Post Numéro: 15 de Tom 12 Fév 2010, 22:07
A propos des grades dans les formations paramilitaires de la Résistance, je me permets de rappeler que celle-ci, même issue parfois de l’armée, n’était pas l’armée et que les grades ne pouvaient équivaloir à ceux conférés dans la hiérarchie militaire officielle, sauf, bien sûr, pour ceux qui étaient déjà officiers ou sous-officiers dans l’active ou la réserve. Comme l’on manquait effectivement de cadres, en mettant les choses au mieux, un simple maquisard un peu expérimenté, qui avait quelque aptitude au commandement, la confiance de ses camarades et montré son courage dans l’action, pouvait, même s’il n’avait jamais fait de service militaire, être bombardé sous-officier, voire officier… Dans l’Armée secrète où il y avait un certain nombre de cadres issus de l’armée régulière, ceux-ci conservaient leur grade s’ils étaient au moins lieutenants et prenaient généralement cette appellation s’ils étaient adjudants, adjudants-chefs, aspirants ou sous-lieutenants et commandaient une compagnie. Pour les autres sous-officiers, on préférait plutôt parler de chefs de groupe ou de chefs de section… En revanche, chez les F.T.P., qui ne disposaient guère d’anciens cadres de l’armée, on pouvait monter très haut au mérite (« le premier maquisard de France », l’instituteur Georges Guingouin, mobilisé en 1939 comme soldat de 2e classe, est nommé officiellement lieutenant-colonel des F.F.I. en 1944) et d’aucuns se moqueront longtemps des colonels F.T.P. à six galons…
A la Libération, beaucoup de cadres des F.F.I. seront versés dans l’armée régulière à leur grade ou à un grade inférieur, souvent après une brève formation…
Je peux donner brièvement l’exemple de mon père, simple ouvrier et titulaire d’un certificat d’études primaires. Après huit mois dans les Chantiers de la jeunesse (sorte de service militaire sans armes), il s’engage dans l’Armée secrète début mars 1943 en Haute-Savoie, fait partie d’un maquis, puis d’un corps franc avant d’être promu chef de groupe au sein du bataillon des Glières en février 1944 à la suite de l'accomplissement d'une mission très dangereuse. A la Libération, il se porte volontaire pour la durée de la guerre dans les chasseurs alpins (6e B.C.A. reconstitué) où il suit le peloton des sous-officiers durant l’hiver 1944 – 1945, au terme duquel il est officiellement nommé sergent et fait la campagne de Maurienne – Italie… Autre exemple dans la même unité : d’anciens officiers F.T.P. deviennent sous-officiers, mais conservent le commandement d’une section, comme l'adjudant-chef Jeangrand tué au mont Froid au printemps 1945…