Post Numéro: 45 de norodom 29 Jan 2010, 19:12
Bonsoir,
Les dernières interventions de Bernard (un proche voisin qu'il me serait agréable de rencontrer), de Daniel et j'y ajoute celle de Sebastien, permettent d'imaginer le cas de conscience d'un cheminot non collaborateur, décidé à agir, selon qu'il s'agisse du sabotage d'un convoi strictement militaire, troupes, matériel, munitions, carburant etc et l'attitude à prendre lorsqu'il s'agit d'un convoi de "déportés".
Tenons-nous en ici à ce dernier type...
Dans quel cas il faut prendre en compte des individus arrêtés, juifs, communistes, tziganes et autres, plus que des STO (pas les condamnés au travail obligatoire).
Les STO, pour la plupart volontaires ne voyageaient pas en wagons à bestiaux...
Ceux-là, c'était leur choix et ne manquaient pas de moyens de s'y soustraire.
Une remarque à l'intention de Sebastien :
Non! tout le monde ne savait pas (pour ne pas écrire "personne ne savait") la destinée de ces "voyageurs"... les nazis?... on connaissait pas, l'existence des camps était inconnue... certes, on pouvait tout imaginer, mais pas le destin tragique qui se révéla plus tard dans toute son horreur!
Et je voudrais me rappeler si la radio de Londres, que j'ai eu souvent le privilège d'écouter a évoqué cette situation...
Peut être les prises de conscience auraient été différentes si ce destin avait été connu?.
Vous noterez que j'ai employé le terme convoi et non celui de train...
Car, ici dans ma région, il s'agissait le plus souvent de convois de un ou deux wagons, tout au plus, accrochés à des trains de marchandises et à destination de gares de triages diverses pour en arriver, de triage en triage à la formation des trains qui franchissaient la frontière vers leur funeste destination...
Notez que le personnel français de convoyage était relevé à chaque étape...
Un convoi était bien entendu escorté par un détachement allemand fortement armé (je parle de la période postérieure à 1942)
Alors que pouvait faire le cheminot "téméraire" pour retarder ou arrêter ce convoi?... RIEN!
Retarder le convoi, pourquoi?...c'était entre autres conséquences retarder le "ravitaillement" prévu à la prochaine étape... pain, patates et eau!
De plus le mécanicien aurait-été tenu de rendre des comptes et se mettait en situation de danger, d'autant que la plupart n'étaient pas des jeunes mais des hommes d'âge mûr, en majorité chefs de famille, dont la suite pouvait être prise en otage.
Envisager une opération d'évasion?... à défaut de venir à bout de "l'arroseuse" de l'escorte, c'eût été une opération suicide, un massacre!
Et dans le cas d'une "demie" réussite?... quoi faire des évadés, les relacher dans la nature?.. les cacher où?.. les nourrir comment?.. celà ne passe pas inapperçu...
Restait donc la solution d'informer Londres par radio comme c'était le cas pour tous les mouvements de rames, y compris pour les déplacements d'engagés LVF.
A la question initiale de lebel:
"Pourrait on m'en dire plus sur le role des cheminots de la SNCF dans la Resistance ?"
Je puis répondre qu'ici, à Toulouse, le groupe "Matabiau" comprenant des résistants opérant dans les gares, sur les voies et aussi dans les services postaux fût très actif, et paya le prix lourd de multiples sacrifices.
J'ai connu pas mal de ces hommes et femmes-là et j'ai recueilli beaucoup de témoignages, notamment sur les astuces techniques de sabotage des locos de tous types.
Notez que je souris à la lecture de l'article de l'AHICF:
VI - Le développement de la résistance des cheminots,1943-1944
Certaines pratiques de sabotage semblent alors plus le fait de cheminots, telle l'introduction de sable ou de graviers dans les boîtes d'essieux, ici contre des rames militaires allemandes, la coupure des accouplements de frein, ou le sabotage en ateliers de véhicules destinés à la Reichsbahn.
Le coup du sable et de la limaille dans la graisse et autres traficotages grossiers ne firent pas "long feu"!...
Mais les récits de l'AHICF sont par ailleurs, excellents!
Allez, peut-être y aura t'il une suite sur le sabotage des convois militaires?...
Bonne soirée à tous...
Très cordialement
Roger