Chef Chaudart a écrit: Selon Y B, le 21 juin, Kesselring arrive en Afrique afin de coordonner l'attaque de Malte. Il a une entrevue orageuse avec Rommel. Ce dernier envoi un envoyé personnel au Führer et une lettre à Mussolini. Le Führer convainc ensuite le Duce.
Les évènements semblent postérieurs à ceux que vous décrivez...
Qui a raison? A creuser...
Sur ce point je suis assez sûr de moi, vu que les documents et les dates parlent d'elles-mêmes. Pour faire simple (ce n'est pas le sujet principal) :
La question de l'attaque de Malte ne se joue pas fin juin mais en mars-avril 42.
En effet, le plan arrêté progressivement en mars :
d'abord Malte puis Tobrouk (décision arrachée à Hitler par Raeder mi-février 42 et entérinée lors d'une réunion italo-allemande à Catane le 12 mars).
en ce qui concerne l'action contre Malte, il s'agit d'abord d'une "neutralisation" aérienne, un assaut amphibie n'étant envisagé pâr Hitler qu'en cas d'échec (ce quie st contradictoire vu qu'un assaut amphibie sans supériorité aérienne...).
Mais Kesselring, qui s'est rendu compte du problème, va pousser Berlin à accepter une attaque de Malte après l'offensive aérienne (hypothèse validée le 17 mars avec les italiens, puis présentée à Hitler le 20 mars, qui accepte).
Donc le 20 mars 1942, le plan est le suivant :
- attaque aérienne puis amphibie de Malte puis attaque de Tobrouk.
C'est validé le 21 mars 42 avec les italiens qui re-lancent alors les études pour l'attaque (avec des promesses allemandes de matériel et de Paras).
Or, la pression aérienne de la Luftwaffe sur Malte est progressivement montée (avec des pauses dues à la Météo) dès février 42. Donc Kesselring (et Loerzer) ont lancé les opérations sans avoir validé les objectifs.
et cette offensive aérienne va porter ses fruits dès le 10 avril !
à ce moment-là, rien n'est prêt pour une attaque...
Et c'est ce que constatent les chefs italo-allemands les 29-30 avril.
Après, Malte est trop renforcée, les Alliés y ont la maîtrise des airs et ne la perdront plus, et l'Axe a perdu trop d'avions à Gazala (et en Russie) pour imaginer pouvoir reprendre une attaque contre Malte en juin 42. Après août 42, la mauvaise saison arrive en Méditerranée. Enfin, les allemands n'ont pas tenu leurs promesses de matériels et de carburants pour les navires italiens (demandes jugées exhorbitantes, chacun se renvoyant la balle avec une mauvaise foi partagée).
Donc non, ce n'est pas fin juin 42 que cela se joue mais fin avril 42. Fin juin 42, Rommel a pris Tobrouk malgré des pertes énormes et un délai très long (la bataille de Gazala devait durer deux jours....), et il s'élance vers l'Egypte à la poursuite d'Alliés en pleine déconfiture morale et matérielle...
à quoi bon attaquer Malte alors qu'on peut prendre Alexandrie ?
Il aurait fallu un dose importante d'irrationnalité pour arrêter Rommel alors qu'il n'a plus rien face à lui, pour transférer l'effort en Sicile et repartir sur deux mois d'offensive aérienne avant de pouvoir lancer une hypothétique attaque amphibie.
ce n'est que mon avis, mais les dates et faits sont eux incontestables.
J'ai pas compris: cela va dans le sens de ce que dit Buffetaut, il me semble?
Non, pas exactement, car la décision est prise par les plus hautes autorités de Berlin ET de Rome, et il est un peu facile de faire porter "le chapeau" à Rommel, qui n'a fait que défendre son opération, plus rapide à lancer que celle contre Malte.
La thèse de Mr Buffetaut n'est que la reprise des thèses de Liddell hart, Kesselring, etc... Mais ne me paraît pas fondée si l'on prend la peine de creuser les archives.
CM