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L'Allemagne hitlérienne se suicide

Tout ce qui concerne la libération de l'Europe et qui n'est pas développé au sein des sections ci-dessus.
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L'Allemagne hitlérienne se suicide

Nouveau message Post Numéro: 1  Nouveau message de Igor  Nouveau message 14 Fév 2010, 16:20

Un article sur la vague de suicides qui a touché l'Allemagne dans les derniers mois de guerre. L'ampleur du phénomène est impressionnante, rien que pour Berlin il est question de plus de 10 000 suicides.
Cela concernait aussi bien les pontes du régime et de l'armée que l'ensemble de la population. En cause, la foi absolue en Hitler, vu comme un gourou par les membres du secte. Et aussi la peur de l'armée russe ainsi que la crainte d'avoir des comptes à rendre aux vainqueurs.

L’Allemagne hitlérienne se suicide

Mon univers avait volé en éclats ; je ne pouvais distinguer aucun avenir”, dit l’un. “J’étais persuadée que je ne survivrais pas à Hitler”, dit une autre… Les Russes sont là, le Reich disparaît.

À la Noël 1944, à Berlin, la plaisanterie du jour consiste à dire : « Faites un cadeau utile, offrez un cercueil ! » Humour macabre reflet de la réalité : la période qui s’étend de juillet 1944 à mai 1945 totalise plus de morts civils et militaires allemands que les cinq années précédentes ! Le IIIe Reich connaît alors une vague de suicides sans précédent dans l’histoire de l’Europe.

Le suicide d’Hitler et d’Eva Braun, dans leur bunker le 30 avril 1945, vers trois heures et demie de l’après-midi, est suffisamment connu pour n’y pas revenir. Celui des Goebbels l’est aussi ; leurs six enfants, endormis puis empoisonnés à l’acide prussique, puis les parents eux-mêmes.

Mais ce suicide est à la fois prévu et organisé. À la mort du Führer, qui lui avait ordonné de quitter Berlin,Goebbels annonce sa volonté de rester afin « de finir aux côtés du Führer une vie qui n’a plus de valeur si je ne puis l’employer à son service ». Il veut donner un exemple « qui permettra à l’Allemagne de se relever lorsque cette guerre effroyable sera terminée ». Son épouse prononce des paroles semblables : « Le monde qui viendra après le Führer et le national-socialisme ne vaudra pas la peine d’être vécu et j’en ai donc retiré mes enfants. Ils me sont trop chers pour subir ce qui va se produire ensuite.Nous n’avons maintenant qu’un seul but : fidélité au Chef jusqu’à la mort.Pouvoir finir nos vies avec lui est une grâce du destin que nous n’aurions jamais osé espérer. »

Bien d’autres habitants du Führerbunker allaient se donner la mort. Les généraux Wilhem Burgdorf, premier aide de camp d’Hitler, et Hans Krebs, dernier chef d’état-major général de l’armée du Reich, le capitaine Franz Schädle, qui commandait l’unité de garde de la Leibstandarte à la Chancellerie, se font sauter la cervelle.

Martin Bormann,le secrétaire particulier du Führer, et le Dr Stumpfegger parviennent à quitter le bunker, mais, rattrapés par des soldats de l’Armée rouge, ils préfèrent absorber des capsules de poison. Échappé aussi du bunker, Walter Hewel, le délégué de Ribbentrop auprès de Hitler, se donne la mort dans une brasserie de Wedding, l’un des quartiers de Berlin.

Et cela se généralise. Ici des officiers et des soldats SS se font remettre toutes les réserves de boissons alcoolisées de la cantine où ils étaient retranchés et se jettent sous les chenilles des chars. Là, un jeune servant de DCA de la Luftwaffe témoigne : des SS et des Waffen SS étrangers se suicident. Le 2 mai, le colonel Erich Bärenfänger, 27 ans, se tue avec son épouse dans une petite rue du quartier de la Chancellerie.

La capitulation sans condition de l’Allemagne le 8 mai 1945 n’interrompt pas ces suicides. Ce même jour, parce qu’il a appris la mort du Führer, Jakob Sprenger, gauleiter (chef de district) de Hesse-Nassau, meurt avec sa femme. À Oslo, Wilhelm Rediess, général SS, chef de la police en Norvège, se tue tandis que Josef Terboven, un ancien du putsch de la Brasserie, disparaît de façon spectaculaire : il fait exploser 50 kilos de dynamite dans son bunker à Skaugum, près d’Oslo.

Le 10 mai, à Pilsen, Konrad Henlein, le chef des nazis des Sudètes, emprisonné, s’ouvre les veines.Himmler, le chef de la SS, démasqué par les Britanniques qui le capturent, croque une capsule de cyanure dans sa cellule le 23 mai. Le lendemain, à Salzbourg, Robert Ritter von Greim, dernier commandant de la Luftwaffe, qui avait par deux fois, les 26 et 28 avril, forcé le blocus aérien de Berlin à bord d’un petit appareil piloté par Hanna Reitsch, se pend.

