d'ordre, à l'échelon du haut commandement, ont été moins sanctionnés que les exécutants.
Eric Pelletier
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un site qui peut être intéressant,
http://www-org.gendarmerie.interieur.go ... e+de+vichyvient de paraître
" policiers français sous l'occupation "
Jean-marc Berlière chez Tempus.