François Delpla a écrit: il est fort discutable que Pétain soit d'extrême droite. Même s'il admire Salazar et a du gouvernement une conception toute militaire, ce n'est précisément pas un politique, ni un doctrinaire, mais bien un magouilleur qui s'efforce de dire ce que Hitler, croit-il, a envie d'entendre. A Montoire par exemple cela crève les yeux.
Je suis tout à fait en phase et je complète le tableau en remarquant que le Maréchal est un surdoué dans l'art de "faire comprendre" les choses, sans presque rien faire.
Je m'explique, PETAIN est d'abord un passif, il se laisse porter par les évènements. En 1940, pas de coup d'Etat (contrairement à l'acte d'accusation de 1945) mais au contraire REYNAUD qui vient chercher la vieille gloire en la pensant utile à sa cause. Nombre d'interlocuteurs de PETAIN étaient certains de comprendre sa "pensée intime", qui bien entendu n'était pas clairement exposée. Impossible, avec les oreilles allemandes partout diront plus tard ses avocats. C'est bien pratique comme excuse. De 1940 à 1944, nombre de ses interlocuteurs, plus ou moins trompés (à se demander pour certains s'ils avaient un minimum de claivoyance) se sont retrouvés lâchés par le Maréchal, comme LOUSTAUNAU-LACAU. Beaucoup de ministres intervenaient au nom de PETAIN, de la Révolution Nationale etc. Il est parfois difficile de bien retrouver en amont la référence précise d'une décision de PETAIN. Par la suite PETAIN suivait ou ne suivait pas, en fonction des circonstances. Pour finir on se retrouve, si nous recherchons ses écrits ou ses propos confirmés, devant .... bien peu de choses à part les discours, écrits pour lui. L'attitude de PETAIN me semble également conduite par une grande lassitude (qui conduit à composer en permanence avec les contraintes du moment), des relents d'un passé très conservateur (DREYFUS, c'est son époque mature, pas sa jeunesse !) et une volonté farouche de dûrer coûte que coûte, un entêtement de vieux. Tout ceci n'est pas à la hauteur des enjeux.
Je serais tout de même tenté de penser que PETAIN restait anti-allemand et vaguement "résistant" quelque part dans les méandres d'une pensée qui flotte. A l'appui je peux au moins avancer le financement des activités de DUNGLER dès 1940. Il ne faudrait pas y voir un double jeu, à l'envers.
J'exprime ici plus un sentiment qu'une démonstration étayée, mais il est possible de reprendre point par point.