Hauts fonctionnaires, généraux membres du parti : c’est l’hécatombe

D’autres officiers supérieurs SS se suppriment.Parmi eux, Philip Bouhler, chef de la Chancellerie personnelle d’Hitler ; Odilo Globocnik, constructeur de camps d’extermination ; Ernst Grawitz, médecin expérimentateur, qui se fait sauter avec sa famille à l’aide de deux grenades ;Friedrich Krüger, ancien chef de la SS et de la police en Pologne ; Hans Kammler, organisateur des travaux à l’usine de fusées du camp de Dora, qui demande à son ordonnance de l’abattre ; Theodor Dannecker, l’un des collaborateurs d’Adolf Eichmann pour la “solution finale”…

Les hauts personnages civils du parti font de même : Bernhard Rust, le ministre de l’Éducation, Otto Georg Thierack, le ministre de la Justice du Reich, Erwin Bumke, le président de la Cour suprême, Leonardo Conti chargé du système de santé au ministère de l’Intérieur. Robert Ley, le patron du Front allemand du travail, capturé par les Américains dans les montagnes du Tyrol, se pend le 25 octobre dans la prison de Nuremberg.

Au total, 8 des 41 gauleiters, 7 des 47 hauts dirigeants des SS et de la police, 53 des 554 généraux de l’armée de terre, 14 des 98 généraux de l’aviation et 11 des 53 amiraux se sont donné la mort. S’y ajoute un nombre inconnu, mais élevé, de membres du parti. Plus ceux qui pensaient se tuer, et préfèrent se raviser. Ainsi Rudolf Höss, l’ancien commandant d’Auschwitz, et sa femme décident de vivre « à cause des enfants ».Un geste que Höss regretta : « Avec le Chef disparaissait tout notre univers. La vie avait-elle encore un sens pour nous ? Nous aurions dû périr avec le monde auquel nous rattachaient des liens indestructibles. »

Ainsi le fils de Bormann. Il a 15 ans et se trouve avec des collaborateurs de son père à Berchtesgaden. Apprenant la mort d’Hitler par la radio qu’ils écoutent dans une auberge, certains commencent à sortir un par un. À l’intérieur, personne ne dit mot. Pas d’autre bruit que celui des détonations qui proviennent de l’extérieur. Quand vient son tour, le garçon sort,voit des corps étendus partout dans le jardin et, seul vivant, un adolescent assis sur une bûche. Tous deux se convainquent de rester en vie. Plus tard, il dira « Mon univers avait volé en éclats ; je ne pouvais distinguer aucun avenir. » Même sentiment chez Melita Maschmann, membre du mouvement féminin des Jeunesses hitlériennes : « J’étais persuadée que je ne survivrais pas au IIIe Reich. »

Cette vague de suicides a commencé au premier trimestre 1945. Les troupes soviétiques envahissent la Prusse- Orientale et la Poméranie, tandis que les Alliés progressent à l’Ouest. À Poznan, forteresse dont la fin est proche, le commandant de la garnison allemande, le général Ernst Gomell, étend sur le sol de son bureau un drapeau à croix gammée, s’y couche et se tire une balle dans la tête dans la nuit du 22 au 23 février.Près de Duisbourg, dans la Ruhr, le maréchal Walter Model, un des rares chefs militaires de la Wehrmacht en qui Hitler a encore confiance, refuse d’être évacué par avion. Ses troupes encerclées commencent à se rendre, lui aussi se tire une balle dans la tête : le geste qu’Hitler attend de ses généraux.

Le 19 mars, il a promulgué un décret, baptisé “ordre de Néron”, ordonnant la destruction de toutes les infrastructures industrielles de l’Allemagne. Il souhaite « un désert où toute trace de civilisation aurait disparu ». Une pulsion de destruction reprise par les journalistes dans la presse du parti et par Goebbels : « S’il est écrit, déclare ce dernier, que nous devons sombrer, le peuple allemand tout entier sombrera avec nous,mais d’une manière tellement glorieuse que dans mille ans encore, la chute héroïque des Allemands occupera la première place dans l’histoire mondiale. »

Se tuer plutôt que d’être capturé ou jugé par des individus considérés comme inférieurs ; on évoque des exemples historiques, celui de Caton d’Utique, celui de Frédéric le Grand qui pense au poison. Plus qu’un acte de désespoir, se tuer est, dans l’esprit des dirigeants hitlériens, le signe d’une mort honorable.

Pourtant la vague de suicides dépasse de très loin les rangs des nazis convaincus. Au point que le service de sécurité SS s’en inquiète en mars 1945 : « Les gens s’habituent à l’idée de mettre fin à leurs jours. Partout, il y a une très forte demande de poison, de revolvers et des autres moyens d’en finir avec la vie. Les suicides par désespoir authentique face à la catastrophe attendue avec certitude sont à l’ordre du jour. » Des jeunes gens des Jeunesses hitlériennes distribuent du poison lors du dernier concert de la Philharmonie de Berlin, le 12 avril 1945.

