François Delpla a écrit:tietie007 a écrit:
Mouais, enfin 10 coups d'avance, c'est vous qui le dîtes ...à la fin, c'est bien Adolf qui s'est fait enfler ... Etant un joueur d'échecs de compétition, je dois dire que c'est plutôt à la fin de la partie, qu'on tire les conclusions. De plus, la prévision, surtout en politique, s'avère un exercice difficile et je ne pense pas, au vu de la fin de la guerre, que Hitler ait eu des dons divinatoires puisque le Führer aurait certainement préféré une autre fin.
Cette thèse d' un Hitler omniscient et manipulant tout le monde est la vôtre, François Delpla, comme d'autres voient dans le Führer une marionnette aux mains du grand capital allemand et apatride ...
méchant, disais-je, mais intéressant.
Pour vous c'est tout ou rien. Mon "omniscient", vous l'inventez, mon "tout le monde" aussi. Quant à me trouver des parents, comme par hasard ce sont les tenants du Hitler instrument de Krupp (une thèse que je pourfends nuit et jour), plutôt que ceux de son inféodation aux chamans de la société de Thulé (que je ne dénigre pas moins). Qui veut noyer son chien...
Vous avez l'air de considérer qu'un bon joueur d'échecs, cela ne peut pas perdre. Puisque vous l'êtes, sans doute gagnez-vous toujours, dans ce cas bravo, mais ne le prenez pas pour une généralité !
Pour vous Hitler est en tous domaines soit un as, soit une brute à la vue courte, et rien entre. Du moins peut-on le déduire de ce post.
Ce que je dis pour ma part, et vous devriez commencer à le savoir, c'est qu'il met les autres puissances très près d'un échec et mat en MAI 1940 (précisément parce qu'on ne sait pas qu'il joue, son talent principal étant de dissimuler son talent sous des vociférations simplistes et des hésitations perpétuelles), que sa seule erreur de calcul (il ne croyait ni trouver Churchill sur sa route, ni qu'il pourrait, dans ce cas, l'arrêter) crée dans la partie un long moment d'équilibre, et que jusque au bout il vend chèrement le moindre pion.
1°)
Hitler omniscient, car vous soulignez qu'il voyait 10 coups à l'avance, ce qui, en soi, n'est que pure spéculation. Si l'homme a quelques traits de génie, pour un autodidacte, comme sa bonne appréhension de la réhabilitation de la manoeuvre, sur le champ de bataille, si le personnage, avait pris la mesure des élites franco-anglaises au pouvoir, force est de constater qu'il s'est trompé gravement sur sa certitude d'amener les anglais à la table de négociation, erreur d'appréciation qui a précipité la guerre à l'Est.
Je ne parle pas de sa totale sous-estimation du potentiel de l'URSS et des USA, qui a frisé le grotesque. Mais ici, le
Führer n'est pas le seul coupable, puisque les chefs de l'OKH pensaient, eux-aussi, que la campagne à l'Est serait une promenade de santé.
2°) Vous faites dans le manichéisme,
François Delpla, et
Hitler n'est ni un génie, ni une brute épaisse à la courte vue. Prendre le pouvoir en partant de nulle part, en Allemagne, est une destinée assez incroyable et traduit de grandes capacités politiques chez
Adolph. Mais la guerre était au coeur du projet hitlérien, ce qui ne pouvait aboutir qu'à une impasse.
3°) La victoire sur la France est presque un échec et mat, mais comme dirait le grand joueur franco-polonais,
Xavier Tartakover, "
On n'a jamais gagné une partie en abandonnant !" Et
Churchill n'a pas abandonné la partie, il s'est accroché dans une position très inférieure, laissant passer l'ouragan aérien pour mieux rebondir par la suite.
D'ailleurs, j'ai souvent dit, sur ce forum, que l'image de
Hitler, joueur de poker, comme l'avait qualifié
Ciano, était beaucoup plus pertinente. Plus qu'un calcul rationnel, les décisions d'
Hitler sont plutôt des intuitions foudroyantes. Son adhésion au
Plan Jaune modifié par
Manstein en sera l'illustration, mais surtout sa conversion, pleine de célérité, à l'option soviétique, dès la chute de la France, alors que je suis persuadé qu'avec un peu plus de retenue et de réflexion, une autre stratégie aurait été possible, plus périphérique. Car je reste persuadé que
Staline n'aurait jamais attaqué
Hitler, en 1942 ou 1943.
4°) Par contre, le pacte germano-soviétique fut un coup de maître, une décision, ici, très réflechie. Mais
Hitler n'a pas compris que
Staline le craignait et qu'il était tranquille à l'Est pour un bout de temps !