Post Numéro: 30 de Barbu 28 Mar 2010, 00:14
Bonsoir.Pour répondre a Orchestra, mon "je me suis laissé dire" n'avait que pour objectif qu'une certaine modestie, et le souvenir impréci de déclarations. (Pan sur le bec comme dit un certain palmipède, je ferai, à l'avenir des recherches avant de répondre, c'est ma Faust, c'est ma très grande Faust comme dirait Prévert). Pour les sources, j'ai retrouvé rapidement: Debû-Bridel "De Gaulle et le Conseil National de la Résistance p. 153( les négociations Laval-Nordling-Abetz);et Charles Tillon "Les FTP soldats sans uniformes p.273 et suivantes.
Le principal problème est le suivant: à qui profite la trève? D'un point de vue militaire, certainement pas aux insurgés: en effet ils ne peuvent rien espérer d'une suspension de combat, alors qu'en combattant ils tiennent (ne vous en déplaise) l'ennemi en haleine. On s'engage dans un combat de rue dans lequel ils peuvent très bien avoir le dessus (Thiers ne s'y était pas trompé qui, en 1871, a fait sortir ses troupes de Paris pour pouvoir mieux la reprendre à la Commune). Dans un combat de rue, un char devient très vulnérable ( la suite leur donnera raison).
Par contre les allemands ont tout intérêt à la trève pour pouvoir: soit comme convenu, évacuer leurs troupes en bon ordre ce qui permet de les conserver; soit ,contre leur signature, rameuter d'autres troupes pour tenter de reprendre la ville de force voire de la détruire (mais là je crois qu'il faudrait vraiment de gros moyens qu'ils auraient du mal à amener, les alliés ayant la maitrise de l'air).
J'aimerais, de surcroit, savoir ce que recouvre l'expression "les tenants d'une victoire héroïque totale en vue du pouvoir politique à venir"? Je vous ferai remarquer que pour tous les français combattants (soit de la France Combattante, soit des FFI) la libération de Paris ne pouvait être quelque chose que l'on donneaux parisiens et aux français mais qui soit conquis par eux les armes à la main ( déclaration de L. Hamon à Nordling in Histoire de la Résistance en France de H. Noguères T10 p. 120). Pour tous ces combattnts il ne pouvait y avoir autre chose qu'une "victoire totale" sur l'ennemi.
Quand à pouvoir penser que pour les Résistants, le pouvoir politique pouvait revenir à quelqu'un d'autre que le général De Gaulle est une utopie dangereuse; c'est le cheval de bataille de pas mal de nostalgiques de Vichy, et un argumentaire qui fait penser à Henriot et Goebbels.
Nordling a réussi un coup de maître en négociant l'élargissement des prisonniers politiques de Paris, avant le soulèvement de la capitale ( engagement non tenu par les SS, il ne faut pas l'oublier, mais eux ne respectait qu'eux-même), mais pour ce qui est des combats dans Paris et de la fameuse trève, c'est plus douteux. Vous parlez de vérité, il faut la regarder en face, notament avec le témoignage des combattants de l'époque: Léo Hamon s'est fourvoyé dans une négociation qui n'engageait que lui, comme le lui feront remarquer violemment les autres membres du CNR.
C'est pourquoi je pose la question: "Nordling est-il net?" Au vu de différent témoignage, partant du principe qu'un diplomate en place à Paris depuis avant juin 1940 ne peut être naïf, et connait bien ses interlocuteurs; partant du principe que pour une insurrection, une trève est catastrophique (démobilisation de la population qui est déroutée, renforcement de l'ennemi, sans pouvoir compter soi-même sur un renforcement de son armement) à qui sert-elle?
Pour ce qui est des décorations, je suis assez iconoclaste: il suffit de les demandes pour les obtenir, surtout que celles-ci arrivent pendant la Guerre Froide où l'on blanchissait à tour de bras. J'espère ne pas avoir été trop violent, ce n'est pas mon but, j'ai un peu tendance à me laisser emporter par mon sujet. Amitiés. Bernard
PS: n'étant pas checheur ou historien, j'ai peu de temps pour effectuer les dites recherches, c'est pour cela que je pose la question.