Même si le pasteur berlinois Gerhard Jacobi rappelle dans un sermon que le suicide est un acte immoral. « Le danger d’une épidémie de suicide existe, dit-il. Tous les Berlinois savent que les Russes seront bientôt à Berlin et ils ne voient pas d’alternative autre que le cyanure. »

L’avance des troupes russes, qui combattent certes, mais qui pillent, détruisent et violent, se lit au nombre de suicides qu’elle provoque. À Schivelbein, un village de Poméranie, un pasteur note : « De bonnes familles ont mis fin à leurs jours ensemble, se sont noyées, pendues, tailladé les poignets ou se sont laissées brûler avec leur maison. » Par milliers, des suicides collectifs sont signalés dans ce qui deviendra l’Allemagne de l’Est et dans le pays sudète.

À Berlin, le nombre de suicides féminins est évalué à plus de dix mille sur les cent mille femmes violées. À Hambourg, en revanche, où les bombardements ont été si violents, le taux de mort volontaire demeure stable. À Francfort et en Allemagne de l’Ouest d’une manière générale, même constat. La peur des « hordes bolchevico-mongoles », décrites par la propagande hitlérienne, aura donc joué à l’Est un rôle décisif. Pour une fois, la propagande a rencontré la réalité.


http://www.valeursactuelles.com/histoir ... icide.html


 

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Re: L'Allemagne hitlérienne se suicide

Nouveau message Post Numéro: 2  Nouveau message de Audie Murphy  Nouveau message 14 Fév 2010, 19:38

Merci Igor, article très intéressant !


 

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Re: L'Allemagne hitlérienne se suicide

Nouveau message Post Numéro: 3  Nouveau message de Signal  Nouveau message 16 Fév 2010, 00:28

Aaaaaaah ça fait plaisir de voir que quelqu'un est d'accord avec moi sur le fait que le nazisme n'est rien d'autre qu'une secte apocalyptique qui a réussi !
On a un gourou : Hitler
Des lieutenants : les pontes du parti
Des adeptes : une bonne partie de la population allemande
Un but : la conquête du monde dans le but de lui imposer une idéologie, et si ça ne marche pas l'anéantissement
Une fin presque inévitable : le suicide collectif

On a parlé pour 45 d'"épidémie de suicides" en Allemagne. C'est très vrai. Pour une bonne partie des Allemands, l'invasion ennemie (surtout soviétique) était comme la fin du monde. Si vous avez vu le très bon téléfilm USS Charleston, dernière chance de l'Humanité, vous aurez une petite idée de ce à quoi ça pouvait ressembler.

Bonne soirée,

Seb.


 

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Re: L'Allemagne hitlérienne se suicide

Nouveau message Post Numéro: 4  Nouveau message de Diogenes  Nouveau message 22 Aoû 2010, 12:30

Une Aventure Psychotique qui se termine en un Immense Raptus Suicidaire typique de la pathologie narcissique (psychotique)
Rien de surprenant.
ce qui l'est davantage, et inquiétant de surcroît, c'est le temps que prends une société malade à se débarrasser de sa part pathologique....


 

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Re: L'Allemagne hitlérienne se suicide

Nouveau message Post Numéro: 5  Nouveau message de juin1944  Nouveau message 22 Aoû 2010, 12:36

Merci des ces explications, docteur, il serait, par contre judicieux de développer ce dernier point concernant la société malade


 

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Re: L'Allemagne hitlérienne se suicide

Nouveau message Post Numéro: 6  Nouveau message de Jumbo  Nouveau message 23 Aoû 2010, 02:53

Diogenes a écrit:Une Aventure Psychotique qui se termine en un Immense Raptus Suicidaire typique de la pathologie narcissique (psychotique)
Rien de surprenant.
ce qui l'est davantage, et inquiétant de surcroît, c'est le temps que prends une société malade à se débarrasser de sa part pathologique....


Mon cher Diogènes, je ne comprends rien à ta prose. :shock: :oops:
"Dans les situations critiques, quand on parle avec un calibre bien en pogne, personne ne conteste plus. Y'a des statistiques là-dessus." (Jean Gabin) Mélodie en sous sol

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Re: L'Allemagne hitlérienne se suicide

Nouveau message Post Numéro: 7  Nouveau message de Pierre.S  Nouveau message 23 Aoû 2010, 06:53

Bonjour,

En d'autres lieux, j'ai sous les yeux un article d'Historia n°596 signé Charles Meyer: "La bombe d'Hirochima évite un éventuel suicide national"...Je pars au boulot, mais je résume dès que possible.

A+,

Pierre


 

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